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Merveille épique
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Depuis le début du siècle, le groupe grec à chanteur allemand BATTLEROAR s'efforce de synthétiser toute une tradition du Heavy Metal, axée tout à la fois sur la puissance et les ambiances épiques. Tout débuta dans les années 80, dans le sillon d'un BLACK SABBATH transcendé par l'arrivée de Ronnie James DIO, de MANOWAR bien sûr, voire d'un IRON MAIDEN pas avare de chevauchées envoûtantes. OMEN, MANILLA ROAD, CIRITH UNGOL, GRIFFIN et quelques autres tentèrent de développer leur vision du Heavy Metal, dans un contexte peu propice, car dévolu au Speed et au Thrash.
Médiatiquement occultée, voire moquée, cette tendance du Metal n'abdiqua jamais et se constitua de solides bastions en Allemagne, dans certaines régions des États-Unis mais aussi en Grèce. Si les trois albums de la décennie 2000 (Battleroar en 2003, Age Of Chaos en 2005 et To Death And Beyond... en 2008) mettaient l'accent sur la puissance guerrière, Blood Of Legends, paru en 2014, voyait le groupe introduire des éléments moins strictement virils, comme du violon (relire la chronique ici : cliquez ici).
Codex Epicus ne se contente pas de poursuivre ce début d'évolution, il présente un groupe qui a carrément opéré une mue vers un Heavy Metal épique et nettement plus ouvertement orchestral. Pas de panique dans les rangs, BATTLEROAR n'a ni renoncé à son amour invétéré du Heavy Metal à l'européenne, ni adopté une approche cinématique, bombastique et cliché. Point question ici de démesure, de tonnes de synthétiseurs vomissant des torrents de cuivres de pacotille ! Le principal apport orchestral réside dans l'utilisation d'un chœur mixte qui rehausse avec maestria et bon goût de nombreux passages. Organique et toujours au service des compositions, ces parties chorales démultiplient la dimension épique.
Par ailleurs, les fondamentaux du groupe demeurent fermement ancrés dans le Heavy Metal de tradition, avec une batterie puissante, des lignes de basse métalliques, des riffs saccadés et de splendides solos de guitare, très mélodiques et construits. Tout au plus, on note que, comme sur l'album précédent, le tempo global opte dorénavant pour le mid-tempo plutôt que pour les charges effrénées. Peu importe car BATTLEROAR y gagne en majesté ce qu'il perd en frénésie. Même si les compositions demeurent très lisibles et semblent couler de source, elles évitent les approches trop évidentes et linéaires. Chaque titre comporte plusieurs séquences, notamment les quatre qui affichent des durées respectables (comprenez entre sept et huit minutes). A la clé, chaque morceau développe en son sein une dramaturgie qui lui est propre et qui, surtout, embarque l'auditeur dans l'univers de BATTLEROAR.
Nous avons évoqué l'apport essentiel des chœurs mais il ne faut pas se quitter sans souligner la qualité de la prestation du chanteur allemand Gerrit MUTZ (également en poste au sein de DAWN OF WINTER et de SACRED STEEL, ancien de TRAGEDY DIVINE). Sans effets de gorge ostentatoires, cet homme peut adopter un ton médium et clair ou crisper les choses en devenant plus rauque et plus agressif.
Enfin, s'il fallait une preuve supplémentaire (ou plutôt deux) que BATTLEROAR demeure fidèle à ses inspirations initiales, sachez que le titre Sword Of The Flame accueille les vocaux si caractéristiques du Mark SHELTON, guitariste et longtemps chanteur de MANILLA ROAD (il intervenait déjà sur un titre de l'album The Age Of Chaos), et que la version CD comprend Stronghold, composition qui figurait en 2017 sur un split-single avec... OMEN ! OMEN et MANILLA ROAD dans une même phrase, c'est déjà extrêmement intense, mais si on rajoute BATTLEROAR, cela devient forcément épique !!!
Chronique dédiée à Raskal l'épique.
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