Live report : ABINAYA au Festival EVERY KIDS ARE UNITED ( ABINAYA , ENEMY OF THE ENEMY )
Etonnante sensation que d’aller assister à un concert au beau milieu d’un dimanche après midi estival, le premier et très attendu de cette année où l’on a vu le temps et la nature faire des caprices partout dans le monde. Cette sensation est doublée de curiosité par le lieu où doit se dérouler ce concert… Des salles j’en ai vues, « des où » si tu sautes, tu te fais une bosse, des en rase campagne, des stades, des petites, des mythiques, des… Mais aujourd’hui, c’est la première fois que je me rends sur une péniche, et la première fois que je sens le sol tanguer au rythme du roulis de la Seine. Marrant.
L’Alternat, d’une capacité d’accueil de 170 personnes, se situe pile sous le POPB. En ce 23 mai, l’association Now Every Kids Are United doit recevoir 8 groupes à partir de 13 heures. Mais voilà, lorsque j’arrive sur le coup de 13h30, croyant, comme j’en avais été informé, que les festivités commencent à 14h, je découvre vers 14h30 (vous me suivez ?) qu’il n’y a toujours pas de batterie… Passons sur les circonstances qui ont entraîné près de 2 heures de retard, la plus grosse galère étant que l’assoc’ devait libérer la barque à 20h… Heureusement, 2 groupes ont annulé leur venue, pour les autres, les sets furent écourtés, passant de 40’ à une demi heure…
Soyons clairs : je suis venu pour voir ABINAYA dont l’album Corps m’a tout simplement scotché, et reste un de mes favoris de 2009. Le reste de l’affiche n’avait à priori rien de particulièrement excitant selon mes critères et références : Punk, , Ska… Pas vraiment ma tasse de thé (ou verre de whisky, au choix), et je me suis demandé comment faire pour chroniquer cette affiche sur Metal Intégral. Plutôt que de ne chroniquer que la prestation d'ABINAYA, j'ai préféré faire preuve de la même ouverture d'esprit que l'organisation de cette manifestation et que les groupes qui, eux, n'hésitent pas à mélanger les genres. Malgré les difficultés inhérentes à l’organisation, cette diversité de genres a attiré un (trop peu nombreux) public varié et l’ambiance était à la fête.

Les jeunes gars de EUTECTICS ouvrent, enfin, les hostilités à 15h30. L’étroitesse de la scène confine chacun des musiciens dans son petit mètre carré, mais les quatre ont simplement envie, comme tous cet après midi, de bien faire. Alternant le chant en français et en anglais, EUTECTICS propose des morceaux Rock aux forts relents de Punk habillé de Funk (eh, eh, eh…), directs et bruts, le chant sans finesse se veut rageur et rentre dedans mais reste plus hurlé que chanté. Quelques soli zieutent du côté du Metal dans un ensemble plus Indé. L’ensemble évoque GREEN DAY, LINKIN PARK ou les groupes de « punk » US des 90’s, sans grand danger pour l’auditeur. Une mise en bouche sympa.
Setlist EUTECTICS : 3h du mat, Chemical Hazard, La Théorie De La Relativité, Travail Famille Patrie, Seul Sur Le Trottoir, Humeur Sinusoïdale, Mache Bien Ta Vie Est Indigeste, Auto-Execration, Alea Jacta Est, Etre Un Ohm, Barrières, Money Strass And Death

On passe rapidement au premier groupe assimilé Metal avec ENEMY OF THE ENEMY, qui joue autant sur le look (deux musiciens maquillés dans un esprit plus proche de Star Wars que des corpse paints du Black Metal) que sur la brutalité directe de son Metalcore enlevé. Comme d’autres, le quatuor puise ses influences autant dans le Metal que dans le Rap, parvenant à créer une fusion des genres certes déjà entendue, mais efficace. Guitare et chant passent tranquillement de la douceur à la brutalité, de façon logique et naturelle. Lorsque l’orga leur signale qu’il ne reste que 10’, Adrian, le chanteur déclare ne plus s’arrêter pendant le temps qui reste imparti au groupe. Malgré l’insistance du vocaliste, le public encore peu nombreux a du mal à se lever. Mais une fois debout, on sent la barque tanguer, quelques minutes seulement.
Setlist ENEMY OF THE ENEMY: Pit, Living Deads, Farm Boy, Feedback, Listen To Your Planet, Road Trip, TPT

Sans perdre de temps, la scène est envahie d’une armée de 9 musiciens… NOSEBONE INC. propose un set de Punk Ska Rock joyeux et ultra efficace. Tout tape juste, les cuivres (dont le trombone est tenu par Nico, le guitariste de ENEMY OF THE ENEMY) apportant encore plus de chaleur et accompagnant parfaitement les guitares reggae, dans un ensemble à l’esprit totalement festif. Une très agréable surprise pour le novice du genre que je suis.
Setlist NOSEBONE INC. : Inside, Comment, Ennio Morricone, Pas, Shape Of Rage, La Ronde Des Paumés, Road To Bombay, Lifestyle

