VOYAGER - Fearless in love
Style : Prog Heavy / Prog Metal / Prog Rock
Support :
MP3
- Année : 2023
Provenance du disque : Reçu du label
11titre(s) - 45minute(s)
Site(s) Internet :
VOYAGER FACEBOOK
Label(s) :
Season Of Mist
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(18/20)
Date de publication : 17/08/2023
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De l'amour, encore de l'amour, toujours de l'amour !
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Certain.e.s connaissent peut-être le groupe australien VOYAGER, via le prisme du dernier concours de l'Eurovision, qu'ils ont terminé à une honorable 9ème place (ce qui est toujours mieux que la France, soit-dit en passant !). Mais là n'est pas le problème et pour tout vous dire, je n'ai pas regardé une seule seconde de cette émission. Je tiens juste à souligner que ce télé-crochet ne se résume pas, et de moins en moins d'ailleurs, à un empilement de titres “variétoche”. Enfin, et depuis quelque temps, ce concours est ouvert aux australiens, ce qui peut paraître une incongruité, mais quand on sait la qualité des groupes venus de l'hémisphère sud et œuvrant dans le métal prog ou le métal alternatif (CALIGULA'S HORSE, CIRCLES, TERAMAZE, pour faire court), ce serait vraiment dommage de s'en priver ! Cette parenthèse étant close, attachons-nous maintenant à la substantifique moelle de ce groupe. La tête pensante est leur chanteur Daniel ESTRIN. Ce dernier, qui tient aussi les claviers (il arbore d'ailleurs fièrement un keytar sur scène, peut-être pour faire années 80 ?). Il dispose d'un registre vocal plutôt étendu, puisque sa tonalité de base est relativement haute, mais en sachant qu'il peut très bien growler (très rarement cela dit). Oui, cela peut paraître déconcertant, surtout lors d'une première écoute. La section rythmique, très, très présente, est constituée d'Alex CANION à la basse et d'Ashley DOODKORTE à la batterie. Les guitares sont tenues, et de quelle façon, par Scott KAY et Simone DOW, une jeune femme qui envoie du lourd, vous pouvez me croire. Pour moi, ce groupe reste un mystère et c'est bien ce qui en fait tout son charme. Même si c'est difficile, je vais quand même essayer de vous éclairer le chemin !
Fearless In Love étant leur 8ème album, ce ne sont donc pas des perdreaux de l'année, comme on dit. Cela se ressent dans l'écriture soignée des différents morceaux. L'analyse, titre par titre, me paraît pour le coup inévitable, compte tenu de la richesse des titres, et je vous préviens tout de suite, je vais faire long !
The Best Intentions la première chanson, plante le décor. Ça commence avec de l'électro-pop, et tout de suite la voix de Daniel ESTRIN apparaît, très claire, pleine d'écho, suivie par des riffs métal prog. Double grosse caisse sur le refrain, le tout accompagné par des guitares bien Heavy. Dès le premier morceau, je ne sais déjà plus où donner de la tête et j'ai perdu tous mes repères. Une ligne de guitare toute légère clôt en douceur le morceau, dans un style progressif. Je pense déjà que l'on ne va pas s'ennuyer ! On continue avec Prince Of Fire, toujours avec ce début à la DEPECHE MODE, non ne fuyez pas !, mais juste le début, car les grosses guitares arrivent en force. Voici du métal prog dans toute sa splendeur. C'est une alternance de moments calmes, avec claviers et choeurs, et de déchaînements de guitares, qui installent un véritable mur du son. Daniel ESTRIN en profite pour esquisser un peu de growl, en toute discrétion. Ultraviolet, débute sur un mid-tempo avec un superbe petit solo de guitare, bien clair. Il y a des choeurs répétitifs et hypnotiques en arrière fond, bien lancinants. Ce morceau me fait furieusement penser aux plus beaux titres d'ANBERLIN, le groupe de métal alternatif américain, avec ce même chant totalement habité et cette grosse, très grosse énergie ! Le growl arrive, tout naturellement, tant le morceau s'y prête. C'est Sean HARMANIS qui officie, pour une intervention courte mais marquante. Le morceau se termine sur une superbe ligne de guitare. Du bel ouvrage !
