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15/11/2022
Templo mayor
TEMPLITT
 
Originaire du Haut-Doubs, ce quartette propose un premier album autoproduit, qui s’apparente à une vaste fiesta d’influences, un peu comme une sorte de paella dans laquelle de très nombreux ingrédients auraient été mijotés. Le groupe affiche l’étiquette Rock Fusion, qui paraît effectivement la seule susceptible d’accueillir un tel patchwork.

Cela dit, si le groupe se contente de l’appellation fort générique Rock, sur le plan instrumental, on ne peut que constater les riffs crépitants et lourds de Jo BULLE PIOUROT, les lignes de basse métalliques et tendues prodiguées par Elie BULLE, la batterie de Renaud WIDMER, à la frappe sèche et au jeu évolutif, on ne peut résister à l’envie d’introduire la dimension Metal. Un Metal qui certes refuse les clichés, qui groove sévèrement, mais qui encore et toujours se veut fort à l’impact, rythmiquement impérieux, tamponnant l’auditeur de par sa puissance. Sans atteindre l’approche foudroyante d’un SYSTEM OF A DOWN, le trio instrumental sait se montrer adaptatif, variant fréquemment les rythmes, les tempos, les ambiances, sans pour autant perdre de vue que l’efficacité passe notamment par l’instauration de repères.

Quant au chant de Vincent DEMOULIN, s’il demeure toujours clair et très articulé, il n’en propose pas moins une honnête variété d’expressions, au service de textes ultra-sincères, bruts de décoffrage, voire carrément sur le fil (Homme Môme parlera à tous les garçons devenus adultes branlants, après un drame, tandis que Miroir pourrait aboutir à de nombreux bris de verre sans tain rageurs). Mon seul regret : que ce chanteur qui a des choses à dire n’ait pas pleinement opté pour des textes en français, la prose en anglais souffrant d’un accent perfectible. Et puis, il semblerait que notre homme ait des choses vibrantes à exprimer dans sa langue… On notera que le chanteur sait troquer le chant Rock énervé pour adopter un phrasé Rap pas ridicule du tout.

Plus que certaines imperfections dans l’écriture et la composition, l’ennemi principal de cet album réside dans le son ; brut, rêche et sec, il privilégie une approche directe et sans fioritures. Pour autant, l’absence d’épaisseur ôte pas mal de puissance, rogne quelque peu le groove et a tendance à gommer les contrastes dynamiques, pourtant primordiaux dans une démarche Fusion. Cela dit, il ne faut pas que ces imperfections objectives détournent TEMPLITT de son ambition palpable de dynamiter à nouveau (comme dans les années 90) les catégories trop bien établies, tout en injectant dans cette puissante Fusion des textes à fleur de peau, terriblement sincères. Personnellement, je doute vraiment que TEMPLITT se lève sans envie, ait la tête remplie de doute, soit en manque de confiance, plus rien à foutre (paraphrases tirées de Homme Môme). Reste à consolider la cicatrice…

A ce stade, TEMPLITT ne saurait prétendre détrôner les précurseurs francophones MASS HYSTERIA ou NO ONE IS INNOCENT. Par contre, il peut sans honte approfondir un projet vivace et honnête : encouragements du jury !

Vidéos de Dance For Me cliquez ici et de Homme Môme cliquez ici
Alain
Date de publication : mardi 15 novembre 2022