Rory : diantre, que ce mec s'avéra magique à la guitare au fil de la décennie 70 !!!
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Pendant longtemps, l’héritage du guitariste et chanteur irlandais de Blues Rock Rory GALLAGHER a semblé suivre un trajet quelque peu erratique. Si la publication de versions remarquablement remasterisées (voire plus ou moins augmentées) de tous les albums studio et live officiels ne fait guère de débat, le fan eut davantage de peine à suivre les parutions de CD ou de DVD. Pourtant publiés par le label de l’artiste, il y eut d’abord un vrai-faux bootleg, avec le coffret trois CD G-Men Bootleg Series, Vol. 1 (1992), mais aussi des compilations officielles : Etched In Blue (1992), puis Blue Day For The Blues (1995), The Big Guns (2005), The Essential (2007), The Best Of Rory Gallagher (2020). En 1999, le double CD The BBC Sessions sembla solder pour le meilleur la collaboration du guitariste irlandais avec la radio nationale britannique… nous voyons aujourd’hui ce qu’il en est !
Le versant plus acoustique et Folk fut mis en exergue par Wheels Within Wheels (2003). Excellent complément documentant la première partie de carrière de Rory en solo, The Beat Club Sessions propose douze titres (2010). En 2011, dans un format livre, voilà enfin de l’inédit studio, baptisé Notes From San Fancisco, avec la première publication de sessions avortées de ce qui allait devenir le tranchant Photo-Finish (plus douze titres live en rapport avec la période). En 2019, un double CD, explicitement baptisé Blues paraît sur le label mythique en la matière, Chess records.
Les décennies post-mortem furent également ponctuées de DVD. Mais aussi de CD live : Check Shirt Wizard-Live in '77 (2020), All Around Man – Live (2023) Depuis quelques années, ont vu le jour des éditions remasterisées – furieusement augmentées - de certains albums, sous forme de coffrets luxueux, sélectionnées uniquement parmi les premiers albums de l’artiste en solo, à savoir Rory Gallagher (1971), Deuce (1971) et Irish Tour ’74 (1974), elles font les délices des fans ultimes. Cependant, si l’on admet une logique chronologique, que deviennent Live In Europe ! (1972), Blueprint (1973) et Tattoo (1973) ? Mystère et boule de blues…
Aussi, quand s’annonça ce The BBC Collection, le fan ne pouvait que s’interroger : oasis révélée ou pillage de bourse ? Annoncé en format réduit (double CD, avec une sélection non identique à l’édition de 1999, sinon c’est moins rentable) et expansif (18 CD et deux Blue-Ray), le coffret vaut l’investissement. Débutons notre description critique de l’édition plantureuse par le contenant. A savoir un coffret rigide au format 33 tours, comportant un livret au de type livre à couverture rigide (excellent texte biographique, iconographie fastueuse) et deux fourreaux plats, reproduisant de vieux amplis du maestro. Le premier fourreau ne comprend pas moins de 12 CD, documentant les sessions de Rory pour la BBC de 1971 à 1977. Avec un accent éminent sur le versant Blues Rock, voire Blues tout court. L’occasion de se gaver de leçons de Blues, qu’il soit acoustique ou électrique, dans la filiation du Chicago Blues et dans sa réappropriation britannique de la fin des années 60 (songeons à CREAM, FLEETWOOD MAC, THE YARDBIRDS, puis LED ZEPPELIN, TEN YEARS AFTER ou TASTE, power trio qui vit Rory connaître ses premiers succès publics). Sélection idéale, sauf pour le 4ème CD, réservé aux fétichistes anglophones, car consacré à la biographie du guitariste emblématique par son confrère tout aussi défunt que talentueux, j’ai nommé Gary MOORE.
Le second fourreau recèle six CD et deux Blue-Ray. Le versant CD s’étale de 1978 à 1984, documentant la période la plus mordante, qui attira nombre de fans de Hard Rock. On apprécie notamment la restitution du concert de 1980 en tête d’affiche du mythique festival de Reading. Que du croquant, que du gouleyant, énervé mais toujours subtil. Concernant la partie vidéo, nous n’avons pas droit à une stricte intégrale du guitariste irlandais sur les chaînes télévisées du service public britannique, mais à une représentation roborative, soit 32 titres interprétés, plus deux interviews. Force est de constater la capacité de Rory GALLAGHER de transcender des cadres télévisuels, parfois pour le moins limitatifs, voire ringards, le meilleur revenant aux captations d’authentiques prestations scéniques.
Impossible d’entrer dans le détail de chaque CD et DVD. Certes, dans sa version complète, ce coffret représente un véritable investissement, mais il constitue surtout un formidable oasis, évidemment pour les fans ultimes du guitariste. Cela dit, les fans de telle ou telle période trouveront à se satisfaire : les débuts Folk et Blues, la période pivot, si subtile et riche (de Blueprint, 73, à Calling Card, 76), la tendance plus rugueuse (de Photo-Finish, 78, à Jinx, 82). Largement moins prolifique sur un plan discographique (seulement deux albums studios, Defender en 87, et Fresh Evidence en 90) et moins populaire, la fin des années 80 se trouve presque logiquement sous représentée : le CD le plus récent datant de 1984 et les témoignages vidéos consistent en sept titres de 1984 itou, seules une interview et une version de I Can’t Be Satisfied pour 1985. Impitoyable business de la musique…
En attendant, si vous en avez les moyens, tentez d’acquérir un exemplaire du coffret complet (cela a dû partir comme des petits pains !) pour profiter à plein de quasiment toutes les périodes en solo de cet immense pourvoyeur d’émotions (Folk, Blues, Bues Rock, Hard Blues, au final, on s’en fout !) que fut ce technicien hors pair de la guitare, un guitariste irlandais originaire de Ballyshannon.
Vous voulez une preuve de la capacité de Rory GALLAGHER à délivrer du Boogie Blues lent, pesant et rugueux, voici un témoignage vidéo d’All Around Mand (1976) : cliquez ici
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