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01/04/2023
Legions
DESOLATE REALM
 
En 2021, nous avions remarqué les qualités prometteuses du premier album autoproduit de Heavy Doom, tel que pratiqué par un duo en provenance du gang de Death Metal DECAYING (relire : cliquez ici). Deux ans plus tard, il est temps de louer le sens de la continuité de ce projet, équitablement posé entre, d’une part, le Heavy Metal farouche, à la fois tranchant et épique, comparable aux débuts de SAVATAGE, d’autre part un Doom Metal lourd, raisonnablement lent et oppressant.

Ne nous y trompons pas, l’évocation du Doom Metal évoque des riffs massifs, là où DESOLATE REALM affectionne les riffs simples, tranchants et pesants, parfois plus détourés et musculeux que dans le strict périmètre Doom. De fait, DESOLATE REALM se plaît à injecter des tempos plus enlevés, sans jamais renoncer à des motifs rythmiques pesants et accrocheurs. On assiste même à de profitables accélérations qui concentrent tous les attributs de la charge des éléphants de l’armée d’Hannibal.

Adepte des formats relativement concis (entre quatre et six minutes), DESOLATE REALM s’offre une audace d’une durée de 8’41, via la composition Eternal Winter, parfaite représentation d’une structure évolutive, tantôt lente et lourde, tantôt plus alerte et affûtée, sorte de parfait équilibre entre Heavy Metal européen des années 80 et de Doom Metal épique de la même période. Impossible d’affecter définitivement DESOLATE REALM au seul royaume du Doom, au vu de certaines portions franchement rapides et nerveuses.

Le chant rauque ne permet pas de rivaliser avec les meilleurs vocalistes du Doom Metal épique, encore moins d’un certain Heavy Metal. Il n’empêche qu’il s’avère à la fois solide, varié et expressif, constituant de facto un élément distinctif essentiel dans le contexte de DESOLATE REALM, avec notamment quelques incursions aigües, dignes de SAVATAGE, MERCYFUL FATE et consorts. A l’arrivée, nous tenons à la fois un projet fidèle à une certaine conception du Heavy Metal des années 80 et à une réappropriation plus contemporaine, quoique jamais putassière.

Définitivement, ce projet ne saurait se résumer à un style – le Doom – et se présente comme un vecteur de réappropriation et de réinterprétation de postures anciennes. Le tout avec application et maîtrise.

Vidéo de Forsaken Ground : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 1 avril 2023