Dossier : DIO EST MORT ( BLACK SABBATH , ELF , RAINBOW , DIO )
Il aura traversé au moins de quatre décennies au service de la musique, dont trois avérées et décisives dédiées au Hard Rock et au Heavy Metal. Personnellement, je l’ai « découvert » à deux reprises. Une première fois, son chant tour à tour agressif et lyrique, expressif au possible, illuminait une pierre angulaire du Hard, l’album Rising de RAINBOW dont je fis l’acquisition tardivement (1980). Deux ans plus tard, je fus irrésistiblement attiré par d’étranges créatures sortant de la mer ; il s’agissait du Live Evil de BLACK SABBATH et, dans la foulée, je fis l’acquisition auprès d’un aîné de Heaven and Hell et de Mob Rules. Là encore, un petit homme offrait un festival ô combien cohérent et envoûtant de vocalises rugueuses, puis d’une douceur infinie, au service d’une oeuvre indispensable du Heavy Metal.
Un an plus tard, il volait de ses propres ailes et complétait ma trilogie magique avec Holy Diver, merveilleuse symbiose du meilleur de RAINBOW et de BLACK SABBATH.
Depuis, j’ai eu le bonheur non seulement de découvrir toutes les oeuvres du bonhomme parues dans les années 70 (ELF et RAINBOW) quand j’étais trop môme pour déjà m’intéresser aux décibels, mais aussi de guetter chaque nouvelle sortie. Certes, les déceptions furent parfois au rendez-vous, la faute à des albums du DIO (le groupe) trop convenus (Lock Up the Wolves , Strange Highways, Angry Machines) et à un retour en demi-teintes du BLACK SABBATH dans les années 90 (Dehumanizer sans nuances). Le succès des années 80 l’ayant déserté, l’homme ne se reposa pas sur sa légende et sur les louanges qui valent parfois chrysanthèmes. Il continua à tourner, se dépassant sans compter, et à pondre des albums dignes (Killing the Dragon), voire passionnants (The Devil You Know, du dernier avatar de BLACK SABBATH, HEAVEN AND HELL). On alla même jusqu’à traquer des pirates, afin de jauger encore et encore ce talent.
Sur scène, le petit homme ne bondissait pas partout à la manière d’un Bruce DICKINSON. Il était rivé à son micro, le visage mouvant au gré des paroles, ses doigts dispensant à la foule le fameux signe du Malin. Avec un réelle économie de moyens, avec ou sans dragons, il incarnait le charisme. En partie parce qu’il était un professionnel rôdé à toutes les ficelles du métier, depuis les clubs new-yorkais avec ELF où il reprenait du JETHRO TULL ou du BLACK SABBATH jusqu’aux arènes américaines ou aux scènes des grands festivals européens. On me permettra d’estimer que son charisme inoui relevait essentiellement du fait qu’il aimait sincèrement son public. La musique, sa musique prenait tout son sens confrontée au feedback des fans. Et il savait renvoyer à ceux-ci leur dévotion.
Longtemps caché, son âge était un secret de polichinelle. A l’heure où il donnait des leçons de Metal à tous au côté des sieurs IOMMI et BUTLER, il s’approchait doucement des 70 ans ! Lui qui chanta avec des mots simples, poétiques et imagés l’éternelle opposition du Bien et du Mal vient d’être emporté par ce dernier. L’envie d’écouter le poignant Over and Over s’avance comme une sinistre évidence. Et puis on se rend compte que le leg de cet homme invite à l’élévation, à la grandeur : Stargazer portera toujours haut le souvenir de Ronnie James DIO, un petit homme qui accompagna une partie de ma vie.
Alain
Date de publication : mercredi 19 mai 2010