1. |
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Dans la très sainte égalité
Se gravissent les degrés dorés
De sociétés aux fondements viciés
Où trônent à leur fait des élites abhorrées.
Le rejet de la verticalité
Redessine un horizon bétonné
Où s’étalent les interdits, les rancoeurs,
Sous les yeux froids des contempteurs.
Leurs voix crissent d’insultes jetées au vent,
Raclent les peurs dans les coeurs fuyants,
Tuent les libertés, les fiertés d’antan,
Tuent l’âme humaine en volant son temps.
En hurlant à l’unité
Ils divisent la réalité,
Chacun seul contre tous
Et tous convaincus de leur seule vérité.
Tous leurs desseins dévoyés
Pavés de doubles volontés
Sont des routes de noirceur
Déviant l’homme et le perdant dans ses plus sombres erreurs.
A l’orée
Résonne la mélopée,
L’air se jouant du temps et du vent glacé,
Danse l’orge dans les champs mordorés.
Les sentiers abandonnés
Sont veines de terres navrées
Du sang des vignes asséchées.
Pauvreté,
Tu drapes l’âme fière
Dans les pierres solitaires
Sourde au cuivre des clochers.
Les masses de nuages noirs
Tombent un soir de colère.
Leurs profonds désespoirs
Viennent marteler la terre.
Les masses de nuages noirs
Creusent des sillons vermeils.
Leurs profonds désespoirs
Ravagent leurs âmes amères.
L’orage de la mémoire
Les flancs battus de corneilles
Foudroyant les mouroirs
Verse des puits de lumière.
Les masses de nuages noirs
Emportent les étendards, les rêveries, les injures,
S’octroient les pires libertés,
Abattent insensées tous les murs.
Gravissent les degrés de l’impur.
Gravent leurs décrets dans l’azur.
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2. |
Disparus De Leur Vivant
07:57
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Les réverbères percent les rêves
Sous les draps de sueur glacée.
Trouble est le souffle qui se lève,
Tremblent les mains ruinées.
Serrées sur le quart du vice
Les mains se crispent sous le mal.
S’y mire un vide noir et lisse
De sombres vapeurs s’en exhalent.
Madelon, ah, verse donc à boire
Étanche ces veines épuisées.
Tant déclamée fut ta grande gloire
J’en ai la gorge serrée.
Larmes et liqueurs chaque soir
Me noient, sans voix, sans espoir.
Les réverbères bercent de langueurs
Les brumes transperçant la moelle.
Les pavés battus s’auréolent
Sous leurs lueurs spectrales.
Et la vague bleue monte le col
Sans un mot et pâle
Vers la sonnerie qui enrôle
Et se termine dans un râle.
Madelon, c’est pour tes beaux yeux
Que j’allais au corps à corps.
Ces corps qui ne seront jamais vieux
J’les vois la nuit, le jour, et encore.
Je ne crois plus en tes vœux pieux
Mais je te prie d’honorer tes morts.
Des ruines aux usines survivent nos haines,
Nos victoires ont changé nos chaînes.
Libérez-nous de nos peines.
La lumière se fait vespérale,
Chargée de la poussière
Nimbant d’or les bleus sales,
Ombres lasses et altières.
Tant de bruit et de fureur,
Et ces rires en fond,
Dans les rues du bonheur
Où chacun vend son nom.
La musique cadence des airs groggy
Sous les lumières abrutissantes.
Les regards se détournent, les visages ferment
Dans la foule virevoltante.
Les crieurs de rue sèment des graines de noirceur
Dans l’étendue blême d’anonymes laideurs.
La course aux scandales épuise les unes en capitales.
Les gabegies se succèdent en lignées dites honorables !
La nuit titube et tombe sur le pas de sa porte.
Les étoiles ne peuvent remplacer l’âtre, cet astre de cendres mortes.
Pourquoi fuir des yeux, prier le miséricordieux
Et plaindre en société tous ces blés fauchés
Sous ces faux d’usuriers, et s’en remettre par Dieu
Aux promesses intéressées d’un paradis en ces lieux.
On souscrit pour les morts sur l’oubli des vivants…
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3. |
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Je bâtis pierre à pierre un monde dont je suis le roi
L’empereur, le juge, le premier soldat,
Et j’arracherai chaque ronce qui se dresse devant moi.
Que celle-ci donne des fleurs ne m’intéresse pas.
S’il le faut, du haut de mon beffroi
J’abattrai même le levant qui jette l’ombre sur moi.
Dans ma galerie des glaces
J’ai mis à l’œuvre les plus grands miroitiers
Afin que ma silhouette jamais ne s’efface.
L’idée de l’oublier m’angoisse.
Je suis mon propre roi,
Et bien que dénué de sujets,
Sur tous les murs sont placardés des décrets,
Des rappels à cette loi.
Le droit c’est moi
La raison c’est encore moi
La vérité c’est toujours moi
Dans ma galerie des glaces
J’ai usé les plus beaux pinceaux
Pour relater mes exploits.
