Reportage :
MOTORHEAD : Rock'n'Roll bastards
(
MOTORHEAD
)
Date de publication : 19/11/2011
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Auteur : metalmp
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MOTORHEAD est à la musique ce que son fondateur est à la médecine : une énigme. En bientôt quatre décennies d’existence, MOTORHEAD a connu tant de revers, de trahisons, de coups bas, d’incompréhension, de changements de line-up, s’est retrouvé à la rue on ne sait combien de fois… que le groupe aurait dû, s’il y avait une réelle logique aux choses, disparaître depuis bien longtemps. Tout comme Lemmy, aux dires du corps médical… La vie en a décidé autrement.
1975. Ian Fraser KILMINSTER, alias Lemmy, retrouve sa terre natale anglaise après s’être fait éjecter de HAWKWIND pour possession de drogues (« des mauvaises drogues », dira-t-il plus tard) lors d’un contrôle douanier à la frontière canadienne. Il en faut plus pour démotiver l’ancien roadie de Jimi HENDRIX qui décide de monter son propre groupe, qu’il souhaite d’abord appeler BASTARDS. Mais un management avisé le persuade qu’avec un tel patronyme, Lemmy ne passera jamais à Top Of The Pops. Le bassiste/chanteur choisi alors le nom de la dernière chanson qu’il a écrite pour HAWKWIND : Motörhead. Le groupe est alors composé, outre son fondateur, du guitariste Larry WALLIS et du batteur Lucas FOX, le trio étant managé Dave EDMUNDS.
Ce dernier s’attèle à la promotion de son nouveau poulain et parvient à faire entrer MOTORHEAD dans l’écurie de United Artists. Le trio entre alors en studio pour enregistrer son premier album qui ne satisfait pas le label, United décidant de ne pas commercialiser On Parole. La carrière de MOTORHEAD commence mal, d’autant plus que Lucas FOX se fait virer pendant les sessions d’enregistrement et se voit remplacé par Phil TAYLOR, bientôt surnommé Philthy Animal TAYLOR.
Le groupe répète intensément et Lemmy pense qu’un second guitariste est nécessaire. Eddie CLARKE – ou Fast Eddie – entre en scène en 1976 au grand dam de Larry WALLIS qui décide de retrouver sa liberté. L’efficacité du dernier arrivé est telle que MOTORHEAD demeurera un trio.
En 1977, les choses n’avancent pas. Alors que le trio est au bord de l’implosion à cause du manque évident de succès de leur entreprise, les musiciens profitent de deux journées dans un studio pour jeter les bases de onze morceaux qui tous se trouveront sur le premier album officiel de MOTORHEAD que le label Chiswick commercialise au mois de septembre. Illustré par un certain Joe PENTAGNO qui crée War-Pig, le célèbre monstre qui suivra à jamais MOTORHEAD, ce premier album démontre simplement que la rage est là, teintée de ce Blues dont jamais Lemmy ne se départira. Le public est sous le choc de la puissance de l’ensemble. Comment un trio peut-il atteindre ce niveau de violence ? Sous le choc aussi de cette voix née de la rencontre d’une râpe à fromage et de papier de verre. Le résultat, c’est la vigueur de Motörhead, le Blues de la reprise Train Kept A Rollin, le prémonitoire White Line Fever ou Iron Horse/Born To Lose. L’album atteint bientôt la 43ème place des charts, pourtant MOTORHEAD décide de mettre un terme à sa collaboration avec Chiswick .
L’arrivée de Douglas SMITH comme manager de MOTORHEAD en 1978 marque un véritable tournant dans la carrière du groupe qui se professionnalise vraiment. La première tâche à laquelle s’attelle SMITH est simple : trouver un foyer pour son groupe. MOTORHEAD signe alors avec le label Bronze, entame une tournée anglaise de 18 dates, et savoure un premier passage à Top Of The Pops. Puis il est temps de proposer du concret aux fans. Le trio retourne en studio alors que le monde vit sous le joug du Punk depuis bientôt deux ans. Mais la brutalité et la spontanéité de MOTORHEAD parvient, comme l’a démontré la tournée, à réunir tout type de public, du simple hardos qui commence à ressortir au skinhead en passant par le punk ou le mod’s. Des jeunes à la recherche de virilité et de décibels.
