17 / 20
28/12/2023
The isle of hydra
TWISTED TOWER DIRE
 
Cette réédition du second album des Américains de TWISTED TOWER DIRE m’offre l’occasion de saluer avec sincérité et chaleur l’investissement sans faille de cette formation au service d’un Heavy Metal épique et d’un Power Metal racé, tels qu’on les vit naître au cours de la décennie 80. Formé en 1995, le groupe ne correspondait pas à un quelconque courant porteur, alors en vigueur. Même dans la famille du Metal épique et du Power Metal, TWISTED TOWER DIRE ne semblait guère disposé à adopter un gros son rythmique, pas plus qu’à se perdre dans des arrangements pompeux.

Le combo publia en 1999 son premier album, The Curse Of Twisted Tower, sur le petit mais essentiel label anglais The Miskatonic Foundation (ASOMVEL, FUNERAL CIRCLE, IRONSWORD, MIRROR OF DECEPTION, PAGAN ALTAR, REVELATION, THE LAMP OF TOTH, THE LORD WEIRD SLOUGH FEG, le WARNING britannique : si ça, ce n’est pas de l’extrême bon goût ?!). Fidèle à un dispositif exigeant mais a priori connu de tous, c’est derechef sur le même label qu’en 2001 parut The Isle Of Hydra.

Au niveau des guitares (Scot WALDROP et Dave BOYD au service), songez à des riffs teigneux, à des solos incisifs mais mélodiques, à des harmonies de guitares, rappel des débuts d’IRON MAIDEN, mais aussi de SATAN et OMEN, voire, dans les moments les plus sensibles, des moments les plus intenses de WISHBONE ASH et de THIN LIZZY. Au niveau de la section rythmique, une basse nerveuse et agile (anime par Jim MURAD, également de WHILE HEAVEN WEPT) dynamise les riffs les plus rebattus, appuyée par une batterie (servie par Marc STAUFFER), au son certes un brin léger mais réactive aux nombreux changements de tempos et de rythmes. Restait à trouver un élément essentiel, à savoir un chanteur compétent, c’est-à-dire efficace et mordant, ample et parfaitement modulé : saluons la prestation solide et complète du défunt Tony TAYLOR (ISEN TORR, OCTOBER 31). Aucun excès, juste une prestation également partagée entre efficacité et prise de hauteur, avec un constant souci de maîtrise des lignes de chant. Convenons que cette réédition s’impose comme un hommage à ce fier vocaliste, trop tôt tombé au champ d’honneur.

Outre la maîtrise du style et la qualité de l’interprétation, The Isle Of Hydra proposait une collection de neuf compositions, toutes solides et sans faiblesses, néanmoins fort heureusement marquées par une saine diversité, dans un contexte stylistique on ne peut plus cohérent. Le groupe se montre aussi crédible dans des mid-tempos classiques, que dans des galopades plus tranchantes. Aucun ridicule ne se profile dans les passages ou dans les morceaux les plus sensibles. Autant dire que, déjà à l’époque, TWISTED TOWER DIRE maîtrisait son sujet avec passion et professionnalisme.

Cette réédition constitue donc un excellent prétexte pour (re)découvrir les débuts de cette formation honnête et méritante. D’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une republication dans son jus, mais bien d’une nouvelle version remixée et remasterisée, dans le respect du son originel, mais avec un gain de netteté et de dynamique. A contrario, la présence de quatre titres de cet album, captés en répétition, peine à convaincre. Certes, le groupe s’y montre complètement frondeur et libéré, mais le son monolithique et brouillon arase l’intérêt initial. Autre écueil récurrent dans la discographique de TWISTED TOWER DIRE : la pochette ! Volontairement ou non, le combo collectionne les visuels clichés et laids, voire repoussants. Même la pochette de Crest Of The Martyrs (2003, troisième album), pourtant signée par le légendaire Derek RIGGS (créateur du mythique Eddie pour le compte d’IRON MAIDEN), ressemble à une concaténation bâclée de The Number Of The Beast et de Live After Death (de qui vous savez). Dans le cas présent, on s’embourbe dans une imagerie Fantasy et guerrière, suffisamment mal exécutée pour discréditer a priori l’acte d’achat. Surtout, passez outre, donnez une seconde chance à un groupe et à un album, qui relèvent certes de la seconde division (si l’on parle en termes de notoriété), mais que l’on doit respecter quant à son sérieux, à sa sincérité et à son talent intrinsèque.

Par ailleurs, si vous souhaitez connaître notre avis laudateur sur les sorties plus récentes du groupe, à savoir Make It Dark (cliquez ici) et Wars In The Unknown (cliquez ici)…

Vidéo de l’album : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 28 décembre 2023