16 / 20
03/04/2022
Crypt of doom
GREEN HOG BAND
 
Après une courte introduction atmosphérique un brin malsaine, quel plaisir d’entendre résonner un riff de doom aussi écrasant ! Mon premier contact avec GREEN HOG BAND a donc été le single Dragon qui ouvre l’album Crypt Of Doom. Vous me direz, des groupes qui veulent riffer comme Tony IOMMI, tu secoues un arbre et il en tombe dix. Certes, sauf que la bonne surprise ne s’arrête pas à cela. Voilà qu’Ivan se met à chanter en russe et avec une voix gutturale aussi basse que le barrissement d’un éléphant fouisseur. Ainsi, je me retrouve en train d’écouter une sorte de BLACK SABBATH extrême : lent, fuzzy et accordé au ras du plancher (ou au ras du sol puisque le groupe s’accorde en C standard).

Petite explication relative au chant en russe : Mike et Ivan ont grandi en URSS et ont collaboré au sein d’un autre groupe. En 2012, ils s’installent définitivement à Brooklyn (NY) et en 2019 ils fondent avec Ronan le GREEN HOG BAND dans sa forme actuelle, que je traduirais très approximativement par « Groupe du gros cochon vert* ». (Lire la note en bas de page.)

J’arrive au second morceau, Iron Horses, et je me rends compte que pour équilibrer l’hyper-saturation de la guitare, le son de la basse est plutôt clair, ce qui donne de la tenue aux parties instrumentales et évite de sombrer dans la bouillie sonore.

La troisième plage est le morceau-titre, Crypt Of Doom. Là, sur un tempo lent et un riff hypnotique, une cérémonie de magie noire donne naissance à une créature qui sera lancée à mes trousses. À en croire la traduction anglaise des paroles, ce thème est récurrent dans l’œuvre de GREEN HOG BAND. En effet, la plume de Mike fait souvent sortir des bestioles des profondeurs ou nous raconte des histoires étranges à tendance maléfique.

Heavier Than Mercury apporte une brique supplémentaire aux compétences du Gros cochon pas mûr : le voyage psychédélique. Les gars sont à l’aise dans ce genre et nous offrent là un très sympathique instrumental.

Oh my God ! ou plutôt, Боже мой ! Je me surprends soudain à comprendre le russe… jusqu’à ce que je réalise que Sweet Tea, Banana Bread est chanté en anglais. Quoiqu’il en soit, ce titre complète lui aussi les habiletés du trio, cette fois-ci sur le volet blues rock, toujours heavy mais un peu moins doom.

La respiration est de courte durée car avec Leviathan, GHB replonge tête la première dans les abysses sabbathiens pour en ressortir avec la Bête de la Mer, celle-là même qui a son quart d’heure de gloire dans l’Apocalypse. Superbe morceau en tout cas.

Un dernier instrumental pour la route ? Avec ses bruitages de tronçonneuse (que j’avais prise pour une mobylette à la première écoute – mais bon, un moteur deux temps reste un moteur deux temps) voici le bon gros riff de New Year Massacre.

L’album s’achève par The Day After, l’un de mes titres préféré, excellente synthèse de ce que savent faire les Porcs bio : un stoner doom, sur une base de blues, agrémenté de psychédélisme. Le compte est bon, tout y est.

Les compos de GREEN HOG BAND ne révolutionnent pas le monde du heavy rock, cependant sur la forme, il parvient à créer un son à la fois écrasant et très lisible. Crypt Of Doom est un album susceptible de ravir tout public en quête d’un des stoners les plus puissant, grave et lourd du moment.

***


GREEN HOG BAND est composé de :
- Ivan ANTIPOV, chant et basse ;
- Mike VIVISECTOR, guitares ;
- Ronan BERRY, batterie.

***


Extrait de Crypt Of Doom (sortie de l’album le 1er mai 2022) :
- Dragon : Cliquez ici !

***


* Le Groupe du gros cochon vert : À l’école, le prof d’anglais vous enseigne que cochon se dit « pig ». C’est souvent vrai, sauf qu’en Amérique c’est soit « pig », soit « hog » - ça dépend. Et ça dépend de quoi ? Mauvaise question. Ça dépend plutôt de qui. Pour le fermier, hog et pig sont des animaux différents, le pig a des pattes plus courtes que le hog et un groin cartilagineux contre un groin flasque pour le hog. Pour le boucher, hog et pig ne font pas le même poids (plus de 120 livres c’est hog, moins de 120 c’est pig). Pour le zoologiste hog et pig n’ont pas le même niveau de domestication, le hog est un pig domestiqué. Si vous ne savez pas à qui vous parlez, utilisez plutôt le mot « swine » car pig et hog sont des swines.

Vous avez compris la différence entre pig et hog ? Parfait, vous pouvez tout oublier car dans GREEN HOG BAND, hog est pris au sens figuré : le Groupe de la grosse bécane verte. Héhéhé !
Là vous y êtes presque car dans le monde du stoner, ce que l’on appelle « la verte » c’est la marijuana et donc au final GHB c’est le Groupe de l’Herbe et de la Bécane, ce qui sonne un peu plus rock que la Bande du gros cochon vert, non ?
Pumpkin-T
Date de publication : dimanche 3 avril 2022