Ensemble depuis le mois de février, THE PANTY PARTY est plus foncièrement punk. Celui des PISTOLS, GBH et THE EXPLOITED, un Punk simple qui a toujours su attirer une population variée et avide d'énergie. L’energie est là, l’irrespect se fait gentiment remarquer et le groupe donne l’impression de n’être ici que pour se marrer. Les références comiques sont fréquentes (la reprise d’un des mega hits incontournables des INCONNUS, C’est Toi Que Je T’aime ou le « Pi-Rates » sarcastique, rappelant des petites vieilles de la télé, prononcé par le guitariste (Jano ou Jérôme ?) sur « un titre pour l’amitié entre les peuples », Bretagne Uber Alles) ou au blues de Stand By Me qui introduit le dernier morceau du set. Une prestation simple et fun. De toute façon, qui se prendrait au sérieux en s’appelant ‘la fête du slip’ ?
Setlist THE PANTY PARTY : Skull And Bones, L’Angoisse, Fliquette, We Are Waste, Love Me To Love Your Lovin’, C’est Toi Que Je T’Aime, Bretagne Uber Alles, Chanson de Fi(o)n

Arrivent, après une vaste installation de matériel – amplis, percus, racks d’effets, etc… - les quatre Parisiens d’ABINAYA. Enfin, je vais me trouver en terrain connu, dans mon cadre de références, avec un album que je connais très bien. Ayant discuté avec le groupe un peu plus tôt, j’attends également d’écouter un nouveau titre. Oui, ABINAYA est en phase de composition, mais, non, l’enregistrement n’est pas encore d’actualité, le groupe préférant se concentrer sur la promotion de son dernier album, Corps (si vous ne l’avez pas encore, foncez, c’est une perle, un monstre d’efficacité Heavy traditionnel avec des textes… Bernie a enfin un concurrent sérieux !)
Sur scène, bien qu’à l’étroit, le quatuor se donne à fond, malgré un inconvénient de taille : le son qui ne rend pas hommage à sa musique. Mais ce détail écarté, Nicolas HERAUD, le percussionniste (djembé et autres étant un des détails qui démarquent ABINAYA des autres formations Metal actuelles), semble incapable de rester immobile, scrutant le moindre espace scénique vide afin de le remplir, Andreas SANTO, le bassiste brésilien souriant et mordant, imitant une de ses, j’imagine, idôles en prenant des poses à la Steve HARRIS mitraillant le public, Nicolas « Dumbo » VIEILHOMME, le batteur aveugle – impressionnant la vitesse à laquelle le gaillard monte ses cymbales et replace les différents éléments de son kit – accompagnent Igor ACHARD le frontman à la chevelure de fauve, le guitariste chanteur à la voix chaleureuse et qui ne se défait jamais de son sourire. Les – seulement – 6 titres joués ne font qu’échauffer le groupe, et le temps écoulé ne lui permet finalement pas de jouer le nouveau titre prévu. Dommage, car voici bien un groupe d’avenir, une formation plus que prometteuse, celle ayant attiré, aujourd’hui, le plus de monde en devant de scène. A suivre de très, très près.
Set List ABINAYA : Corps, Les Chars de Police, Regarder Le Ciel, L’homme Libre, Enfant D’Orient, Résiste

La soirée se termine avec une seconde formation Ska. THE RUN ne compte que de 5 musiciens, pas de cuivres, mais un clavier, et dispense avec bonheur et simplicité sa musique qui me rappelle plus le reggae de Bob MARLEY ou Jimmy CLIFF que le Ska des SPECIALS ou de MADNESS. Je pense également à des formations comme THE POGUES ou les moins connus THE SHOULDERS, et, bien sûr, aux cultissimes BLUES BROTHERS… Encore une fois, je ne suis pas spécialiste du genre. Toutefois, la musique de THE RUN ne peut laisser de marbre et donne indubitablement envie de bouger, de sauter. Le public ne s’y laisse pas tromper, et danse, pogote dans la bonne humeur. Malheureusement, l’heure tourne, et il est temps de rendre les lieux à leur proprio…
Setlist THE RUN : aucune idée… Colette, tu me l’envoies, STP ?

Vous l’aurez compris : j’ai passé une après-midi plus que sympathique. Le mélange des genres voulu par l’assoc, qui a quand même dans son intitulé la notion d’unité, est une excellente initiative qui permet de sortir des sentiers battus et découvrir d’autres univers musicaux. Bonne initiative malheureusement entachée de galères, problèmes d'organisation et d’un manque flagrant de monde. Mais il fallait sans doute s’y attendre avec un concert organisé au milieu d’un week end de 3 jours…

Marpa, le 27 mai 2010
metalmp
Date de publication : vendredi 28 mai 2010