Overkill parait en mars 1979. Le choc est réel. Dès l’introduction à la double grosse caisse du morceau éponyme, le public et les médias savent que le Rock est en train de vivre un grand moment. Sale, violent, puant la transpiration, la bière tiède et les cendres froides, Overkill , grace à une collection d'hymnes intemporels (Stay Clean, I'll Be Your Sister, No Class, Tear Ya Down, Metropolis, Capricorn...) permet à MOTORHEAD d’élargir son public à travers l’Europe. Soutenu par deux singles, l’album monte à la 24ème place des charts. Bronze se frotte les mains. A peine MOTORHEAD a-t-il le temps de souffler que le label renvoie les musiciens en studio au mois de juillet. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud…
Dès le mois d’octobre, le public retrouve le nouveau groupe le plus dangereux du monde grâce à Bomber qui grimpe à la 12ème place. Oui, trois petits mois auront suffit pour concevoir cet album, qui malgré son succès et malgré la puissance de morceaux comme Dead Man Tell No Tales ou l’éponyme Bomber semble très légèrement moins inspiré que son prédécesseur. Si l’esprit Rock direct est partout présent, si MOTORHEAD cherche un peu à se renouveler, une certaine lassitude semble s’installer. Cela transparait avec Lawman ou l’inquiétant Sweet Revenge, titres lents et lourds mais joués sans réelle conviction. Pourtant, le succès commence à attiser les convoitises… Rappelez-vous : United Artists avait refusé de sortir On Parole en 1976. Trois ans plus tard, le label n’hésite pas à le faire.
MOTORHEAD n’a pas le temps de s’inquiéter de l’accueil reçu par Bomber ; déjà le trio part en tournée pour conquérir le continent en compagnie de SAXON (onze dates en Hollande, Allemagne et France) tandis que le Royaume-Uni commence à céder aux coups de boutoirs de ce phénomène que l’on nommera bientôt la New Wave Of British Heavy Metal (lire notre dossier complet avec ce lien Dossier NWOBHM). Nous sommes en 1980 et le monde du Rock connait une nouvelle mutation. MOTORHEAD en tirera largement profit, comme le démontre l’énorme succès rencontré par Ace Of Spades qui parait en novembre. Cette fois, point de faiblesse. MOTORHEAD signe l’album parfait de Rock sur lequel rien n’est à jeter… Produit par Vic MAILE, rendant hommage aux hommes de l’ombre (We Are The Road Crew), parlant des plaisirs de la vie (Ace Of Spades, The Chase Is Better Than The Catch, Love Me Like A Reptile…) Ace Of Spades est bientôt certifié disque d’or, et entre dans le cercle fermé des indispensables classiques du genre.
MOTORHEAD repart sur les routes. Sillonnant sa terre natale, le trio enregistre ici et là ce qui deviendra son premier album live. Mais avant, Lemmy and Co. s’offrent un petit plaisir et enregistrent un maxi single de trois titres avec les nouvelles copines de GIRLSCHOOL. St Valentine’s Day Massacre est propulsé n°5, confirmant le capital sympathie acquis par le trio. Tout va pour le mieux, et avant de s’envoler pour le nouveau continent (vaste territoire qui reste encore à conquérir, les disques de MOTORHEAD n’y étant pas distribués) afin d’ouvrir pour Ozzy OSBOURNE, MOTORHEAD savoure le plaisir des sommets du podium. No Sleep ‘Til Hammersmith est le parfait témoignage de l’efficacité dévastatrice de MOTORHEAD face à son public au début des années 80. Enregistrés sur plusieurs dates au cours de sa dernière tournée en date, les 11 morceaux figurant sur cet album démontrent que MOTORHEAD n’a pas usurpé son titre de groupe le plus dangereux du monde. Et ce groupe se hisse à la première place des charts ! Plutôt bien pour une formation qui était au bord de l’implosion quatre petites années auparavant, non ?
