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16/02/2023
L'orchaostre
WUW
 
Doom, Black, Progressive, Drone, Ambient, Post-rock, Post-metal, Classique… une panoplie d’étiquettes peut être apposée sur la musique de WUW, chacune comportant une part de vérité et chacune étant bien loin du compte. Ma définition de L’Orchaostre est celle d’un metal instrumental capable de vous catapulter hors de l’espace et du temps (comme pourrait le faire un Echoes de PINK FLOYD croisé avec un Jack Luminous de VOÏVOD). Débrouille-toi avec ça.

Les frères COLIN nous délivrent un album magique dont vous êtes le scénariste. En effet, tout est mis en œuvre pour qu’aucune signification ne vous soit imposée de l’extérieur, depuis la belle couverture froide et géométrique de Brian COUGAR, l’absence de paroles, le logo presque aussi anonyme que celui d'ANATOMY OF HABIT, jusqu’aux mouvements simplement numérotés d’Orchaostre 1 à Orchaostre 5, alors que le terme d’orchaostre lui-même ne renvoie à rien d’autre qu’à un orchestre avec en son centre le chaos, concept ouvert s’il en est. Un seul mot d’ordre donc, rien ne doit parasiter l’imagination afin que chacun se sente libre de puiser ses propres images dans la musique.

Ce troisième album après Rien Ne Nous Sera Épargné (2018) et Rétablir l’Éternité (2020) continue l’expérimentation sonore. Dès ma première écoute, je suis frappé par les multiples couches d’instrumentation et de polyphonies qui alternent ou se superposent. Il y a d’une part une ambiance sonore faite de bourdons (drones, en anglais), nappes de synthés, ou écume du crépitement des cordes, d’autre part des constructions concrètes faites de riffs lourds, d’ostinatos hypnotiques et de rythmiques structurantes souvent lentes et massives qui facilitent l’accès à la musique. Enfin, émergent ou rampent de manière éparse des mélodies pour la plupart chargées de nostalgie ou d’un inquiétant mystère.

Peut-être mon oreille est-elle habituée à un certain degré d’extravagance sonore mais je ne trouve finalement pas que le chaos soit l’élément central des cinq mouvements. Il me semble au contraire que les compositions sont très lisibles malgré leur architecture complexe - ce qui fait d’ailleurs toute la beauté de cet album et sa grande force immersive. Plus précisément, le chaos pointe malgré tout le bout de son nez grâce à de subtiles moyens : quelques accords dissonants, de légères perturbations rythmiques, des bruits parasites bien dosés et jamais rien qui n’écorche l’oreille.

Pendant quarante et une minutes L’Orchaostre m’a tout simplement envoûté, inspirant nombre d’images et d’émotions dans un ensemble très cohérent. Si la musique de WUW possède un indéniable aspect cinématographique, la bande son de cet album serait tout indiquée pour un film sombre et intimiste, disons, un drame humain dans une dystopie futuriste.

Je crois qu’il n’existe pas un public ciblé en termes de genres à qui recommander cette œuvre, chacun de nous est susceptible de l’apprécier. Personnellement, j’adore et je me permets de conclure par cette exclamation triviale : WUW… c’est wow !

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WUW est composé de :
- Benjamin COLIN, batterie, claviers, prise de son ;
- Guillaume COLIN, guitare, basse claviers.

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Extrait de L’Orchaostre :
- Orchaostre 2 : Cliquez ici !
- Orchaostre 5 : Cliquez ici !

Pumpkin-T
Date de publication : jeudi 16 février 2023