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Reportage :  BLACK SABBATH STORY ( BLACK SABBATH )
Date de publication : 09/11/2013
Auteur : metalmp
Sans eux, il est fort probable qu’aucune des formations de Metal actuelles n’eut existé. Si l’on accorde la paternité du Hard Rock à LED ZEPPELIN – d’autres formations peuvent à juste raison revendiquer ce titre – les pères fondateurs du Heavy Metal sont sans conteste les quatre hippies de BLACK SABBATH, dont la première mouture voit le jour sous le nom de EARTH, formation à la musique imprégnée de culture hippie (nous sommes à la fin des années 1960, en pleine explosion du Flower Power) qui ne laisse aucunement présager la furie sonore qui va bientôt suivre.

Ozzy OSBOURNE.
Tony IOMMY.
Geezer BUTLER.
Bill WARD.

Les quatre membres fondateurs sont tous nés dans un mouchoir de poche, à Aston, très proche banlieue de la très industrielle Birmingham, ville détruite par les bombes de la seconde guerre mondiale. John Michael OSBOURNE, plus tard surnommé Ozzy, vit le jour le 3 décembre 1948. Terence Michael « Geezer » BUTLER, le 17 juillet 1949. Tous deux se retrouvèrent à l’adolescence au sein de RARE BREED, semant innocemment et inconsciemment les premières graines de ce que serait un jour BLACK SABBATH. Anthony Frank IOMMI vint au monde le 18 février 1948. Bill WARD le 5 mai 1948. Eux se retrouvèrent au sein de THE REST qui devint rapidement MYTHOLOGY. Après quelques concerts, les deux groupes disparurent.

LES ANNEES OZZY

Ozzy publie dans le journal local une annonce type « Ozzy ZIG, chanteur possédant son matériel, cherche groupe ». Tony IOMMI voit cette annonce, et, intéressé, ne souhaite qu’une chose : qu’il ne s’agisse pas du même « Ozzy » que celui qu’il a connu à l’école et se rassure se souvenant que ce dernier était incapable de sortir un son correct de sa bouche… Présents également, se trouvaient un autre guitariste, Jimmy PHILLIPS, et un saxophoniste. Les aventures musicales des années 60 pouvaient être aussi expérimentales qu’éphémères, les groupes se montant et se défaisant autour d’une simple jam.

L’histoire pourtant ne commence véritablement qu’avec POLKA TULK, sextet de blues / jazz qui, après une erreur de casting (une personne croyant engager pour une soirée un groupe de polka se retrouve quelque peu surprise….) devient EARTH. Mais Ozzy, Tony, Geezer et Bill souhaitent jouer à quatre. Ils se retrouvent « forcés » d’annoncer aux autres membres le split de EARTH qui renait aussi tôt avec Ozzy OSBOURNE au chant, Tony IOMMI à la guitare, Geezer BUTLER à la basse et Bill WARD à la batterie.

En lisant un ouvrage de Dennis WHEATLEY, un spécialiste de magie noire et de sorcellerie, Geezer BUTLER découvre le terme de BLACK SABBATH. Nom qu’il suggère à ses compagnons, et que tous quatre décident d’adopter comme patronyme définitif et continuent de répéter intensivement dans l’esprit de l’époque. Si les membres de BLACK SABBATH n’ont pas les mêmes compétences musicales que leurs voisins de LED ZEPPELIN, c’est sur le terrain du groove, de la mélodie et d’une puissante lourdeur que les quatre se concentrent.

Le groupe grandissant décide, comme tant d’autres, d’élargir encore son envergure en changeant de management. Remerciant Jim SIMPSON, BLACK SABBATH signe avec Patrick MEEHAN et Wilf PINE, un duo réputé “fabriquant” de stars dans le monde de la musique.

