Des tentatives convaincantes, mais une longueur excessive
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DROPBUNNY, bien intriguant nom de groupe, vous évoquera sans doute les aventures d’un célèbre lapin créé par la Warner Bros. Cependant, les musiciens de Melbourne n’entendent pas exactement s’illustrer dans une veine comique, comme le suggèrent les deux définitions de « dropbunny » présentées en haut de page de la rubrique info de leur site. Ce vocable peut ainsi désigner un esprit frappeur apparaissant sous la forme d’un lapin vert, qui cause de terrifiantes visions à la personne qu’il possède, ou un trouble mental voisin de la schizophrénie. Telles sont les augures sous lesquelles se place IO, un album à l’artwork plutôt dérangeant : au premier plan figure un homme sur le crâne duquel est greffé un interrupteur, illustration malsaine du titre de l’œuvre.
Avec IO, la formation, au personnel plutôt étoffé – il s’agit d’un septette – explore des territoires très variés. Le Neo Metal y occupe une place importante, par exemple sur The Nightmare From Which You Cannot Awaken ou This Relentless Momentum, dominés par de terrifiants growls. Another Lost Kid, en revanche, se rapproche du Grunge, notamment du fait du chant de XERO, plutôt bien mis en valeur dans ce registre. En fin d’album, au cours d’Inchoate, je lui trouve même des accents de Marilyn MANSON, qui confirment la richesse de ses voix.
DROPBUNNY opte régulièrement pour un Metal expérimental qui prend pourtant sa source dans des genres bien établis, notamment ceux que nous venons d’évoquer. Au moyen d’une basse très en avant et de cris gutturaux, Plummet développe un climat anxiogène. De la même manière, l’intervention d’un violon strident constitue la surprise d’un This Relentless Momentum marqué par la brutalité. Enfin, Pentagonal Plywood Prison, le titre le plus réussi de l’album, débute à la manière de certains morceaux Grunge, par des guitares en son clair, avant que ses chœurs ne viennent nous glacer le sang.
Cependant, IO n’est pas exempt de tout reproche. En premier lieu, il affiche une longueur excessive, avec pas moins de dix-huit titres. Certes, la plupart apparaissent intéressants, mais un tel format mène immanquablement à des plages dispensables : The Architecture Is Wrong m’a même paru pénible. Je n’ai par ailleurs guère été convaincu par There's Nothing Here And It Screams, final dont l’intitulé figure curieusement dans les paroles de l’introductif Plummet.
Ensuite, la diversité proposée par DROPBUNNY le conduit parfois à juxtaposer deux courants musicaux dans le même titre. Une optique pas nécessairement très heureuse, en particulier sur CFDA dont les passages Grunge se révèlent bien plus agréables que ceux teintés de Neo Metal. Cet état de fait peut donner l’impression que le groupe cherche son style… à moins qu’il ne s’agisse d’une caractéristique inhérente à la musique expérimentale ?
Line-up (en V.O.) :
John BARRYMORE : bass, double bass, guitar, sitar REFUND : guitar, electronics, fish tanks, sawing, yelling FRASHER : drums TIRUNIDETH : singing, screaming, violin BLACKJACK : death roars, singing, car parts FLOCKODILE : singing, screaming, electronics XERO : vocals, guitar, bass, electronics, violin
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