Dreamer prend la suite, avec son début électro-pop à fond. La rythmique est monstrueuse et cela en fait un morceau très dansant, je vous assure ! Le chant est magnifique. Pour moi, c'est un tube en puissance. Il y a beaucoup de soins apportés aux choeurs, et puis cette basse qui envahit tout l'espace, c'est un vrai régal. The Lamenting, c'est encore de l'électro pop, avec des passages faisant penser à THE PINEAPPLE THIEF, et ce qui est paradoxal, mais rien ne m'étonne plus chez eux, c'est que la fin est assez impressionnante, avec une ambiance très dark métal, fignolée à grands coup de guitares bien sombres. En écoutant ce titre pour la vingtième fois, le parallèle avec ce que font les suédois de THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA m'est apparu comme une évidence. Ce sont deux groupes qui aiment casser les codes, et c'est ce que j'aime. Gros riff métallique pour débuter Submarine. Ce titre est un parfait exemple de rock progressif. Écoutez la complexité rythmique qui fait quand même bien penser à DREAM THEATER. Il est évident que nous avons affaire à de belles pointures en termes de maîtrise instrumentale. Le solo de guitare est vraiment tout fou et Ashley DOODKORTE nous livre une partie de batterie époustouflante. À noter que le clip, bien loufoque, est une réussite. Voici qu'arrive ensuite Promise, le morceau tant attendu ! Je plaisante bien sûr. C'est LE titre présenté au concours de l'Eurovision. Il reflète assez bien l'univers de VOYAGER, bien que restant un peu trop calibré à mon goût. Le duo basse/batterie fait des merveilles. La question que je me pose plutôt, c'est : Est-ce que ce type de public est assez ouvert et réceptif pour ce genre de musique ?
À partir du morceau suivant et jusqu'à la fin de l'album, je trouve que le niveau mélodique monte encore d'un cran ! Petite intro au piano donc pour Twisted. La rythmique électro est énorme et le refrain s'appuie sur un mur du son vraiment impressionnant, avec en prime une double grosse caisse qui bastonne bien. Et vous savez quoi, cela reste quand même très mélodique ! C'est un morceau court et terriblement efficace. Daydream continue sur cette lancée électro-pop avec une belle ligne de chant, claire et légère. Petit festival de la basse, en passant. Listen est mon morceau préféré, je le concède. C'est celui-ci qui m'a accroché et décidé à écouter le reste de l’œuvre. Le refrain est complètement addictif. Quand je l'ai dans la tête, c'est cuit jusqu'à la fin de la journée. Les guitares sont surpuissantes. Le break à partir de 2 minutes me rend littéralement baba. La basse est monstrueuse et les deux guitares se renvoient des soli, comme au plus beau temps des Guitar-Hero. Autant vous dire que je suis au paradis ! Que dire de la fin, avec la voix de Daniel ESTRIN, qui est d'une délicatesse absolue. Encore une fois Stephen CHRISTIAN, le chanteur d'ANBERLIN savait insuffler ce sentiment angélique comme touché par la grâce. L'album se termine avec Gren (The Fearless Love), un morceau de plus de 5 minutes, qui débute sur des nappes de clavier bien planantes. C'est très PINK FLOYD dans l'esprit et la basse remplit tout le spectre sonore. La voix de Daniel ESTRIN colle parfaitement au morceau. Dès que les guitares rentrent en jeu, le morceau bascule dans du métal bien lourd. J'ai d'ailleurs l'impression que Daniel ESTRIN a pris un malin plaisir à brouiller les pistes et à mélanger les styles. En tout cas, le résultat est remarquable.
Dire que VOYAGER m'a étonné est un euphémisme. Le contraste entre le métal prog, voire le métal tout court, et l'électro, est totalement maîtrisé et digéré. Un petit mot quand même sur la prise de son, qui est remarquable. Il ne faut pas hésiter à écouter pour se faire sa propre idée. Plusieurs écoutes sont absolument nécessaires, pour apprécier toutes les subtilités de ce groupe, je vous assure. Nul doute que l'exposition apportée par le concours va leur ouvrir un nouvel auditoire. Alors, vivement la suite !
Ultraviolet : cliquez ici
Listen : cliquez ici
Submarine : cliquez ici
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