BLACK SABBATH est alors signé par le label Vertigo qui publie en février 1970 un premier album éponyme. Le choc public est réel : les titres, de durées diverses, sont lourds et oppressants, voire effrayants. Black Sabbath, The Wizard, N.I.B ou Sleeping Village inquiètent avec des ambiances jusqu’alors jamais entendues. Cependant, tous, comme l’imparable Evil Woman, proposent des refrains et lignes mélodiques mémorables et, surtout, parfaitement identifiables, ce qui permet à ce premier essai de grimper dans les charts anglais (n°8) et de faire une percée outre Atlantique (23ème place du Billboard). Mais comment, se demande-t-on, un groupe a-t-il pu parvenir à distordre les sons de cette manière ? Comment un groupe de blues peut-il jouer aussi pesamment ? Est-ce parce que son guitariste est gaucher, tout comme Jimi HENDRIX qui a redéfini les codes en matière de Rock ? Au-delà du fait que cet album ait été enregistré dans une sorte d’urgence – le groupe disposant d’un énorme budget d’environs 500 Livres Sterling a tout mis en boite en l’espace de deux jours ! – ce son si particulier provient en réalité d’un accident dont a été victime Tony IOMMI en 1966. Ce dernier, s’est gravement coupé le bout des doigts dans un accident du travail et se voit dans l’obligation de couvrir ses phalanges de coussinets de cuir et de baisser l’accordage de sa guitare afin de rendre les cordes plus souples, facilitant ainsi son jeu tout en atténuant la douleur. En ne respectant pas les règles évidentes d’accordage traditionnel qu’on enseigne à tout débutant, un peu à la manière d’un LED ZEPPELIN qui, afin de se faire entendre de tous dans ces gigantesques stades américains, est forcé de pousser à fond les potards d’une sono non prévue pour subir un tel traitement, Tony IOMMI a, sans doute bien involontairement, inventé une nouvelle manière de jouer que les générations suivantes ne tardent pas à s’approprier. Egalement, au delà du chant si particulier d'Ozzy, Geezer expérimente l'utilisation de pédales d'effets sur son jeu de basse, notamment la Wah-wah. Enfin, le jeu de batterie est plus complexes, cassant souvent le rythme et s'imposant comme un instrument dont l'utilité n'est pas que rythmique. Et s’il n’y avait que la musique ! L’illustration même de l’album – une femme tout de noir vêtue se trouve seule dans un décor fantomatique et inquiétant. Sans aucun doute s’agit-il d’une sorcière se rendant au sabbat … – participe à la publicité faite autour de ce groupe rapidement désigné comme satanique. Une légende est en marche.

Pour l’heure, BLACK SABBATH vient de lancer un pavé dans la mare et, sans en avoir conscience – de quoi avait-on vraiment conscience en 1970 ? – de marquer l’histoire du Rock et de la musique d’une pierre angulaire. Il faut dès lors stabiliser cette notoriété nouvelle, l’alimenter afin de la consolider, ce qui se révèlera une tache bien plus complexe qu’il n’y parait. Car malgré le plus grand nombre d’offres et les salles de concerts plus grandes, l’argent qui commence à couler peut être néfaste. Mais pas encore…

BLACK SABBATH passe soudain du statut de groupe de clubs à des foules bien plus importantes et joue aux côtés de formations et d’artistes phares telles que KING CRIMSON, THE GRATEFUL DEAD, Ginger BAKER, FREE, Rory GALLAGHER, PINK FLOYD ou encore DEEP PURPLE qui vient de sortir le sublime In Rock. Le quatuor est ainsi rapidement amené à jouer ailleurs qu’à domicile et commence à sillonner l’Europe et les Etats-Unis de manière intensive.

BLACK SABBATH n’a aucune difficulté à sortir dans la même année un second album, enregistré dans de bien meilleures conditions (aux studios Island et Regent Sound, avec une console de 24 pistes ! Et un producteur nommé Roger BAIN… Le grand luxe, quoi !) et qui est tout d’abord présenté sous le titre de War Pigs. Pourtant, le succès du premier single, Paranoid, force une nouvelle fois le destin, et l’album est bien vite rebaptisé… Paranoid. Ce second essai rencontre un phénoménal succès, se hisse en 1ère position des charts anglais et frôle le top 10 US (n°12). Il restera dans les charts américains quelques 65 semaines, ouvrant de fait les portes de ce gigantesque marché. Rapidement composé sous l’influence principale du hashish, l’album traite de sujets d’actualités, BLACK SABBATH s’indignant, comme beaucoup de ses contemporains, de ce qu’il se passe au Viet Nam. Huit titres, dont un instrumental, qui tous revisitent le Rock, le réinventent et dont pas moins de cinq sont devenus des classiques : le morceau titre et War Pigs, bien sûr, mais aussi Electric Funeral et l'hallucinante fable moderne Fairies Wear Boots, sans oublier l’incontournable Iron Man, récemment (re)popularisé grâce au cinéma. Dès lors, BLACK SABBATH, tout auréolé du statut de « groupe culte », entre dans la cour des grands, quand bien même il ne connaitra plus jamais les honneurs de voir un de ses albums classé n°1…

