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Serial sinners
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Se souviendra-t-on de cette seconde moitié de 2010 comme celle du retour en force du Metal allemand ? Après ACCEPT et son Blood Of Nations, et avant GRAVE DIGGER, c’est au tour de HELLOWEEN de démontrer une nouvelle fois son amour du metal avec le superbe 7 Sinners (dont la sortie est prévue le 31 octobre), qui est à prendre en deux volets, avant et après The Smile of The Sun : une première partie Heavy et novatrice, résolument moderne et actuelle, puis une seconde plus traditionnelle, composée de morceaux tout aussi contemporains mais plus dans l’esprit festif et épique auquel le groupe nous a habitués depuis ses débuts discographiques en 1985.
HELLOWEEN nous offre son lot de headbang dès le premier titre, Where The Sinners Go, dont la rythmique tribale rappelle par instants SEPULTURA. Le groupe continue avec une question (Are You Metal ? – à l’intro surprenante, à l’opposé du Metal) dont la seule réponse possible est que si l’auditeur n’accroche pas avec ce morceau, il peut passer son chemin. Ce titre lourd et rapide est également nappé de claviers aussi discrets qu’efficaces.
Il n’y a, tout au long de ces treize titres, aucune fioriture. Les rythmiques sont plombées avec des doubles double grosses caisses, des guitares qui cisaillent et charcutent avec une rare efficacité et un chant très agressif du vocaliste, Andi DERIS. Si Where Is Mr Madman traite de luxure, les deux titres qui suivent sont taillés pour la scène : le plus qu’énergique Raise The Noise au refrain plus chantant et au bridge avec une originalité inhabituelle dans le Metal puisque figure ici une flute traversière (ou clarinette ?) Vient alors World Of Fantasy, premier titre un peu plus « chantant » avec ses parties vocales que le public peut facilement reprendre live.
Si l’Intro de The Smile Of The Sun rappelle ce que fait IRON MAIDEN depuis une dizaine d’années, la suite s’en éloigne, HELLOWEEN proposant une chanson qui navigue entre ballade mid tempo et morceau rock pour un résultat moyennement convainquant, qui présente toutefois l’avantage de permettre de digérer les morceaux précédents et de se préparer pour la suite, qui n’est que déferlement de riffs, décharges de décibels et explosions sonores, le tout enrobé dans des mélodies qui arrivent comme une sorte de « deuxième effet » : il faut parfois tendre l’oreille pour déceler l’efficacité sous jacente du très critique You Stupid Mankind, tandis que If A Mountain Could Talk, qui m’évoque quelque peu DIO en plus explosif, propose, au même titre que The Sage The Fool The Sinner , chanson renouant avec les grandes épopées chères aux Allemands, une architecure sonore percutante, mêlant mélodie et puissance, hargne et efficacité.
7 Sinners se conclue avec Not Yet Today et son « goodbye my friends » a cappella, au chant résonnant comme dans une église, sonnant comme un testament vocal inquiétant qui s’enchaine sur le très syncopé Far In The Future, sorte de bouquet final d’un feu d’artifices bien plus coloré que la pochette ne le laisse supposer.
Alors que certains vétérans de la scène Metal calment quelque peu le jeu, ou introduisent dans chacun de leurs morceaux des parties plus lentes leur permettant sans doute de souffler un peu, HELLOWEEN semble vouloir emprunter le chemin contraire et accélérer le rythme, alourdir encore sa musique. J’ai par instants l’impression d’écouter un groupe qui trouve une énergie nouvelle apportée par l’intégration d’un nouveau membre. Mais non, ce sont bien les mêmes Allemands et rien ne semble aujourd’hui pouvoir calmer la détermination de HELLOWEEN qui nous offre un album plus que moderne, un de ceux qui fera date. Plus dur que ce à quoi le groupe a pu habituer son public jusque là, 7 Sinners risque de surprendre dans un premier temps mais son efficacité sera reconnue dès la première écoute. Il est littéralement impossible de ne pas headbanguer ou de ne pas se laisser emporter par les ambiances. La tournée qui débute en novembre (avec deux dates en France, Paris puis Lyon les 11 et 12 janvier 2011) s'annonce sous de bons augures.
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