Un tel succès ne se mérite qu’à force de travail et d’implication. La tournée ne s’est pas passée sans heurts, Eddie et Phithy se battant régulièrement. Lorsque sonne de nouveau l’heure d’enregistrer, il y a de réelles tensions au sein du groupe qui décide de produire lui-même son futur album. Fast Eddie est donc en charge de donner forme au son de Iron Fist. Le guitariste verra plus tard dans ce choix l’existence d’un piège destiné à trouver une raison pour le remplacer. Car, oui, Iron Fist ne satisfait pas autant les fans lors de sa sortie en avril 1982. Sans être désastreux, les retours sont mitigés. Certes, des morceaux comme Iron Fist, Loser ou (Don’t Need) Religion sont du pur MOTORHEAD. Mais l’ensemble pêche par manque de dynamisme sonore sans doute. Le 14 mai, Fast Eddie quitte Lemmy et Philthy, et part fonder, en compagnie de Pete WAY (bassiste de UFO) FASTWAY.
Une « longue » période d’auditions commence alors. L’heureux élu n’est autre que l’ex-THIN LIZZY Brian ROBERTSON. Immédiatement, le trio nouvellement reconstitué retourne en studio pour tenter de faire oublier le semi échec rencontré par Iron Fist. En juin 1983 parait Another Perfect Day qui marque les esprits pour la simple raison que jamais MOTORHEAD n’a été aussi technique, ni musical. C’était pourtant bien le but recherché avec l’intégration de ROBERTSON… L’album souffre cependant de ces aspects plus travaillés et le verdict public est sans appel : l’album ne parvient qu’à la timide 20ème place et ne sera réhabilité que des années plus tard. Car Another Perfect Day fait partie des meilleures productions du groupe, et reste encore un album à redécouvrir. Comme si cela ne suffisait pas, le pire est à venir. Le trio s’est engagé dans une tournée japonaise pendant laquelle la tension monte de plusieurs crans à l’encontre de Brian ROBERTSON qui refuse de suivre les consignes vestimentaires voulues par Lemmy, se promène en spandex rose et refuse même de jouer les anciens titres de MOTORHEAD ! Ceux-là même qui sont l’identité du groupe ! Lemmy n’étant pas le genre de gars à tergiverser des années durant prend sa décision dès le retour du groupe : adieu ROBERTSON !
Alors que de nouvelles recherches démarrent afin de trouver LE guitariste au jeu et au comportement compatibles avec MOTORHEAD, un nouvel album parait. What’s Words Worth est en réalité l’enregistrement d’un concert que MOTORHEAD donna au Roundhouse le 18 février 1978. sous le nom – prémonitoire – de IRON FIST & THE HORDES FROM HELL.
Ne parvenant à faire un choix parmi l’élite guitaristique qui se présente à lui, Lemmy décide d’intégrer deux six-cordistes : un jeune inconnu qui se fait appeler Würzel et l’ex-PERSIAN RISK Phil CAMPBELL. MOTORHEAD devient alors quatuor, mais la série noire continue : cette fois, c’est Phil TAYLOR qui jette l’éponge, décidant de rejoindre Brian ROBERTSON qui souhaite fonder un nouveau groupe. C’est Phil CAMBPELL qui suggère le nom de l’ex-SAXON Pete GILL qui est rapidement retenu pour le poste.
Le groupe nouvelle formule se construit au cours de l’année 1984. Bronze décide d’en profiter pour capitaliser sur le passé de MOTORHEAD et prévoit de sortir une compilation. Lemmy propose (impose) d’ajouter quelques nouveautés – dont Killed By Death – afin de rassurer les fans. No Remorse parait dans une luxueuse pochette en cuir au mois de septembre, et se hisse à la 14ème place des charts, position plus que respectable pour une double compilation. Mais MOTORHEAD n’est plus satisfait de la manière dont Bronze s’occupe du groupe et cherche à mettre un terme au contrat. L’affaire se termine en justice, et le verdict est sans appel : MOTORHEAD n’a plus le droit d'entrer en studio pour y enregistrer de futurs albums. Autant dire que Bronze vient de trouver le moyen d’assassiner des artistes…
S’il est interdit d’enregistrer, aucun verdict n'empêche MOTORHEAD de jouer et de tourner. C’est ce que décide de faire le quatuor pendant les mois qui suivent. Sillonnant l’Australie, passant en Europe et partout où il est possible de donner un concert, MOTORHEAD devient un phénomène de scène. L’année 1985 passe dans les mêmes conditions, avec un petit évènement au mois de juin : le groupe organise au légendaire Hammersmith de Londres, un concert évènement afin de fêter ses dix années d’existence. L’occasion de faire revenir chacun des musiciens ayant participé à l’aventure. Puis après une nouvelle tournée européenne, la formation s’envole pour sillonner les USA en compagnie de Wendy O'WILLIAMS, la sculpturale hurleuse déchirée des PLASMATICS.