BLACK SABBATH devient un groupe établi, à la réputation sulfureuse. Comme le décrit Bill WARD dans la biographie que Steven ROSEN a consacrée au Sab’ (p.62) « on a commencé à se faire exclure de certains endroits. Il y avait des émeutes. On a connu une Sabbath mania – avec escortes de police et tous ces trucs. Lorsque cela est arrivé, j’ai ressenti un vrai danger. C’est dangereux parce que ce n’est qu’une illusion, mais c’est en même temps la réalité »

Le groupe retourne en studio où, la technologie ayant fait d’énormes progrès – on enregistre désormais en 24 pistes – il prend plus de temps pour finaliser son travail et tester, avec son producteur Roger BAIN, de nouvelles choses. De plus, le succès des deux premiers albums permet de bénéficier de financements plus conséquents. Masters Of Reality parait en 1971 et entre dans le top 10 des deux côtés de l’Atlantique (n°5 en Angleterre et 8 aux USA). La force de titres comme Sweat Leaf (qui traite ouvertement du hash), Into The Void, Children Of The Grave ou After Forever (qui a, deux décennies plus tard, donné son nom à un groupe néerlandais) confirme la position auprès du public (la presse n’apprécie toujours pas et le fait savoir…) de BLACK SABBATH qui repart en tournée et subit de plein fouet la rançon de cette gloire… L’argent coulant à flots facilite tous les excès – alcool, drogues en tous genres, sexe… – deviennent les compagnons de route de la troupe, ce qui, inévitablement, attire la presse qui voit là matière à casser cette formation qu’elle ne parvient décidément pas à comprendre. Désormais, BLACK SABBATH doit gérer un « imprévu » auquel sont confrontés tous les groupes qui ont du succès : la pression médiatique basée sur une forme (déjà dans les années 70, et ça n’a fait qu’empirer depuis !) de racolage putassier, une pression qui n’a rien de commun avec la Sabbath mania publique.

Fatigue et lassitude commencent à poindre. Tout en ayant conscience de ne pas pouvoir radicalement changer sa musique, BLACK SABBATH cherche à s’émanciper. Les musiciens s’installent à Los Angeles, dans le déjà huppé Beverly Hills et investissent le Record Plant studio pour y enregistrer Vol. 4 – dont le titre originel, Snowblind, fut catégoriquement refusé par le label, la métaphore cocaïnomanesque étant bien trop évidente. A sa sortie, en 1972, le public découvre une musique plus variée et, sans doute en partie grâce aux apports du nouveau producteur, Tom ALLOM, pour la première fois, les critiques se font moins féroces, sont parfois même respectueuses ou admiratives du travail accompli sur Wheels Of Confusion, Tomorrow’s Dream, Supernaut, Snowblind ou l’instrumental Laguna Sunrise. Sans surprise, Vol. 4 se classe n°8 au Royaume-Uni et trouve une jolie 13ème place outre-Atlantique.

Après une nouvelle tournée intensive et fructueuse, BLACK SABBATH retourne à Los Angeles fin 72 pour y préparer un nouvelle album. Mais, toujours d’après Steven ROSEN(p.94), « la ville des anges devient la ville des dangers. La tentation était alors partout. » Quatre albums et d’importantes tournées ont permis à BLACK SABBATH d’intégrer le club très fermé des dinosaures, celui que côtoient LED ZEPPELIN, DEEP PUPRPLE, PINK FLOYD ou encore THE WHO. Chaque membre peut aisément se permettre d’acheter cash sa maison à LA, et tous les quatre s’offrent même le « non luxe » d’une Rolls Royce. Chacun, à l’instar de Tony IOMMI qui remplit son garage de voitures de sport italiennes, peut désormais et sans complexe s’adonner à sa passion. Le luxe fait partie du quotidien. Et avec lui, son inséparable compagnon « perte du sens des réalités »…

