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Une approche tribale du heavy rock
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L’histoire de MESSERSCHMITT remonte à 2004 dans le terroir norvégien de Halden. En 2013, le groupe sort son premier album éponyme chez Fysisk Format et commence à tourner en trimbalant sur scène une grande croix en fonte du 18ème siècle. Il faudra attendre 2016 pour que le trio se mette à bosser sur la composition du second album, Oh Death. Il entre en studio à l’Athletic Sound en 2020 et édite l’album en 2021 via le nouveau label fondé par le fameux pub-rock Siste Reis.
Question genre musical, il n’y a pas à couper les cheveux en quatre : c’est du 100% heavy rock naturel sans fibre synthétique, ça tourne en machine entre sludge, stoner et doom, mais ça ne rétrécit pas au lavage.
Vous avez noté que dans le titre de la chronique, je parle « d’approche tribale ». À cela, deux raisons : - La première raison tient à l’esthétique musicale avec ce recentrage sur des riffs très primitifs et une section rythmique énorme emmenée par deux batteurs et la basse de Carl Fredrik SANDAKER accordée au ras du plancher. - La seconde raison de nature anthropologique est la notion de tribu au sens quasi-littéral. En effet, au-delà de Torje VIESTAL, ce second batteur qui vient jammer avec Kristian DJUVE pour les sessions d’enregistrement mais aussi pour les concerts, une foule d’invités composent la tribu de MESSERSCHMITT. Ainsi, apparaissent sur l’album Thomas ERIKSEN de MORK (voix et solo de guitare sur Ave Satani), Kjetil NERNES d’ÅRABROT (guitares sur Oh Death), Jon Terje ROVEDAL (clavier sur No Tomorrow), Maria BAKKEN (voix féminine sur Oh Death). Et c’est sans compter les deux ingés-son qui ont brillamment mixé l’album, 4 morceaux pour Adam KASPER (Réf. : QUEEN OF THE STONE AGE, NIRVANA, FOO FIGHTERS, etc.) et 2 morceaux pour Kai ANDERSEN (Réf. : MOTORPSYCHO, BIGBANG, MADRUGADA, etc.)
Tout l’album me fait biberonner un concentré de heavy rock très très pêchu. Je ressens en continu une folle énergie probablement due à l’enregistrement live en studio, qu’il s’agisse de tempos rapides comme sur Gummo Ain’t For Nothing, ou de tempos lents comme If You See Me Weep. Dans ce déferlement de puissance écrasante, trois titres retiennent particulièrement mon attention :
Tout d’abord, l’excellent Ave Satani, qui malgré sa courte durée (2’44) me fait l’effet d’un véritable rouleau compresseur. La pièce démarre par le martellement des deux batteurs, puis une guitare hyper lourde entre en scène et la voix rauque de Thomas ERIKSEN hurle à filler le frisson avant un retour au martellement pour une seconde reprise de la furie. Crédidiou ! Ce titre aurait eu sa place sur le plus root des SEPULTURA !
Ensuite, No Tomorrow un morceau que l’on croit directement sorti de l’un des albums de BLACK SABBATH des années 70 et qui évolue vers un son sludge beaucoup plus contemporain et agressif. Mats-Henrik HANSEN alterne entre phases ozziesques et phases hurleur. Les interventions d’un vieux clavier sont excellemment bien senties et apportent une délicieuse dimension à l’affaire.
Enfin, la clôture de l’album avec Kill From Above est juste terrible. Ce titre basé sur un riff qui tourne à n’en plus finir ne me quitte pas. Il recèle en outre un solo grave déjanté et de magnifiques envolées, à la fois liées à un emballement de la rythmique, et à un son qui déploie par moment ses ailes comme pour emplir tout l’univers.
Variations et puissance des rythmiques, riffs primaires qui parlent directement à mon cerveau reptilien, chaque écoute en appelle une nouvelle. Oh Death est un des albums les plus addictifs de l’année. Salut, je vous laisse, je vais m’en repayer une tranche.
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MESSERSCHMITT est composé de : - Mats-Henrik HANSEN : guitare, chant ; - Carl Fredrik SANDAKER : basse ; - Kristian DJUVE : batterie ; + - Torje VIESTAL : batterie (musicien additionnel).
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Pour jeter une oreille sur l’album : - Oh Death : Cliquez ici !
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