15 / 20
27/03/2022
Abracamacabra
DI'AUL
 
DI’AUL est un quartette italien, plus précisément lombard, qui se fait fort de pratiquer un Stoner Doom Metal teinté de Sludge. Formé en 2010, il a produit trois albums, deux EP et un split avec les excellents MOS GENERATOR. En 2018, nous avions émis un avis mitigé sur le second album, baptisé Nobody’s Heaven (cliquez ici), relevant des bases instrumentales solides, une bonne construction dramatique, mais une trop grande linéarité générale. Avec son troisième album Abracamacabra, les quatre compères n’abandonnent rien de leur projet initial mais témoignent d’une capacité à varier davantage le propos.

Les rythmiques pesantes, les riffs épais et crépitants, les solos de guitares saturés, les tempos lents, le chant guttural et caverneux dominent encore et toujours les débats, avec un savoir-faire qu’il faut souligner. On sent que le groupe ne plaisante pas : tout ce dispositif est déployé pour représenter non pas une sorte de mur défensif mais bien une menace rampante, carrément porteuse d’une brutalité frontale. Aucune ambigüité quant aux objectifs, pas plus que quant aux moyens déployés : DI’AUL est là pour vous angoisser, pour vous écraser, pour vous laminer. Bien que crasseux et bitumineux, la basse et la guitare n’en conservent pas moins un détour suffisamment dynamique et dessiné pour éviter cet effet trop facile et trop usité du mur du son infranchissable certes, mais lassant à la force. Déjà efficace sur les formats courts, le procédé devient carrément impressionnant sur The Quiet qui franchit les 7’30, sur le titre éponyme (8,19, joli bestiau) et enfin sur Time Of No Return (culminant à 8’49, gagnant de la foire !). Histoire d’aérer quelque peu sa démarche pachydermique, le groupe a l’intelligence de ménager des plages plus apaisées – à défaut d’être sereines ! -, de préserver une progression dramatique allant de séquence en séquence. En clôture d’album, l’imposant Time Of No Return est bâti autour d’une alternance de passages relativement apaisés (enfin, on pourrait davantage parler d’un apaisement divagatoire, sous emprise alcoolique) et de poussées intenses et suffocantes.
De manière salutaire, le groupe échappe à son tropisme lourd, épais et lent à une reprise, avec le morceau le plus bref de l’album (un peu plus de trois minutes), La Notte di Valpurga, au tempo enlevé, à la rythmique sauvage et ravageuse.

En somme, DI’AUL se montre toujours aussi pesant, crasseux, hostile et puissant, mais sait faire montre d’une certaine diversité et d’un sens de l’accroche rythmique appréciable (excellent mixage, soit dit en passant). A ce stade, DI’AUL peut prétendre s’attirer l’attention des fans de Doom classique (SAINT VITUS, THE OBSESSED, PENTAGRAM), mais également des accrocs au Stoner Doom à la CATHEDRAL, ELECTRIC WIZARD, ACID KING. Sachant que les porteurs de salopettes typiques du Sludge Doom, se revendiquant notamment de CROWBAR, sont les bienvenus dans l’asile psychiatrique.

Vidéos de Thou Crawl cliquez ici et de Abracamacabra cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 27 mars 2022