Après avoir loué un château au pays de Galles - pour tenter de revenir sur Terre - et y créer de nouveaux titres, l’enregistrement de Sabbath Bloody Sabbath se fait non sans mal, d’autant que les relations avec l’équipe managériale commencent à prendre une grave ampleur. A la sortie du nouvel album, en 1973, ce n’est plus de l’encre qui coule, mais du sang ! Car BLACK SABBATH continue d’expérimenter dès l’introductif morceau éponyme, et ses refrains agrémentés de guitares acoustiques que l’on retrouve sur d’autres chansons. Si un morceau comme Sabra Cadabra rappelle sans doute possible ce qui fait la personnalité de BLACK SABBATH, les aspects folk de Looking For Today où les flûtes se mêlent aux guitares folk (un clin d’œil de IOMMI à son court passage au sein de JETHRO TULL, avant le début du Sab’ ?) ou les clavecins de l’instrumental Fluff peuvent en dérouter plus d’un… Le disque parvient tout de même à se hisser n°4 au Royaume Uni, et 12ème aux USA.

Si tout semble encore sourire aux quatre Anglais, les problèmes prennent une telle ampleur qu’une séparation d’avec leur management devient inéluctable. Cette décision ne facilite rien puisque pendant deux années, BLACK SABBATH est obligé de mettre un terme à toute activité. Le retour, en 1975, n’en sera que plus difficile et douloureux. Chacun, naturellement, aspirait à un peu de repos, mais la fatigue a elle aussi trouvé sa place parmi les compagnons de route quotidiens des quatre membres. Les rumeurs sur le départ d’Ozzy se font plus insistantes, rumeurs qui prennent momentanément fin avec la publication de Sabotage, en 1975, sans doute l’un des derniers albums majeurs du groupe, notamment grâce à la présence de Hole In The Sky, Superstarz, ou, surtout, Symptom Of The Universe, un des meilleurs titres jamais composés par BLACK SABBATH, faisant de ce disque le n°7 à domicile (28 US).

La suite, c’est un BLACK SABBATH aux membres qui ne se comprennent plus, et qui cherchent à donner un nouveau souffle à leur carrière musicale. A bien y réfléchir, il n’y a rien de surprenant à cela : déjà en 1973, les trois groupes phares du Hard Rock avaient publié leurs meilleurs albums (en plus de BLACK SABBATH, il faut compter les productions de LED ZEPPELIN I, II, III, IV et Houses Of The Holy – et de DEEP PURPLE In Rock, Fireball, Machine Head et son double live Made In Japan) et se battaient par le biais de l’image (qui aura le plus gros jet, les plus belles voitures, etc…) se livrant ainsi une concurrence aussi acharnée qu’inutile et destructrice…

L’année 76 voit cependant sortir deux albums. Au mois de février parait la compilation We Sold Our Soul To Rock’n’roll sur laquelle on retrouve les principales compositions d’un BLACK SABBATH qui n’a pas encore célébré son dixième anniversaire… Un album live aurait certainement été préférable, et aurait pu concurrencer le moyen The Song Remains The Same de LED ZEPPELIN, mais on ne peut changer le passé… Technical Ecstasy sort en novembre et surprend plus qu’il ne plait. Même si Ozzy a clamé partout sa désapprobation des choix artistiques et de la nouvelle orientation musicale, l’album présente un BLACK SABBATH plus mélodique qui décide d’intégrer de grandes orchestrations qu’accompagnent une chorale. Malgré des réussites (deux : Back Street Kids et You Won’t Change Me), la sentence publique est indicative : pour la première fois, en Angleterre, un album de BLACK SABBATH n’entre pas au top 10, et se fait exclure du top 50 américain (respectivement N°13 et 51). Les temps changent, et le public en a marre de l’omniprésence de ces géants hippies irresponsables et mégalos et commence à vénérer de nouveaux rebelles qui crachent à la gueule d’une Angleterre trop proprette malgré la crise qui sévit. Nombre de groupes établis se voient terrassés par l’infamie du punk des SEX PISTOLS, THE CLASH et consorts. Rien n’est jamais acquis.

