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05/04/2022
Dark odyssey
LUX INCERTA
 
LUX INCERTA s’est formé en 2000 en Île-de-France et Dark Odyssey est son deuxième album. Stop ! Vingt-deux ans d’existence et seulement deux albums, dont le premier, A Decade Of Dusk remonte tout de même à 2011. Onze ans pour sortir un premier opus, onze autres années pour accoucher du second : WTF ?! Un trip expérimental autour du chiffre onze ? L’explication s’avère évidemment beaucoup plus prosaïque, puisque deux membres essentiels du groupe ont été fortement accaparés par leurs activités au sein de leurs formations respectives : le guitariste Arkham au sein de THE OLD DEAD TREE et le chanteur Agone chez PENUMBRA. Notez bien que ce délai me convient bien à titre personnel. Privilège de l’âge, j’ai assisté en direct dans les années 90 à l’émergence du Doom Death Metal, puis à son hybridation rapide et proliférante avec le Rock gothique. J’adhérais complètement à ce crossover fécond, jusqu’à être victime d’un phénomène de rejet, dû à la saturation de ce qui devint rapidement une formule par trop systématique, voire opportuniste.

Les décennies ayant joué leur rôle pacificateur, c’est avec une curiosité bienveillante que je découvre Dark Odyssey, un album qui met en œuvre tous les codes des trois genres. Référence dominante, le Doom Metal impose ses tempos plutôt ralentis (quoique très pertinemment animés par un jeu de batterie diversifié et mobile), ses guitares tourmentées et mélodiques, ses ambiances sombres et son lourd fatalisme global. Du Death Metal, le groupe s’accapare quelques passages vocaux caverneux et gutturaux – bien maîtrisés et porteuses de férocité – et quelques lourdes accélérations rythmiques (double grosse caisse à l’appui). Le Rock gothique marque principalement son empreinte via le chant médium et clair, hésitant entre douleur rentrée et laconisme en registre à cheval entre medium et grave. Le tout clairement articulé, modulé.

A chaque instant, on réalise le travail pointilleux d’écriture et d’arrangement, on ressent profondément l’interprétation certes toute en maîtrise, néanmoins porteuse d’un sentiment qui débute à la mélancolie pour ne jamais excéder les limites de la morbidité. Soit un traitement esthétique de la conscience de la mort. D’ailleurs, le groupe s’estime – à juste titre - tellement en maîtrise qu’il ouvre le bal avec une pièce maîtresse, Far Beyond The Black Skies, dont la durée excède le quart d’heure ! Parmi les six autres morceaux, seuls deux affichent des durées standards : Shervine (3’37) et The Ritual (5’22). Pour le reste, comptez entre plus de sept et plus de neuf minutes. De tels formats permettent forcément au groupe d’agencer des séquences multiples au sein d’un même titre, de générer des ambiances variées (entre gris clair et noir d’encre).

De fait, LUX INCERTA se montre redoutable quand il s’agit de mettre en branle la puissance frontale du Death Metal, avec double grosse caisse et chant caverneux. Cela dit, s’ensuivront toujours des plages plus douces, avec des guitares limpides, un chant clair, des arrangements pertinents (cordes, orgue, piano). Le tout magnifiquement produit et mixé.

Il n’y a rien là de révolutionnaire en matière de Doom Death gothique, mais on ne peut que s’incliner devant la maîtrise dans l’exécution, devant l’expressivité de ce Metal au noir. Retour gagnant donc.

Vidéo de Dying Sun cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 5 avril 2022