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Des larmes toujours aussi salées
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J'ai découvert ce groupe suédois en 1994, à l'occasion de la sortie de son premier album, Greater Art ; l'attrait pour ce Doom aux relents gothiques se trouva confirmé l'année suivante par l'album Headstones. Tout en conservant les paramètres fondamentaux du Doom (lenteur et lourdeur) et du gothique (mélancolie et noirceur), LAKE OF TEARS fit bouger le cadre en 1997 avec une grosse injection de psychédélisme à l'occasion de A Crimson Cosmos. Depuis lors, affranchi des limites propres au Métal, LAKE OF TEARS trace une route personnelle, régulièrement ponctuée d'albums, Ominous étant le dixième de la lignée.
Longtemps trio, LAKE OF TEARS est aujourd'hui entre les seules mains du guitariste et chanteur Daniel BRENNARE, dont l'inspiration s'affiche comme ostensiblement sombre, sinistre et pessimiste. On est bien loin des apports colorés de A Crimson Cosmos et de The Neonai (2002). Fort heureusement, si l'ambiance générale baigne dans les teintes les plus sombres, l'écriture de BRENNARE demeure musicalement variée.
C'est ainsi qu'en ouverture d'album, le mid-tempo carré At The Destination affiche des velléités Rock gothique, baignant dans des arrangements rythmiques électro : efficace en diable, représentatif du style de base de LAKE OF TEARS. Cependant, il me semble plus intéressant de s'immerger dans la composition suivante, In Wait And In Worries. Grâce à une durée s'approchant des sept minutes, ce titre débute doucement, en mode majoritairement acoustique, avec un chant grave, profond et posé. L'intensité rythmique fluctue légèrement, l'orage enflant cependant dans la dernière partie du morceau. Par contre, l'orage prend rapidement les commandes du titanesque Lost In A Moment, monument de Doom majestueux, porté par des riffs d'airain, par une basse tendue au possible, par le martèlement hiératique de la batterie, par un chant incantatoire à mi-chemin entre angoisse et colère. Le tout rehaussé par des arrangements choraux saisissants. Pour ma part, je tiens là l'acmé de cet album !
Pour autant, la suite ne démérite pas, entre titres directs et nerveux (Ominous 1, The End Of This World), langueurs mélancoliques (Cosmic Sailor, Ominous 2, In Gloom en clôture d'album), voire alternance des deux facettes (One Without Dreams). C'est très bien réalisé, interprété avec conviction et nuance, produit de manière puissante et claire, avec un rendu suffisamment organique pour mettre en relief les tournures torturées à l’œuvre ici.
Vidéos de In Wait And In Worries cliquez ici et de At The Destination cliquez ici
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