Les changements, la nouvelle orientation que souhaite prendre BLACK SABBATH, ne plaisent pas à Ozzy et le chanteur quitte le groupe en 1977, avant de rapidement le réintégrer après une grave dépression. Les quatre enregistrent Never Say Die qui sort l’année suivante mais le public reste assez mitigé en ne lui offrant qu’une petite 12ème place. Les Américains, eux, prennent de plus en plus leurs distances (n°69) et Ozzy claque définitivement la porte après une courte tournée.

LES ANNEES DIO

Son remplaçant sera Ronnie James DIO, l’ex-chanteur de ELF et de RAINBOW, le groupe fondé par Ritchie BLACKMORE, l’ancien guitariste de DEEP PURPLE, avec qui DIO a enregistré quelques remarquables albums, dont le double live On Stage (1977) et Long Live Rock’n’Roll (1978). Le BLACK SABBATH nouvelle mouture publie en 1980 Heaven And Hell qui permet au groupe de goûter de nouveau aux joies des tops, l’album arrivant N°9 en Angleterre et 28 aux Etats-Unis. Le chant de DIO est un facteur important dans la nouvelle réussite de BLACK SABBATH. Et sa personnalité pousse également le groupe en avant. Il est évident, à l’écoute de Heaven And Hell, Neon Knight ou encore Die Young, qu’il y a un avant et un après DIO dans ce BLACK SABBATH. Le style change, se fait plus sombre, et plus proche de ce que l’on appelle désormais du Heavy Metal. Tant mieux, car de son côté, Ozzy a décidé de relancer sa carrière en publiant au mois d’août un premier album solo, Blizzard Of Ozz qui, après les quolibets journalistiques, trouve son public et devient rapidement, aux USA, disque de platine, lançant une carrière à succès aujourd’hui riche d’une douzaine d’albums studios et de quelques albums live, transformant le chanteur en icône sacrée.

Il y a également fort à parier que sans Heaven And Hell, Tony IOMMI, Geezer BUTLER et Bill WARD auraient pu prendre leur retraite… Car l’époque est chaotique. Après la vague punk, à laquelle ont survécu des JUDAS PRIEST, WHITESNAKE et MOTORHEAD, il faut affronter une déferlante de nouveaux groupes qui émergent tous plus ou moins en même temps. SAXON, DEF LEPPARD, IRON MAIDEN, ANGEL WITCH, GIRLSCHOOL, SAMSON, RAVEN, TYGERS OF PAN TANG et tant d’autres sortent de leurs caves après avoir réinventé les codes du Heavy Metal moderne. Ils ont les crocs. Et sont sans pitié. Alors oui, le charisme de DIO aidant, les compositions de ce nouvel album de BLACK SABBATH collent à ce Metal nouveau, à la fois moderne et conservateur. Et, pour l’heure, c’est déjà plus que satisfaisant. La même année, BLACK SABBATH publie son premier album live, Live At Last, témoignage tardif de la première période du groupe.

BLACK SABBATH part de nouveau sur la route pour promouvoir son album, tournée au cours de laquelle Bill WARD quitte subitement ses compagnons en invoquant des raisons de santé. Au regard de ce qu'il a pu s'enfiler au cours des dernières années, personne n'est surpris. Il sera remplacé par Vinny APPICE sur les dates restantes de la tournée.

L’année suivante la formation confirme ce renouveau de créativité avec Mob Rules (N°9 GB et 28 US). L’album produit par Martin BIRCH contient des pépites comme l’indispensable The Mob Rules, Turn Up The Night ou The Sign Of The Southern Cross et parait quelques semaines avant le second essai d’Ozzy, Diary Of A Madman, nouveau succès confirmant le combat acharné qu’il entend mener avec ses anciens compères qui partent de nouveau sillonner le monde. De celle tournée, BLACK SABBATH publie
un nouveau témoignage live, ce qui n’avait jamais été fait du temps où Ozzy était dans le groupe. Malheureusement, le mixage en 1982 de Live Evil devient source de disputes telles que DIO décide à son tour de quitter le navire, entrainant avec lui Vinny APPICE et se lance, lui aussi dans une brillante carrière solo en formant le sublime DIO (une bonne dizaine d’albums, dont au moins trois trésors créatifs indispensables, et quelques lives et compilations).

