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06/05/2023
Voyage
TANITH
 
TANITH est un combo formé en 2017 par deux New Yorkais, à savoir la bassiste et chanteuse Cindy MAYNARD et le batteur Keith ROBINSON, renforcé à la guitare et au chant par le guitariste britannique Russ TIPPINS, connu pour ses prouesses au sein de SATAN, BLIND FURY, TYSONDOG, PARIAH.
Comme le révélait leur premier album, In Another Time, paru en 2019, le trio s’adonne à un Heavy Metal limpide, plutôt épique, mâtiné de Hard Rock mélodique et de quelques tendances progressives ; bref, le genre de mixture que l’on entendait dans la seconde partie des années 70 et, surtout, au début des années 80, notamment dans le cadre de la New Wave Of British Heavy Metal. De la décennie 70, TANITH semble retenir la clarté mélodique et nerveuse d’un UFO, les tournures Prog et épiques des débuts de RUSH, la limpidité mélodique de HEART ou de TRIUMPH (on songe aux premiers albums de ces deux combos). Par contre, pour le meilleur et le moins bon, le groupe se réapproprie le son aigre et faiblard, si typique des années 80 naissantes. Fort heureusement, de cette période charnière, TANITH retient des éléments autrement plus positifs. Au premier chef, on retient cette capacité à aller droit à l’essentiel, qu’il s’agisse de riffs nerveux, de solos de guitare absolument limpides, élégants et concis, de lignes de chant – dans un registre clair, médium, parfaitement articulé et porteur d’amples variations émotionnelles – qui semblent couler de source.

Il est indéniable que les deux atouts principaux de TANITH résident dans les capacités d’interprétation respectives de la chanteuse Cindy MAYNARD et du guitariste Russ TIPPINS. Même s’il n’est pas ridicule, le chant clair et posé de ce dernier vaut avant tout pour sa complémentarité avec la palette ô combien plus subtile, chaude et variée de sa collègue. Il faut bien avouer que l’extrême pertinence vocale de la chanteuse emporte amplement l’adhésion, tandis que, sans s’avérer déficient au micro, Russ TIPPINS assure des lignes claires et nerveuses, modulées juste ce qu’il faut pour ne pas sonner de manière linéaire. Par ailleurs, notre bretteur britannique étincelle à la guitare, se répartissant idéalement entre la sécheresse rythmique de petits riffs, souvent teigneux, parfois plus légers, et volubilité mélodique dans les solos, les harmonies, les plans jumeaux (qui évoquent forcément SATAN, en plus pondéré), les passages en son clair.

Ceci dit, il ne faudrait pas croire que TANITH n’est qu’une de ces formations qui pullulent, avec pour unique visée de singer les styles d’antan. Certes, TANITH ne saurait prétendre réinventer le Hard & Heavy d’antan, mais il peut se prévaloir d’avoir convoqué suffisamment d’influences différentes dans un répertoire varié mais cohérent. Au final, cet album m’évoque l’esprit de formations porteuses de mélodies, d’un souffle épique, de tournures proto-Prog et capables d’un certain mordant, à l’instar des Américains d’ASHBURY et des Britanniques de WITCHFYNDE et de PAGAN ALTAR. Avec toutefois cet avantage tout à fait particulier que constitue le binôme féminin-masculin au chant. Si, récemment, vous avez apprécié SPELL (cliquez ici), PHANTOM SPELL (cliquez ici), LYNX (cliquez ici) ou FORTRESS (cliquez ici), il est plus que probable que vous apprécierez cet opus de TANITH, dont le principal défaut réside dans un son trop peu puissant : choix assumé (et donc passéiste) ou manque de moyens, cela demeure un handicap, surtout au vu de la qualité du répertoire et des interprétations.

Vidéo de Snow Tiger : cliquez ici
Alain
Date de publication : samedi 6 mai 2023