Tourner, tourner et tourner encore. Inlassablement... D’autres auraient depuis longtemps arrêté mais MOTORHEAD vit pour et par la scène. 1986 apporte un nouvel espoir : Bronze fait faillite et la disparition du label rend de fait le jugement caduc. Doug SMITH, le manager, monte son propre label, GWR et diffuse sa première galette, le nouveau MOTORHEAD, au mois d’août 1986 : Orgasmatron. L’album est accueilli avec un enthousiasme par une meute de fans quelque peu rassurés par l’efficacité de Deaf Forever, de Claw ou Mean Machine (deux titres au tempo digne de Overkill sur lesquels Pete GILL démontre qu’il peut effectivement et efficacement tenir le rythme de Phil TAYLOR) ou du morceau éponyme qui devient un classique de la scène. Mais en deux ans, le monde de la musique à changé, et MOTORHEAD n’est plus le groupe le plus bruyant du monde… D'autres sont arrivés, le Thrash de METALLICA ou de SLAYER a trouvé son public et a pioché dans celui de MOTORHEAD sans se gêner. De plus, l’image que donne le quatuor (voir les photos promo de l’époque) montre un groupe très propre, à l’opposé de ce qu’était le trio légendaire, sale et négligé. Egalement, son absence discographique forcée joue contre Lemmy et sa bande. Le public anglais, et européen, bien que rassuré, reste méfiant en n’offrant à Orgasmatron qu’une petite 21ème place, mais le public se rend massivement aux concerts, partout dans le monde. MOTORHEAD écume de nouveau les Etats Unis avant de sillonner l’Europe.
Petit à petit, à force de persévérance, grâce aussi à la quasi dévotion qui lui porte les nouvelles vedettes (METALLICA en tête) Lemmy devient une sorte d’icône. Au point que même le cinéma s’intéresse à lui. 1987 le voit faire une courte apparition dans le film Eat The Rich. Alors que MOTORHEAD s’offre – enfin – une pause, Lemmy pose...
Cependant, un nouveau chambardement vient déséquilibrer MOTORHEAD : Pete GILL décide de quitter ses compagnons. Entre alors un nouveau batteur qui se nomme… « Philthy Animal » TAYLOR. Le public se frotte les mains et clame sa satisfaction de voir le batteur originel reprendre du service. Mais ce public est presque désespérément aux abonnés absents lorsqu’il s’agit d’accueillir Rock’N’Roll qui parait en septembre sur GWR. Lemmy a toujours refusé que MOTORHEAD porte une étiquette autre que celle de groupe de Rock et le clame avec cet album au long duquel on sent les doutes qui assaillent le quatuor. L’album chute à la 43ème place des charts malgré la présence de chansons réellement efficaces (le morceau titre) et coup de poing .
MOTORHEAD passe la majeure partie de l’année 1988 sur les routes et tient la tête d’affiche du festival finlandais Giants Of Rock qui se tient en juillet. Quelle meilleure opportunité que la présence de plusieurs milliers de personnes à un concert pour enregistrer un nouvel album live et ainsi démontrer que la bête est bien en vie face à son public ? No Sleep At All devient, au moment de sa commercialisation en octobre 88, source d’une nouvelle dispute entre Lemmy et son label. L’objet du différent ? Un désaccord quant au single qui doit représenter l’album. C’est une nouvelle fois la justice qui tranchera, en faveur du leader du groupe. Mais MOTORHEAD ne séduit plus. De nouvelles bêtes de scène, comme METALLICA, SLAYER, MEGADETH, ANTHRAX parmi d’autres recueillent les faveurs d’un public assoiffé de riffs puissant et de Heavy Metal pur et dur. Alors que la décennie touche bientôt à sa fin MOTORHEAD connait un nouveau revers de fortune, une nouvelle dégringolade en voyant son album, loin d'être indispensable, reconnaissons-le, n’arriver qu’en 79ème place !
