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Stönerhead go!
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Rouleau compresseur ? Mâchoire de t-rex ? Marteau-pilon ? J’hésite entre plusieurs images, hélas trop convenues pour décrire la puissance de DEAD ACID PEOPLE. Ah oui, tiens ! je vais dire Stönerhead, sous-entendu la puissance de MOTÖRHEAD en version stoner, voilà qui caractérise pas mal Feed Me, le nouvel et troisième album du quatuor parisien.
Je souris en regardant la pochette de l’album avec son côté sci-fi un peu kitch : dans la plaine de la Beausse, une gigantesque araignée surplombe de sa froideur meurtrière un tas de betteraves amassé sur le bas-côté d’une route de campagne, alors que dans le lointain du ciel laiteux se fondent trois soucoupes volantes attirées par un pilonne qui leur fait de l’œil. Au vu de l’artwork qu’il signe, je sais déjà que le bassiste ne manque pas de second degré. Ça commence bien.
Jolie introduction de bourdonnements glauques sur des dialogues de La Petite Boutique Des Horreurs avec les « nourris-moi ! nourris-moi ! » suppliants d’Audrey II, la plante carnivore de Seymour. Enfin, je ne vais pas vous refaire le film. Et bim ! Feed Me explose dans un cri rauque, sur un riff écrasant. La puissance est omniprésente, soit explosive, soit latente toute contenue dans le son imposant de la basse. (Petite parenthèse pour féliciter Youri BENAÏS qui nous a concocté le mixage dynamique et brut qu’il fallait). Le stoner velu flirtant avec du sludge bien crasseux continue de plus belle sur Control. J’adore cette voix testostéronée, la guitare chargée de fuzz, la batterie martelant et, sur le final, le son de la basse qui devient encore plus imposant qu’imposant. Un gros kiff ce titre. Mais DEAD ACID PEOPLE se charge d’une nouvelle dose de doom pour délivrer un Strong Belief d’une magistrale lourdeur. À noter qu’à aucun moment la construction mélodique n’est oubliée, y compris sur les titres centrés sur la rythmique comme celui-ci qui nous réserve quelques évolutions soignées.
Allez, respire trois coup pendant le tic-tac de la machine au début d’In The Mirror car après tu n’en auras guère l’occasion. Très, très bon titre, à la fois rentre-dedans et pétri d’une surprenante mélodie. Avec Flash Blood, tout commence par une rythmique tribale en mode frappe lourde soutenue par la basse jusqu’à ce que s’enclenche un riff de six-cordes très heavy metal. Super intro ! et super morceau rempli de surprises. Les bourdons synthétiques inquiétants de The Two Of Me rodent autour de toi, bien vite détrônés par une basse monstrueuse et un riff titanesque qui collent au slow tempo pour un effet pachydermique garanti – le morceau le plus lourd du skeud. Gros kiff ! Amis folkeux, comme nous avons tous besoin de reprendre un peu nos esprits, le groupe a l’idée de faire démarrer le dernier morceau de manière acoustique, avec en prime de jolies harmonies vocales et tout, et tout. Est-ce toujours Mathieu au chant sur ce No Thing ou bien s’est-il fait greffer un caméléon à la place de la glotte ? Evidemment, à mi-parcours tu te reprends un nouvel orage électrique sur le chou, mais il ne frappe pas comme dans les titres précédents, c’est plus vicieux, plus subtile, jusqu’à retomber sur la guitare sèche de l’intro accompagnée d’un piano. Je crois vraiment que c’est pile poil le morceau qu’il fallait pour abattre en fin de partie un nouvel atout qui plie le game.
J’écoute beaucoup de stoner, pour ne pas dire, énormément de stoner. Eh bien, sachez que Feed Me sort vraiment du lot. Les règles du genre sont respectées, la puissance est au rendez-vous, mais chaque morceau contient une épice bizarre qui rend le plat unique. Je dévore cet album de la première à la dernière note : efficace et surprenant.
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DEAD ACID PEOPLE est composé de : - Mathieu THOLLET, chant ; - Stéphane BAUDRY, guitare ; - Alain LE STIR, basse ; - Matthieu GARIN, batterie.
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Discographie : - 2016 : Mocker Fuzzers - (LP) ; - 2019 : Earth, Weed & Fire - (LP) ; - 2024 : Feed Me - (LP).
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Extrait de Feed Me : - Feed Me : Cliquez ici !
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