J'ai pris la flèche en plein coeur
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J’ai avec THE NEPTUNE POWER FEDERATION une longue tradition de ratage. Maintenant que ce quintette australien publie son cinquième album, je peux tenter de rattraper le coup. Actif sur le plan discographique depuis 2013 et un premier album, poétiquement baptisé Mano A Satano (confidentiellement paru chez Erotic Volcano en 2012), le groupe accepta en un temps drastiquement resserré, une coproduction entre Erotic Volcano et Cruz del Sur Music, livrant naissance aux albums Lucifer’s Universe (2019), Neith A Shin Ei Sun (2019 à nouveau), Memoirs Of a Rat Queen (là encore en 2019), avant ce premier opus entièrement parrainé par Cruz del Sur music [afin de respecter la graphie retenue par le groupe et son label, nous ne corrigerons pas l’oubli de l’accent sur démon, tout en regrettant le manque de vérification – pourtant très facile – qui aurait permis d’afficher un titre en français correct].
Que les sources d’inspiration de THE NEPTUNE POWER FEDERATION relève des années 70, cela ne fait absolument aucun doute. Rock urgent et teigneux (THE ANGELS et THE SAINTS, encore et toujours ce génial tropisme australien !), Hard Rock, Heavy Metal, Rock psychédélique, Rock progressif, Glam Rock, Pop, le groupe ne recule devant aucun référentiel issu des années 70, aussi exigeant et codé soit-il. Riffs secs et tranchants, rythmiques carrées : voilà pour le Hard Rock séminal (Weeping In The Morn, alternant durant plus de huit minutes rythmiques épaisses et plombées et atmosphères épaisses, tendues comme un string, avec un sens du groove analogue à celui pratiqué par AC/DC). Riffs de guitares épais et rythmiques souples mais musculeuses : autant d’ingrédients indispensables pour garantir un rendu épais mais agile et réactif.
Le fait est que le chant de la surnommée Screaming Lozz Sutch (référence au chanteur et performer britannique SCREAMING LORD SUTCH, qui, dans les années 60 et 70, tenta de combiner Rock électrique et théâtralité digne du Grand-Guignol) s’impose de manière impériale, avec son registre médium à aigu, tantôt nerveux et percutant, suave et subtil, ample et lyrique. Les différentes facettes du talent de la chanteuse se côtoient sans cesse, à touche-touche au sein d’une même composition. Qui plus est, ses lignes de chant ébouriffantes et ultra-efficaces se trouvent constamment rehaussées par des chœurs, par des harmonies complètement pertinentes. La prestation sidérale de la vocaliste ressemble à une collision fructueuse entre Pat BENATAR (puissance et profondeur), Patti SMITH (l’investissement émotionnel, notamment dans les registres médiums à graves), Doc NEESON (THE ANGELS, pour la capacité à percuter et, dans le même élan, à dramatiser), Kim McAULIFFE (GIRLSCHOOL, pour la nervosité teigneuse), Freddy MERCURY (pour la versatilité), Suzi QUATRO (pour la fraîcheur et pour l’assurance). Sur le dernier titre, We Beasts Of The Night, on peut même affirmer que c’est l’ensemble du groupe qui sort de sa zone de confort. Ce titre d’un peu moins de six minutes débute comme une ballade en mode Americana, avec chants féminin et masculins en registres clairs qui se répondent. Au bout de 2’30, l’électricité prend la relève de l’instrumentation acoustique et l’on évolue dans une mutation Rock assez musculeuse, rappelant l’emphase d’un Bruce SPRINGSTEEN, voire le lyrisme de MEAT LOAF.
Vous l’aurez compris, Le Demon De l’Amour, constitue un album à la fois remuant, mélodiquement et rythmiquement addictif, convoquant une multitude d’influences, pour mieux servir un propos Rock dur contemporain. C’est dynamique, brillant, charmeur et ferme. On aime vraiment et on conseille très fortement l’achat.
Vidéos de My Precious One cliquez ici et de Emmaline cliquez ici
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