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14/05/2022
Ziusudra
SUNSTARE
 
Je suis dans mon salon avec en tête toutes les charges du quotidien. Je m’installe et lance Ziusudra en découvrant l’album en même temps que son intéressante plaquette de présentation. Le premier morceau instrumental aura suffi pour me faire quitter les tracas de la vie quotidienne et me faire basculer dans l’univers de SUNSTARE. Efficace.

En effet, l’instrumental Ziusudra m’embarque en douceur et s’avère être un excellent sas de transition pour changer de réalité. Les vibrations sont riches et primaires, un peu comme la plongée souterraine que m’avait fait expérimenter l’album éponyme de CAVERN DEEP. La batterie martèle lourdement, soutenue par une basse ronde et profonde et la guitare mélange des lignes claires et inquiétantes avec des murs de distorsion. Je suis conquis par l’intro.

Namlulu-Di-Kud / The Sentence me révèle les vocaux (majoritairement) growlés de Peb. À la base je ne suis pas totalement fan de chant guttural mais j’avoue qu’ici je le trouve en parfaite adéquation avec l’ambiance très sombre des mélodies. L’ensemble sonne finalement très CULT OF LUNA. Et d’ailleurs, du point de vue positionnement esthétique, certes SUNSTARE mélange comme annoncé du doom et du sludge, mais leur metal lorgne plus du côté d’un post-metal ou post-hardcore façon NEUROSIS (époque Souls At Zero) que d’un doom metal traditionnel. L’architecture des morceaux est basée sur une évolution rythmique de d’intensité qui débouche sur quelque pic de tension dramatique ou quelque dépression abyssale, à mille lieues de l’agencement standardisé couplet/refrain/solo… du metal classique.

Les tempos sont souvent pesants, comme les pieds de l’ermite englué dans les marais de la Nouvelle Orléans, tel est le côté sludge du groupe. Les riffs sont d’une sublime lourdeur, tel est son côté doom. Cependant, à aucun moment, vous n’êtes à l’abri d’un décrochage vers un passage dépouillé, autant de respirations habilement orchestrées pour ménager de magnifiques contrastes de puissances.

Ziusudra (immortel) est un chapitre du mythe d’Atrahasis, ce sage sumérien qui vécut mille vies, traversa le déluge d’avant le Déluge et gagne aujourd’hui sa mille et unième vie en percevant les royalties que lui versent les héritiers de Simon le Juste, auteur de l’Ancien testament qui a pompé son histoire en écrivant le mythe de Noé.
(Autant ma perception d’un album est tout à fait subjective, autant mon opinion sur les différents mythes religieux dans lesquels nous macérons l’est aussi, hein.)

Dans un espace sonore extrêmement bien modelé, les variations écrasantes ou angoissantes s’enchaînent durant presque trois quarts d’heure sans que je sente le temps s’écouler. Les compositions sont solides, vraiment mises en valeur par la production et sont comme imbriquées les unes aux autres. À ce propos, j’avertis solennellement les profanateurs qui envisageraient d’écouter Ziusudra en mode de lecture aléatoire qu’ils seront victimes d’une malédiction venue du fond des âges et que leurs cheveux pousseront vers l’intérieur du crâne ou que leur langue tombera en poussière - au choix.

Pour les fans de NEUROSIS, CULT OF LUNA, EYEHATEGOD, MEMBRANE et cetera, ce troisième méfait des lillois de SUNSTARE est essentiel. Pour les autres, il s’agit d’une saisissante expérience à tenter.

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SUNSTARE est composé de :
- Peb, chant ;
- Tom, basse ;
- Vincent, guitare ;
- Antoine, batterie ;
- Guillaume, sound design.

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Avant d’acheter, vous pouvez écouter l’album en streaming :
- Ziusudra : Cliquez ici !
Pumpkin-T
Date de publication : samedi 14 mai 2022