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Le moore theater, 20 ans après mad season
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Deux décennies après Temple Of The Dog (1990) et Above (1995), albums monumentaux, quoique méconnus, signés respectivement TEMPLE OF THE DOG et MAD SEASON, WALKING PAPERS entretient la flamme des supergroupes de Seattle. Trait d’union entre les époques, le vétéran Barrett MARTIN, ancien batteur des SCREAMING TREES, participa à l’aventure MAD SEASON ; dans ce nouveau projet, il est associé à Jeff ANGELL (chant / guitare), Benjamin ANDERSON (claviers) mais aussi à un certain Duff McKAGAN (basse). De quoi fonder de sérieux espoirs sur le premier album de la formation, ici présenté en « Special Edition », une version digipack enrichie de quatre extraits live.
Bien que fondé dans le berceau du Grunge, WALKING PAPERS a choisi de s’exprimer dans un registre très différent. Il en résulte un Walking Papers majoritairement teinté de Blues Rock. S'inscrivant tout particulièrement dans cette tendance, l'excellent The Whole World’s Watching révèle des influences seventies. Celles-ci sont perceptibles dans les guitares lead, ici signées Mike McCREADY (PEARL JAM, ex-MAD SEASON), et dans le chant rocailleux de Jeff ANGELL, qui peut rappeler des artistes tels que Paul RODGERS. Ce titre, qui semble traiter de considérations personnelles (« Change occurs when the pain of doing the same thing / Is worse than the fear of change »), contient par ailleurs un commentaire social acerbe (« You’d have to be high on LSD / To think this is the land of the free / With its income inequality »). Dans la même veine bluesy, on saluera les très agréables Your Secret's Safe With Me et Two Tickets And A Room, qui mettent en valeur le timbre du chanteur.
Les musiciens se montrent également à leur avantage lorsqu'ils abordent d'autres genres ou développent d'autres ambiances. Ainsi, Red Envelopes constitue un modèle de Classic Rock, évocateur des ROLLING STONES période Sticky Fingers (1971) / Exile On Main Street (1972) : la comparaison est notamment motivée par l'instrumentation employée (trompette, saxophone et trombone). L'introspectif Already Dead explore le Rock urbain, Jeff ANGELL adoptant, à l'instar du regretté Lou REED, un style parlé-chanté. Enfin, on retiendra l'entêtant Leave Me In The Dark, la tragique ballade The Butcher, soutenue par un piano mélancolique, sans oublier le très original A Place Like This, auquel les marimbas de Barrett MARTIN confèrent des aspects jazzy.
Enfin, les morceaux live proposés s'avèrent très réussis, en particulier The Whole World’s Watching, avant lequel un Mike McCREADY enthousiaste précise : « I've got to pitch myself every time. It's amazing. ». Deux de ces titres, Two Tickets And A Room et Leave Me In The Dark, ont été enregistrés au Moore Theater, haut lieu de Seattle, avec le renfort du Synergia Northwest Orchestra. Une session qui aura immanquablement rappelé au guitariste, ainsi qu'à Barrett MARTIN, le gig légendaire donné en ces lieux, en 1995, par MAD SEASON...
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