Aucune défaite, que des victoires,
Mes échecs n’en sont pas, puisque j’écris l’Histoire.
En quelques beaux tableaux, un traumatisme
Devient acte d’héroïsme.
Et ma plume inspirée voit se muer, sur des milliers de pages,
Le fragile en une force, la lâcheté en courage.
Dans ma galerie des glaces
Toujours plus fort sonnent chœurs et violons
Afin d’étouffer l’horrible question
Qui monte à ma terrasse :
A quoi bon être roi
Quand tout le monde l’est déjà ?
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4. |
Les Heures Impatientes
07:32
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Je ne reconnais plus ces murs,
Où s’agitent les ombres d’inconnus.
Les digues du présent se fissurent
Dans ce labyrinthe sans issue.
Où sont passés tous mes biens,
Maison, amis, hier, demain ?
Je sais que c’n’est peut-être rien,
Dites-moi où suis-je, voulez-vous bien ?
Où sont-elles donc ces âmes fidèles
M’ayant promis chacune mille veilles
Les rêves au réel maintenant se mêlent.
Le merveilleux se tache de vermeil.
Suis-je dans la plaine des Asphodèles,
Sans ailes pour regagner le Ciel ?
Pourquoi ce mutisme des défunts,
Dont pas un daigne me prendre la main ?
Six mois d’hiver où l’être frissonne,
Tout ça pour six minutes impatientes ?
Tout ce dédale n’est qu’une salle d’attente
Où jour après jour se meurt Perséphone.
Que n’aurais-je souhaité voir Orphée,
Au coeur de la nuit me chantant le jour.
Qu’il échoue donc à me sauver,
Mais qu’il me condamne par amour.
Regarde moi, regarde moi, toi qui passes et m’ignores.
Rappelle moi, qui je suis, qui tu es en ce monde.
Reviens moi, souviens toi, ne me laisse pas dehors.
Tel Narcisse je fuis l’inconnu de l’onde.
A tous les absents ici présents,
Quels sont vos noms, quels sont vos liens, vos âges ?
Le fil de ma vie se déroule sous mes yeux,
Une main fine m’en montre les chemins
La clarté fugace d’un moment serein,
Révèle la nuit qui s’installe en moi.
La bête se tapit dans mon ombre,
Elle se nourrit de tous mes oublis et de qui je suis
Jusqu’à mon nom.
Chaque minute est éternelle,
Et son frêle écho tinte aussitôt dans les longs sanglots
D’un père qui appelle.
Soudain la caresse d’une brise,
L’obole versée de mes souvenirs m’a fait traverser
La lumière du Léthé.
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5. |
Par Les Sentiers Oubliés
04:09
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6. |
Carnets Sur Récifs
05:02
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Les adieux sur les rives
Et les pistes de poussière.
Les traces s’évanouissent
Une larme à la mer.
Aller, rêver, être
Dans l’inconnu, renaître.
Du ciel devenir roi
Être seul face à soi.
Les dunes blondes drapent de nuit
Ceux qui s’endorment dans leurs plis.
La lune se mire dans les eaux noires
Là où les glaces prennent ceux qui s’égarent.
L’orage se joue des ailes de papier
S’échouant brisées sur les sommets.
Nous avons affronté seuls les tempêtes d’antan.
Nos carnets effacés sur les récifs du temps.
Les lettres tant espérées dispersées aux grands vents.
Nous avons payé à l’éternité plus que le prix du sang.
La solitude de l’immensité.
Les pertes d’amis tant regrettés.
Nos épaves toujours abîmées.
Toutes nos gloires affligées.
L’attente sans fin de l’être aimé.
L’enfant qu’on ne put élever.
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7. |
Cent Ans Comptés
07:26
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Né à la mort de mon père,
Tué pour l’Aigle sur la plaine,
J’ai appris des silences de ma mère
La pudeur qu’impose la peine.
J’ai vu les rentiers anoblis
Rentrer de par les champs déserts,
Où nous allions jouer entre amis
Les grandes batailles de naguère.
De grands yeux me sauvèrent
Des peurs d’enfant, du temps,
De ces rues pleines de colère.
Couronnée de blés tressés,
Elle riait sous l’averse d’été
De mes promesses d’éternité.
Qu’elle était belle sous les lys.
L’on entendit les noces
Célébrées des canons de Paris.
Prendre sur les ruines de sa nation
Chaque nouvelle pierre des fondations,
Bâtir son foyer de ses mains,
Pour sa famille de demain.
Ni invention, ni révolution,
Ne l’emporta sur la transmission de mon nom.
Le monde pouvait grandir, gronder, gémir,
Pour les miens j’allais devoir vivre, me battre, libre de choisir.
J’ai tant prié sous les étoiles
Que jamais nos joies ne s’éteignent.
Devant ton visage si pâle,
Il n’y a pas un cœur qui ne saigne.
