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10/12/2023
Sanji
VANTRE
 
Soyons clairs, il sort tellement d’albums de nos jours que si je me mettais à chroniquer chaque single édité, j’y passerais mes nuits sans même pouvoir mettre en lumière un pourcent de l’avalanche quotidienne de titres. Ceci étant dit, une fois n’étant pas coutume, pour me faire pardonner de n’avoir pu trouver le temps de vous parler du troisième volume de Treehopper (Les 2 premiers volumes sont chroniqués ici !) mais surtout, parce que ce single est une dinguerie, je m’assieds sur mes principes et vais braquer un projo sur Sanji, simple single, pas si simple que ça.

Quand j’entends parler de groupes sortant des sentiers battus, je pense tout de suite à VANTRE. Dans sa forme déjà, le trio instrumental n’est pas commun puisque composé d’une batterie et de deux basses. En ce qui concerne leur inspiration, là encore nous avons affaire à des originaux. VANTRE est le seul groupe du monde à avoir sorti un album en trois volets consacré à la cicadelle (Treehopper, en anglais). Quant à l’histoire de Sanji qui nous préoccupe aujourd’hui, il s’agit d’une anecdote indienne à propos d’un cas de fœtus in foetu - c’est-à-dire un embryon qui ne se développe pas à côté de son jumeau mais à l’intérieur de celui-ci (une naissance sur cinq cents mille, paraît-il. Ça fout les jetons.)

Concentrons-nous sur la musique. Là aussi, ce n’est pas banal. Pour étiqueter le style dans les grandes lignes, je dirais : math stoner rock psychédélique probablement teinté de shoegaze et de post-quelque chose. (Je peux rajouter trois ou quatre étiquettes facile si des fois tu en veux d’autres.)
Sanji est un morceau de quinze minutes, cependant l’écouter c’est être hors du temps car c’est certain que tu te fais happer. Il existe un indescriptible ensorcellement à la fois dû à la rythmique experte et au dialogue entre les deux basses, l’une qui impose le tempo et l’autre qui s’aventure là où personne ne l’attendrait. Une magie également portée par des passages psychédéliques introspectifs, finalement assez proches d’un PINK FLOYD période Ummagumma. Là, tu sens bien l’imbrication dramatique des deux fœtus mis en abîme façon étiquette de Vache-Qui-Rit-jaune.

Parlons de la rare qualité du do-it-yourself de VANTRE. La prise de son de la batterie est un modèle du genre et la puissance des basses est monumentale. Et, le saviez-vous ? Il est possible de jouer de la scie musicale avec une basse. J’adore le mixage à la fois tonique et clair, avec une pleine occupation de l’espace sonore.

Par rapport aux trois précédents EP, je trouve ce titre-ci tout aussi trippant mais un peu moins rentre-dedans. Toutefois, cette pédale douce mise sur la violence (bien qu’il reste des passages particulièrement pêchus) ne met que plus en valeur encore la créativité et la sensibilité du trio. Sincèrement, c’est un morceau brillant qui mérite sa chronique à lui tout seul.

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VANTRE est composé de :
- Damiano SIGNORELLI, instrument ;
- Yann LE TALLEC, instrument ;
- Côme HUVELINE, instrument.

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Pour écouter Sanji, Cliquer ici !
Pumpkin-T
Date de publication : dimanche 10 décembre 2023