LES ANNEES CHAOS

Ce départ marque la fin des années d’or. BLACK SABBATH aura dès lors un mal fou à stabiliser un line-up. Les musiciens partagent souvent plus un bout de chemin avec Tony IOMMI qu’ils ne s’investissent dans un projet. L’arrivée de Ian GILLAN permet d’accoucher du sous estimé et trop méconnu Born Again, en 1983. Las, GILLAN quitte à son tour IOMMI afin de reformer le DEEP PURPLE des grands jours (avec Ritchie BLACKMORE, Ian PAICE, Jon LORD et Roger GLOVER). Comme si ce n'était pas suffisant, Geezer BUTLER décide à son tour de partir en 1984, et forme son propre groupe. Il ne reste donc plus que Tony IOMMI, unique rescapé d'un navire qui prend l'eau...

L’espoir renait pourtant, puisque le BLACK SABBATH originel a été convié à jouer, le 13 juillet 1985 au Live Aid. Mais chacun retourne sagement dans ses quartiers, une reformation réelle n’étant pas à l’ordre du jour.

Glenn HUGUES, avec qui parait Seventh Star (1986), que Tony IOMMI avait envisagé comme un album solo (il apparait d’ailleurs seul sur la pochette), fait un passage éclair avant que le guitariste, lassé de recruter des personnalités connues, décide de donner sa chance à Ray GILLEN qui part fonder BADLANDS (avec Jake E. LEE, l’ex-guitariste de… Ozzy OSBOURNE) après la tournée Seventh Star.

Cette instabilité chronique ne plait pas et, lentement mais sûrement, BLACK SABBATH s’enfonce dans les abîmes et dans l’oubli. Le chanteur Tony MARTIN enregistre trois albums plutôt bien accueillis avec Tony IOMMI (The Eternal Idol en 1987, Headless Cross en 1989 et Tyr en 1990) avant que le duo DIO/ APPICE ne refasse surface. Le chanteur, au cours d’une conversation avec Geezer BUTLER, qui, en 1988, a rejoint Ozzy sur la tournée No Rest For The Wicked, avait soumis l’idée de reformer le BLACK SABBATH de 1980. Le message est entendu, et le groupe enregistre le prometteur Dehumanizer en 1992. De son côté, Ozzy OSBOURNE, dont la carrière solo semble ne rencontrer que quelques nuages épars, a proposé à Tony IOMMI de collaborer de nouveau le temps de quelques concerts. Mais DIO ne l’entend pas de cette oreille, juge cette proposition humiliante pour lui et quitte encore BLACK SABBATH, entraînant – encore – dans son sillage Vinny APPICE.

Le projet d’Ozzy prend forme. Celui qu’on surnomme depuis dix ans le Madman a mis sur pied une tournée d’adieux et est rejoint lors de ses deux derniers concerts par Tony IOMMI, Geezer BUTLER et Bill WARD. DIO qui devait, dans l’esprit d’Ozzy participer à la fête, est remplacé par le Metal God, Rob HALFORD, ex-JUDAS PRIEST menant également une carrière solo. Alors que tout le monde croit en un retour du BLACK SABBATH originel, Ozzy décide d’annuler sa retraite solo et continue l’aventure de son groupe, réduisant à néant les espoirs de IOMMI. Le dinosaure s’est transformé en un ridicule lézard qui n’impressionne guère plus que par ce qu’il était jadis

Une insolente série de compilations, best of et live suivront dont on retiendra le double Past Lives (2002), double album enregistré lors des premiers pas d’un BLACK SABBATH encore assez lucide et d’une partie de ce qui fut présenté en 1980 sous le titre de Live At Last.

Tony MARTIN est alors rappelé pour donner corps aux moyens Cross Purposes (1994) et Forbidden (1995). La carrière de BLACK SABBATH semble définitivement terminée, bien que IOMMI continue de donner des concerts. De son côté, Geezer BUTLER a rejoint Ozzy pour l'enregistrement, en 1995, de Ozzmosis, puis forme son propre groupe, G//Z/R, avec lequel il enregistre deux albums, Plastic Planet en 1995 et Black Science en 1997.

