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08/04/2024
Long kate
LONG KATE
 
Le trio de Providence est imprégné par la tradition orale de Nouvelle-Angleterre dans laquelle revient régulièrement le personnage ambigu et fantomatique de LONG KATE. Elle hante les côtes venteuses ou brumeuses et surgit dans les récits d’horreur que se racontent les ados autour des feux de camp. L’ambiance musicale du groupe est en rapport avec cette torpeur dans laquelle peut nous plonger une errance hasardeuse à travers une nature maussade. Quel genre musical serait mieux adapté que le doom metal pour exprimer cet état d’esprit ? Aucun.

LONG KATE vient de réaliser son premier mini-album éponyme (4 titres). Le doom metal développé par le groupe est à la fois mélodique et émaillé de sons étranges ici et là pour renforcer des atmosphères pesantes. Il émane de tous les titres un fort sentiment de mélancolie. La construction polyphonique est maîtrisée et lorsque la voix de Jason porte une mélodie en demi-teinte, en second plan se déroule souvent un drame beaucoup plus sombre encore.

Sur une bande son composée de bruits blancs, de vibrations mécaniques, de grincements, s’imposent petit à petit les premières mesures pesantes de Blear. Le riff est sous-tendu par des bourdonnements modulés, le rythme est lent et la voix légèrement acidulée. Durant ses sept minutes, le morceau a un effet hypnotique certain que j’aime beaucoup, même si je regrette un mixage un peu approximatif et trop de porosité entre les couches de son… à moins justement que ce son trouble ne soit un choix artistique participant à épaissir l’atmosphère angoissante.
La seconde plage, Walking Corpse Syndrome, est beaucoup plus courte (3’30) mais possède un excellent contraste entre phases mélodiques et phases rythmiques appuyées.
De mon point de vue, la mélodie vocale de Foilsick Stare se cherche trop, semble s’égarer. Mais une nouvelle fois, est-ce un défaut ? Ce désordre n’est-il pas l’ingrédient essentiel du regard malade que nous vend le titre ? Quoiqu’il en soit, le résultat sonne comme l’expression d’une langueur psychédélique.
Ce même sentiment d’un temps qui se dilate, d’une marche sans direction, d’une vision sans focale m’envahit à l’écoute du dernier morceau, Drudenhaus - sentiment amplifié par des paroles particulièrement glauques et mystérieuses.

Avec son premier album, LONG KATE a su éveiller mon intérêt par des ambiances très épaisses que je goûte particulièrement. Et puis je suis en parfait accord avec le groupe dans le choix de cette œuvre de Dylan AHERN - Hum - qui illustre l’album. Il ressort de cette installation une sorte de duel mystérieux entre ce qui est construit de main d’homme et des éléments arrachés à la nature. Tout comme leur musique, l’image est étrange et perturbante.

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LONG KATE est composé de :
- Jason PRINCIPI, guitare et chant (THE AMPHIBIOUS MAN) ;
- Adam HEEGE, batterie, synthés (TROPHY HUNT) ;
- Kai VAN VLACK, basse.

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Extrait de Long Kate, l’album :
- Blear : Cliquez ici !
Pumpkin-T
Date de publication : lundi 8 avril 2024