1990 marque un nouveau départ. D’abord, Lemmy prend une grave décision qui va perturber ses fans anglais au plus haut point : il décide d’emménager à Los Angeles, ville de tous les excès visuels, terre de MOTLEY CRUE, RATT et autres formations permanentées, énemies jurées de tout amateur de "vrai" Metal… Le fondateur de MOTORHEAD y voit l’avantage de bénéficier de toutes les facilités musicales et logistiques. Car si L.A. est la ville du Glam, du Hair Metal, elle est aussi une ville qui vit et respire le Rock’n’Roll. Tout y est, des magasins de musique aux studios d’enregistrement, en passant par les clubs où le groupe pourra jouer à volonté entre deux tournées.
Avant de repartir sur les routes, MOTORHEAD s’attèle à la réalisation d’une nouvelle galette après avoir trouvé refuge chez Epic. 1916 parait en février 1991 et, enfin, le public semble revenir. La puissance de morceaux comme I’m So Bad (Baby I Don’t Care), Going To Brazil ou No Voices In The Sky, qui deviennent des hymnes de concert, et le défi relevé haut la main par 1916, une longue complainte oppressante très difficlement acceptée par les fans lors de la sortie de l'album. Pensez donc: une ballade chez MOTORHEAD!), est rassurante et permet à l’album de gagner 10 places, puisque par rapport au dernier effort studio 1916 se classe n°24. MOTORHEAD démontre être toujours capable d’écrire de chansons populaires, sans prise de tête. Le retour tant attendu est-il arrivé ? 1916 se voit même nommé parmi les prétendant à un Grammy, c’est dire l’impact que peut avoir cet album. Puis, c’est une nouvelle tournée dans des terrains connus et familiers.
Alors que le quatuor enregistre March Or Die, dont la sortie est prévue pour le mois d’août 1992, Phil TAYLOR prend la porte. Il est bientôt remplacé par Mikkey DEE, notamment connu pour ses faits d’armes avec KING DIAMOND. Mais en attendant de le trouver, les baguettes sont tenues par un ténor de la batterie, Tommy ALDRIDGE. Malgré la présence de prestigieux invités (parmi lesquels Ozzy OSBOURNE et Slash interviennent sur la balade bluesy I Ain’t No Nice Guy) et la reprise de l’hymne de Ted NUGENT Cat Scratch Fever, le public est une nouvelle fois aux abonnés absents. La 60ème position affecte sans doute le moral de Lemmy qui prend la mauvaise habitude de quitter la scène au bout d’1h15 de concert… Le moral est d’autant plus affecté que Epic décide de se séparer d’une partie des groupes de son catalogue, et MOTORHEAD fait partie de la charrette. Sans label, son avenir est de nouveau compromis.
Si les trois années qui viennent sont du même acabit (aucun des albums suivants n’entrera dans le top 40 anglais jusqu’en 2006…), les choses reprennent progressivement une tournure positive grâce au dynamisme de Mikkey DEE. Car il semble évident que le gaillard a décidé de laisser une trace de son passage au sein de MOTORHEAD. Cela saute aux oreilles dès la publication du bien nommé Bastards (est-il utile d’expliquer le pourquoi de ce titre ?) en novembre 1993 qui marque un vrai retour aux sources. Si Lemmy s’est fait tatouer « Born To Lose, Live To Win » sur l’avant bras, cette fois, il scande Born To Raise Hell ! Il semble bien revenu le gaillard, et le prouve avec Burner et Lost in The Ozone. Et tant pis si le public continue de ne pas acheter en masse, au moins il se déplace aux concerts. Et de plus en plus, Lemmy se transforme en une sorte d’icône du Rock, de monument incontournable que même les Américains adoptent.