En 1997, Ozzy, qui organise depuis quelques temps le festival itinérant Ozzfest, invite Tony IOMMI et Geezer BUTLER à le rejoindre sur quelques titres à la fin de la prestation de son groupe afin d’offrir au public quelques classiques de BLACK SABBATH. La batterie est alors tenue par l’ex-FAITH NO MORE Mike BORDIN. Cependant, en décembre de cette même année, Bill WARD décide de rejoindre ses anciens comparses le temps de quelques shows et, pour la première fois depuis le départ d’Ozzy, une reformation du groupe originel est sérieusement envisagée. De ces concerts, BLACK SABBATH offre à son public un double album, simplement intitulé Reunion, qui contient en prime deux nouvelles chansons confirmant la mise en chantier d’un nouvel album studio.

LE BLACK SABBATH DU NOUVEAU MILLENAIRE

Les activités de chacun sont un frein à l’avancée du projet, et ce n’est qu’en 2001 que la formation originelle s’attelle, ensemble, a l’écriture d’un nouvel album, aidé par le producteur Rick RUBIN. Mais rien de concret ne sort. Ozzy « travaille » sur son émission de télé réalité The Osbournes en 2002, et, plus sérieusement, BLACK SABBATH se voit intégrer le Hall Of Fame anglais en 2005 et, en mars 2006, entre au Rock’N’Roll Hall Of Fame américain, dont la cérémonie est animée par METALLICA qui interprète deux titres de BLACK SABBATH.

En 2006, BLACK SABBATH annonce la publication d’une compilation relatant le passage de Ronnie James DIO. The Dio Years voit même la formation de 1980 reprendre vie sous le nom de HEAVEN AND HELL, afin d’éviter les conflits avec Ozzy OSBOURNE. La formation enregistre en 2009 The Devil You Know, participe à nombre de festivals avant que les médecins ne diagnostiquent chez DIO un cancer de l’estomac qui terrassera le chanteur le 16 mai 2010.

Les ennuis de santé viennent également contrarier la reformation du BLACK SABBATH originel. Alors que Tony IOMMI affirme travailler de nouveaux titres et que le groupe au grand complet annonce, en novembre 2011, la mise en place d’une tournée mondiale (dont les festivals anglais Download et français Hellfest). Début 2012, pourtant, IOMMI annonce qu’on lui a détecté un lymphome (cancer du système lymphatique – moelle osseuse, rate, tymphus) qui entrainera l’annulation de la tournée, à l’exception des dates du Download et de Birmingham.

En février 2012, Bill WARD, quant à lui, exige un contrat… que les autres membres proposeront ailleurs. C’est à Brad WILK, ex-batteur de RAGE AGAINST THE MACHINE que revient l’honneur de tenir les baguettes pour l’enregistrement du nouvel album, 13, qui parait au mois de juin 2013, acclamé par la critique et plébiscité par le public.

Increvable, BLACK SABBATH ? Quel autre formation aurait – pourrait – tenir de la sorte contre vents et marées ? Qui d’autre aurait survécu à ces montagnes russes que sont les sommets vertigineux du succès précédant la dramatique chute des doutes et du désespoir ? Tony IOMMI peut remercier cet ami qui lui avait, après son accident en 1966, offert un album de Django REINHARDT. Cet album, en lui démontrant ce que l’on pouvait créer à la guitare en n’ayant que deux doigts valides, a donné au guitariste l’envie de réapprendre son instrument. Coute que coute. Et malgré les difficultés quotidiennes, c’est une volonté de fer et une détermination sans pareilles que s’est forgée IOMMI, le poussant à faire face. A l’adversité, aux coups bas, aux coups de gueules, et aux problèmes de santé. Si aujourd’hui BLACK SABBATH tourne de nouveau sous sa forme quasi originelle, c’est grâce à lui.

Rendez-vous donc à Bercy, le 2 décembre prochain pour un concert vraiment évènementiel.

Sources :
www.blacksabbath.com
Black Sabbath, revised edition de Steven ROSEN, Sanctuary publishing, 2002
http://www.blacksabbath.com/history.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Black_Sabbath

et les fiches Hard Force Magazine de 1994 (je crois…)


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Rémifm Le samedi 9 novembre 2013
Bravo et merci !!! Sacré boulot MP !!! Respect et félicitations...
Commentaire de metalmp : En attendant le concert que j'espère pouvoir vous relater...
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