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11/03/2023
Trove of oddities at the devil's driveway
WITCHTHROAT SERPENT
 
Le quatrième album long de WITCHTHROAT SERPENT n’est pas un album à glisser dans toutes les oreilles tant il incarne un stoner/doom extrême – extrême dans la pesanteur de la rythmique, dans l’occulte noirceur des ambiances, dans l’utilisation des bourdons sonores et du fuzz.

Fondé en 2011, le groupe a déjà derrière lui trois LP Witchthroat Serpent (2014), Sang-dragon (2016), Swallow the Venom (2018), un EP, Striped Dragon (2017) et un superbe split avec DEAD WITCHES intitulé Doom Sessions Vol. 666 (2021). Au fil de ces projets, les toulousains ont affûté leur esthétique pour aboutir aujourd’hui à la quintessence de leur démarche, une quête pour capturer l’angoisse.

Le premier riff de l’album donne l’impression d’être sculpté à l’intérieur d’une vibration qui entre en résonnance. Cette introduction à Multi-Dimensional Marvelous Throne (M-DMT) nous connecte à la nature profondément organique du son de l’album. Quel plaisir de découvrir ce mixage direct, sans filtre aucun et pourtant si bien équilibré qui nous est offert par le studio analogique Kerwax (Loguivy-Plougras en Bretagne). Les riffs sont délicieusement lourds, la mélodie vocale est une lamentation claire qui contraste avec le crépitement glauque des guitares. Je suis instantanément conquis.

Nosferatu’s Mastery laisse perdurer l’ambiance du titre d’ouverture et, après un début relativement conventionnel, rajoute encore de la noirceur et du mystère grâce à un excellent effet de déphasage harmonique des deux guitares à partir de 5’30 qui débouche sur un final génial.

S’ensuit, The Gorgon, un instrumental ambient qui entremêle d’étranges nappes de Mellotron à des guitares déchiquetées, et des chœurs démoniaques pour générer une atmosphère qui me rappelle, dans l’intention, le célèbre E5150 de BLACK SABBATH sur Mob Rules. Si vous voulez mon avis : un titre à vendre à Netflix pour une prochaine saison de The Haunting !

Les références cinématographiques continuent avec des samples extraits de films d’horreur noyés dans le doom caverneux de The House That Dripped Blood (film de 1971 – La Maison Qui Tue). Si vous n’aviez pas encore fait le lien, cet album est un évident hommage aux films d’horreur. Une rythmique de plomb, des interventions de guitares bourdonnantes agrémentées de rares percées lumineuses, un chant clair comme une plainte infernale : ce titre vous choppe par les chevilles et vous tire irrémédiablement vers les bas-fonds de l’épouvante.

Tiens ? Le tempo s’accélère pour la première fois grâce à Yellow Nacre. N’espérez cependant pas plus d’oxygène. Disons que, tout bien pesé, nous arriverions à un niveau de légèreté proche d’un Psalm 9 de TROUBLE dans les deux dernières minutes… et encore, en étant indulgent.

Le morceau de clôture donne l’occasion à la basse de monter au filet puisqu’elle introduit le titre en solo, avant d’être rejointe par les autres instruments. Peu importe, elle s’accroche et charpentera tout le titre, appuyée par une batterie elle-même indéfectible. Mountain Temple In Bleakness est le morceau de fin par excellence, le morceau qui n’en finit plus de finir, dans une succession de larsens contrôlés, de tentatives de reprises avortées et de samples aux mélodies vaporeuses et angoissantes. Il fallait à cet album une conclusion telle que celle-ci et WITCHTHROAT SERPENT ne s’est pas défilé. Bravo !

J’étais resté sur les deux très bons titres de la Doom Sessions Vol. 666 et à partir de là, j’attendais fermement de voir ce que le WITCHTHROAT SERPENT aurait à nous offrir. J’avoue que le groupe comble tous mes espoirs et même davantage, comme s’ils avaient résolu leur équation esthétique en trouvant ce point d’équilibre entre la prise de risque et l’assurance de la maturité qui fait les très bons albums.

Si vous avez aimé MONOLORD, ACID MAMMOTH, ELECTRIC WIZARD ou CAVERN DEEP vous n’aurez aucun mal à vous retrouver dans l’univers de WITCHTHROAT SERPENT. Sinon, tentez quand même l’expérience car ici le côté obscur du doom ne manque pas de séduction.

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WITCHTHROAT SERPENT est composé de :
- Niko LASS, batterie ;
- Fredrik BOLZANN, guitare et chant ;
- Ügo GREIFENGEIER, basse et chœurs ;
- Djé, guitare.

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Extrait de Trove Of Oddities At The Devil's Driveway :
- The House That Dripped Blood : Cliquez ici !
Pumpkin-T
Date de publication : samedi 11 mars 2023