L’instant parait idéal pour que Roadrunner, qui en a racheté les droits, publie, en 1994 le Live At Brixton ’87, décrit comme un album pirate officiel. Pirate, car au moment de son enregistrement, Bronze était détenteur des droits. Les choses ont changé et Roadrunner profite de l’aubaine. Tant mieux, car même si cet enregistrement date de la tournée Rock’N’Roll, le son est puissant et MOTORHEAD donne le meilleur de lui-même. Les classiques défilent, et les morceaux du dernier album en date prennent sur scène une tout autre dimension.
Mais revenons au présent, avec un nouvel album studio. Les onze morceaux proposés sur Sacrifice en juillet 1995 confirment que MOTORHEAD reprend les choses en main. Sacrifice, War For War, Sex And Death, Over Your Shoulder… Chaque chanson montre la face la plus puissante d’un MOTORHEAD décidément en forme… qui pourtant subit un nouveau coup dur lorsque Würzel annonce son départ. Lemmy, Phil CAMPBELL et Mikkey DEE décident alors de conserver la forme du trio. Depuis, la formation connait une stabilité sans pareille, ce qui, incontestablement, joue positivement sur le moral de tous. La fin de l’année est marquée par un concert surprise que donne METALLICA au Whisky a Gogo de Los Angeles pour fêter les 50 ans de Lemmy. Les Four Horsemen montent sur scène tout de noir vêtus (jusque là, pas de surprise) mais de plus, ils se sont tous les quatre déguisés en Lemmy...
MOTORHEAD a depuis trouvé son rythme de croisière et semble être devenu un groupe rigoureux : tous les deux ans sort un album, puis le groupe s’embarque pour une nouvelle tournée, interrompue, parfois, par une participation à des festivals en Europe ou par la sortie d’un nouvel enregistrement en public. Ces concerts, désormais, durent pas loin de deux heures. Plus Lemmy vieilli, plus il tient la forme… Même si l’on remarque souvent des setlists qui se ressemblent, établies sans vraie prise de risque.
L’année 1996 est donc marquée par la sortie de l’efficace Overnight Sensation sur la pochette duquel une surprise de taille (au propre comme au figuré, la taille…) attend les fans : Lemmy est rasé ! Bye bye moustache et rouflaquettes légendaires ! Nouvelle ère, nouveau départ, nouvelle tête aussi. Mais toujours cet esprit unique qu’est celui de MOTORHEAD. L’album est suivi deux ans plus tard par Snake Bite Love dont une date de la tournée qui suit (Hambourg, en Allemagne) sera immortalisée sur un nouveau double live, Everything Louder Than Every One Else (1999) qui témoigne du retour en force de MOTORHEAD, plus en forme que jamais. Quel bonheur d’entendre Lemmy demander au public de faire le plus de bruit possible, « si jamais quelqu’un croit encore qu’on n’a pas de succès » et d’affronter cette pêche retrouvée à l’écoute de classiques (faut-il les citer ?) ou de titres plus récents comme On Your Feet Or On Your Knees, Burner, Born To Raise Hell, Lost In The Ozone… Deux disques pleins à craquer d’une fureur tout à la fois salvatrice et dévastatrice.
L’année 2000 est l’occasion pour Metal-Is records, filiale de Sanctuary music, de sortir en septembre un long best of de 40 morceaux tandis que CMC diffuse le nouvel album studio simplement intitulé We Are Motörhead, de nouveau illustré par Joe PENTAGNO. Sans doute légèrement moins inspiré, l’album contient toutefois son lot de Hard Rock et de blues. Ce nouveau méfait continue vaille que vaille dans la veine musicale qu’ont décidé de suivre les trois compères.
Redevenu incontournable, MOTORHEAD baisse sans doute légèrement sa garde. Hammered qui parait en 2002 déçoit quelque peu les fans, qui, pour autant, ne désertent pas. Posant un regard sombre sur notre petit monde, Lemmy parvient à maintenir une haute teneur dans ses textes (Brave New World, Voices From The War). La musique, lourde et sombre, reste parfaitement identifiable.
Parallèlement, Lemmy publie ses mémoires, décoiffantes, souvent, tendres et surprenantes: White Line Fever parait en novembre 2002 est permet d'entrer dans l'intimité du maitre, et quoiqu'il écrive ou dise, c'est sans tabou mais toujours avec respect. Car même un "fuck off" prononcé par Lemmy est plein de respect....
