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01/02/2024
Victim of your father’s agony
ARABS IN ASPIC
 
Originellement paru en 2015 sur le label italien Black Widow records, le quatrième album des Norvégiens ARABS IN ASPIC bénéficie d’ores et déjà d’une réédition. Plutôt que de reproduire à l’identique la version originelle, le groupe a profité de cette seconde chance pour retravailler son œuvre, à partir des enregistrements originaux. A la clé, sans rien changer au son vintage originel, cette version rafraîchie (editing et mastering) propose une approche plus précise, plus détaillée : à chacun d’apprécier (à n’en pas douter, les acquéreurs de la version originelle auront à cœur de la fétichiser !).

Quoi qu’il en soit, si l’on s’en tient avant tout aux compositions et à l’interprétation, cet album s’avère lumineux, en dépit d’un titre quelque lugubre. Fondamentalement, le son du groupe demeure fortement ancré dans un son datant du début des années 70, alliant le meilleur du Rock progressif et du Hard Rock. Du premier genre, le groupe retient ce goût immodéré pour le chant et les chœurs limpides (l’héritage de la Pop psychédélique de la seconde partie des années 60 s’impose également) et pour les changements de rythmes, de tempos et d’ambiances, sans oublier les sonorités délicieusement vintage des claviers. Au second genre, ARABS IN ASPIC emprunte des riffs de guitare parfois épais ou tranchants, dont l’impact se trouve renforcé par une section rythmique très adaptative et versatile, en l’occurrence basée sur le jeu sec, souple et nerveux du batteur et sur les lignes de basse tendues et claquantes du bassiste.

En dépit de références évidentes, le groupe ne succombe pas à la tendance du Rock progressif originel à s’étendre dans des formats longs et démonstratifs. Bien au contraire, il se plaît à alterner des pièces brèves (notamment les deux parties instrumentales de Saint-Palais-sur-Mer, souvenir d’un concert français), des titres entre trois et six minutes, mais également deux compositions aux formats conséquents : God Requires Insanity (8’20) et le titre éponyme (9’54). Soit deux occasions de déployer à l’envi un art de la subtilité dans l’agencement subtil de contrastes savoureux.

Peuvent se retrouver dans cet album les fans de THE NICE, des débuts d’ELP et de KING CRIMSON, d’URIAH HEEP, sachant que les adeptes des mélodies vocales des BEATLES post-1965 craqueront sur Sad Without You. Comment résister à un référentiel aussi inspiré que digéré et réapproprié ? La (re)découverte est fortement conseillée.

Vidéo du titre éponyme : cliquez ici
Alain
Date de publication : jeudi 1 février 2024