Ton départ soudain fut le voile
Qui vint assombrir ce règne
Perdu dans les fièvres du mal
Que tous les rois faibles craignent.
Toujours les mêmes vols d’étourneaux
Ne laissant plus que des poussières,
De ce qu’ont semé les travaux
De nos myriades de journalières.
Ils changent de ton selon les classes,
Vous sifflent en chantant l’air national,
Pour toujours le même plumage de voraces,
Pillant ensemble Commune et Versailles.
Tant de Noëls passés
A rêver de se retrouver.
Sous l’empire des souvenirs
Bien trop voir l’avenir.
Les ombres des hommes trop portées
Nous dirigent vers l’obscurité
Où seule votre lumière brille,
Ma mère, ma tendre, mes fils et filles.
J’entends les aigles haranguer
Au plaisir des sansonnets.
Cent ans comptés que je suis né,
Puisse la paix tous nous emporter.
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8. |
Contre Les Fers Du Ciel
05:25
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Je vois dans vos yeux le deuil d’un autre,
Écho de mon glas sous les chœurs de patenôtres.
La robe blanche d’été disparaît dans ma nuit ,
Ce voile noir qui me toise, ces jours dits qui me fuient.
Tout tourne et s’efface, vos sourires, vos pleurs
Et je crains, hélas, que sonne la dernière heure.
Le rideau se referme, cette nef sombre.
Les applaudissements mettent un terme au théâtre d’ombres.
Ces ombres des vaincus qui me suivent,
Cortège lunaire descendu de l’éther.
N’ayant pu être ni Christian ni Molière
L’oubli m’attendrait-il sur l’autre rive ?
Roxanne, Raguenau, Lignière, Le Bret ?
Où êtes-vous mes cadets ? Un à un, enlevés !
Le fifre s’est tu … Le pâtre, disparu.
Dans l’horizon blême les salves vous saluent.
Ces mains tremblent sur l’adieu de papier,
Les yeux troublés autant que le cœur serré.
Larme et sang dans la voix qui s’égare ...
Où es-tu Camarde ? Il se fait tard …
Et pourtant je m’élève contre l’odieux de cette scène.
Pour toute gloire, n’aurais-je donc que cette peine ?
J’ai tué d’une touche l’amour du paraître,
Quoi que mourant un peu plus à chaque lettre.
Je suis cette écharpe maculée de terre,
Une cible agitée au mépris de l’ennemi,
Dont la foudre rageuse cherche à taire mon rire,
Ce tonnerre qui le moque autant qu’il le ruine.
Et je me bats, je me bats, je fends ombres et silences,
Les regrets, les remords, et les pénitences.
Quoi, la Mort suivrait mes pas ?
Appréciez son respect de la préséance.
Servir intrigants, profiteurs, médisants et menteurs,
Les escrocs vils de la scène à profits,
Ces âmes noires serviles en votre sein nourries
Vous dépouillant de vos plus belles heures ?
Non merci, non merci.
Ne plus se mesurer aux fers du Ciel
Que l’on croise en vain d’un air vif et amène,
A cent contre un ! En pieds de vers et pas de duels,
Le geste affûté, incisif, approchez, j’assène !
Ici gisent en terre
Toutes les hontes
D’un calice amer à la lie infinie.
Ces chœurs de vanité
Qui puissamment montent
Réduits au silence
D’une rime choisie.
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9. |
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Pauvres poupées
Qui vont qui viennent (Allan Allan)
Pauvre fantôme
Etrange et blême (Allan Allan)
J'entends ton chant monotone
La nuit frisonne (Allan Allan)
J'entends ton coeur fatigué
D'avoir aimé (Allan Allan)
D'étranges rêveries comptent mes nuits
D'un long voyage où rien ne vit
D'étranges visions couvrent mon front
Tout semble revêtu d'une ombre
L'étrange goût de mort
S'offre mon corps
Saoûle mon âme jusqu'à l'aurore
L'étrange Ligeia renaît en moi
De tout mon être je viens vers toi !
Masque blafard
Tu meurs ce soir (Allan Allan)
Masque empourpré
De sang séché (Allan Allan)
D'où vient ta peur du néant
Tes pleurs d'enfant (Allan Allan)
Qui sont les larmes
De tes tourments ? (Allan Allan)
D'étranges rêveries comptent mes nuits
D'un long voyage où rien ne vit
D'étranges visions couvrent mon front
Tout semble revêtu d'une ombre
L'étrange goût de mort
S'offre mon corps
Saoûle mon âme jusqu'à l'aurore
L'étrange Ligeia renaît en moi
De tout mon être je viens vers toi !...
Allan (1988)
Paroles : Mylène Farmer
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Abduction France
Abduction is a French Black/Death Metal band created in 2006.
Abduction plays Black/Death Metal
music with complex and varied songs. Atmosphere and varied ambiences, principally influenced by bands like Dissection, Opeth or Primordial.
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