MOTORHEAD est devenu une véritable institution qui, même sans attirer autant de monde que des METALLICA, IRON MAIDEN , ACDC ou autre BON JOVI, fait totalement partie des indispensables du paysage musical mondial. Au point que Sanctuary décide de faire un très beau « cadeau » aux fans en préparant pour le mois d’octobre 2003 un gigantesque coffret de 5 CD (dont un live) qui résument la superbe carrière de MOTORHEAD depuis ses débuts jusqu’en 2002. Les fans d’ailleurs sont gâtés puisque la fin de l’année voit arriver Live At Brixton Academy, nouveau témoignage de la fidélité et de la folie des fans. Attention toutefois à ne pas confondre cet album avec celui mentionné précédemment. Il s'agit bien ici d'un enregistrement récent...
2004 marque un nouveau retour aux sources avec la publication de Inferno. Les brûlots de cet albums (Terminal Show, Killers, Down On Me, In The Black, Fight, In The Name Of Tragedy) continuent de redorer le blason d’un MOTORHEAD vigoureux, et en pleine possession de ses moyens. Deux ans plus tard, les résultats des cet acharnement à tenir la barre contre vents et marées apporte son lot de satisfaction : quasiment irréprochable, Kiss Of Death est mieux perçu encore puisque le public offre au trio – ce n’était pas arrivé depuis plus de dix ans – une place au sein des charts où l’album monte à la 45ème place, et fera l’objet d’un nouvel album en public, Better Motörhead Than Dead (2007). Le concert donné – et enregistré – au mois de juin 2005 au mythique Hammersmith Odeon avait pour but de célébrer le 30ème anniversaire de MOTORHEAD, le trio piochant dans la quasi-totalité de sa discographie (ce qui explique que le CD ne contienne que deux morceau de Inferno, alors leur plus récent méfait)
Motörizer fera mieux encore en 2008 que son prédécesseur, le CD parvenant à la 32ème position. Oui, le ciel semble désormais dégagé pour Lemmy et sa bande, malgré le fait qu’une nouvelle fois MOTORHEAD se retrouve sans label…
Il existe un dicton qui dit qu’on « n’est jamais mieux servi que par soi-même ». L’occasion est donc là pour Lemmy de monter un label. UDR hébergera désormais MOTORHEAD, bien sûr, mais accueille également quelques groupes amis de longue date : SAXON et GIRLSCHOOL. 2010 sera marquée par deux évènements majeurs : la sortie d’un film totalement consacré au mythe, et simplement intitulé Lemmy. Le DVD remporte un succès énorme à travers la planète. Puis, c’est la sortie de The Wörld Is Yours, qui subit un léger recul puisqu’il retombe en 45ème position. Mais peu importe. Car le public est là, bien présent, fidèle au poste, comme le prouvent les différents supports témoins de la tournée qui suivit, que l'on retrouve sur les deux volumes de The Wörld Is Ours (avec tous les formats disponibles, CD, vynile, Blu-Ray ou DVD): le documentaire du volume 1, paru en 2011, fut capté en noir et blanc à Santiago du Chili, tandis que le vol. 2, paru l'année suivante, retrace sa prestation au Wacken Open Air 2011, cette fois en couleurs, toujours devant des fans fidèles et bruyants.
MOTORHEAD occupe le terrain jusqu'au coup de tonnerre du début de l'été 2013 lorsque les médias annoncent l'annulation de plusieurs dates de la tournée estivale du trio à cause de l'état de santé de Lemmy qui se voit intimer l'ordre par ses médecins de se mettre au repos forcé. L'inquiétude monte chez les fans, malgré les messages rassurant du management qui précise que contrairement à la rumeur "Lemmy n'est pas mort, il respire, il parle, il mange, il boit, il baise"... MOTORHEAD remonte bientôt sur la scène du Wacken, le 2 août 2013. Juste après le premier morceau, Damage Case, il tente de rassurer le public en annonçant aller mieux et vouloir offrir un concert explosif. Mais Lemmy a sans doute vu trop grand, été trop optimiste. Car après seulement six titres joués sous une chaleur écrasante, le mythe vivant s'écroule sur scène et MOTORHEAD doit écourter sa prestation. Retour au repos forcé, que l'on espère tous le plus réparateur possible. Seulement, si jusqu'à présent Lemmy est resté un mystère pour la science, la réalité de sa condition humaine se rappelle à tous.
Malgré tout, rien ne semble pouvoir abattre Lemmy qui publie en 2013 le fort justement nommé Aftershock, à l'illustration de couverture bien plus claire que ce à quoi MOTORHEAD nous a habitués.
MOTORHEAD, au cours des années 2000, a écumé les festivals européens les plus importants et retrouvé la place qui est sienne dans le cœur des fans. Une histoire qui ne semble pas prête de s’arrêter, malgré la fragilité actuelle de son mythique fondateur que l'on aurait espèré retrouver au meilleur de sa forme lors de la venue promise de MOTORHEAD au Zénith de Paris (accompagné de SAXON, quelle affiche!)
Las, après avoir été reportée, la tournée Aftershock est annulée. Lemmy n'est pas en état de reprendre la route et annonce devoir "revoir ses priorités". Pendant près d'un an, le fondateur de MOTORHEAD prend soin de lui et donne quelques concert de manière parcimonieuse. Et, enfin, la tournée est remise sur pied, avec un passage prévu dans ce Zénith que le trio connait si bien le 18 novembre 2014, quasiment deux ans après son dernier passage. Mais sans SAXON, qui s'est lancé dans sa propre tournée. C'est désormais THE DAMNED qui accompagnera MOTORHEAD sur ce que l'on souhaite ne pas être la dernière tournée du groupe.
MOTORHEADbanger for life !
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MOTORHEAD 1977 - Chiswick
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OVERKILL 1979 - Bronze
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BOMBER 1979 - Bronze
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ON PAROLE 1979 - United Artists
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motorHEADGIRLschool St Valentines Day Massacre 1981 - Bronze
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ACE OF SPADES 1980 - Bronze
ACE OF SPADES 1980 - Bronze
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NO SLEEP 'TI HAMMERSMITH 1981 - Bronze (Live)
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IRON FIST 1982 - Bronze
IRON FIST 1982 - Bronze
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ANOTHER PERFECT DAY 1983 - Bronze
ANOTHER PERFECT DAY 1983 - Bronze
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NO REMORSE 1984 - Bronze (compilation)
NO REMORSE 1984 - Bronze (compilation)
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Orgasmatron 1986 - GWR
Orgasmatron 1986 - GWR
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Rock N Roll 1987 - GWR
Rock N Roll 1987 - GWR
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No Sleep At All 1988 - GWR
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1916 1991 - Epic
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Marc Or Die 1992 - Epic
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Bastards 1993 - ZYX
Bastards 1993 - ZYX
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Live At Brixton '87 1994 - Roadrunner
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Sacrifice 1995 - CMC
Sacrifice 1995 - CMC
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Overnight Sensation 1996 - CMC
Overnight Sensation 1996 - CMC
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Snake Bite Love 1998 - CMC
Snake Bite Love 1998 - CMC
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Everything Louder Than Everyone Else 1999 - CMC
Everything Louder Than Everyone Else 1999 - CMC
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The Best Of Motörhead 2000 - Metal-Is
The Best Of Motörhead 2000 - Metal-Is
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We Are Motörhead 2000 - CMC
We Are Motörhead 2000 - CMC
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The Bronze Years 2002 - CMC
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Hammered 2002 - Metal-Is
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Stone Deaf Forever 2003 - SPV
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Live At Brixton Academy 2003 - SPV
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Inferno 2004 - SPV
Inferno 2004 - SPV
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Kiss Of Death 2006 - SPV
Kiss Of Death 2006 - SPV
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Better Motörhead Than Dead 2007 - SPV
Better Motörhead Than Dead 2007 - SPV
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MOTORIZER 2008 - SPV
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The World Is Yours 2010 - UDR
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The World Is Ours- Vol.1 2011 - UDR
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The World Is Ours- Vol.2 2012 - UDR
The World Is Ours- Vol.2 2012 - UDR
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Aftershock 2013 - UDR
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