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Une enclume en métal inoxydable
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Teaseeeeer ! Pour ceux qui ignorent d’où provient le speech d’intro de l’album, j’ai retrouvé la vidéo dont il est extrait et je vous mets le lien en fin d’article mais attention, il est interdit de regarder avant d’avoir tout lu, mon Lulu !
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Jamais je n’aurais cru que je devrais attendre 2022 pour écouter mon futur album préféré d’ANVIL et pourtant ce fut mon ressenti lors de la découverte d’Impact Is Imminent.
Ce n’est pas un scoop, le trio de Lips joue du heavy metal traditionnel, pour ne pas dire qu’il a largement contribué à en forger les contours dès le début des années 80. Depuis lors, le groupe n’a cessé de peaufiner son art sans rien renier de son esprit rock, brutal et mordant, en éternels ados qu’ils sont. J’ai vu tellement de groupes perdre leur âme en vieillissant que ce constat me fait chaud au cœur.
J’ai un respect total pour ces seconds couteaux du heavy. Ne le prends pas mal, ami lecteur, j’entends simplement par « seconds couteaux » le fait que le groupe, malgré 40 ans d’existence et 19 albums studio n’a jamais conquis une notoriété grand public comme certains autres et que c’est peut-être même tout à leur honneur. Mais évidemment, dans le monde du metal ils sont connus comme le houblon. Attends ! Ils ont quand même 180.000 followers dans la Face du Bouc. (À titre de comparaison, GOJIRA est à 880.000, IRON MAIDEN à 13 millions, et METALLICA à 36 millions… et les 2 pages officielles de SORTILEGE et SORTILEGE-bis cumulées arrivent presque à 9000, qui l’eût cru ne l’aura pas cuit.)
Cependant tout ceci m’en touche une sans faire bouger l’autre et ce qui compte en réalité, c’est que je me régale à écouter Impact Is Imminent, le vrai sujet du jour.
Comme d’hab, je me concentre sur le morceau d’ouverture qui généralement donne le ton de l’album. Take A Lesson est une leçon de pounding metal hymnique, le morceau n’est pas sans rappeler l’ambiance destructrice de leur célèbre Metal On Metal. La pièce n’a pas un tempo très rapide mais est d’une puissance diabolique. Au passage, je note que Robb Reiner est définitivement un monstrueux batteur de metal, avec des transitions mortelles et des accélérations qui donnent l’impression de se prendre 10 G dans la figure.
Pour ne pas nous laisser le temps de reprendre nos esprits, la bande embraye sur Ghost Shadow, un brulot speed extrêmement bien senti. Il y en aura au moins un autre de la même veine sur l’album : The Rabbit Hole. Les riffs y sont tellement acérés et la section rythmique si bétonnée que la lumière ne traverse pas. A propos de lignes de basses imperméables à la lumière, cela fait maintenant déjà huit ans que Chris a rejoint le groupe et, non seulement sa basse est totalement au service de la puissance du power trio, mais il apporte un petit plus grâce à ses chœurs qui ajoutent une touche sympa aux harmonies vocales.
En troisième plage, Another Gun Fire se positionne sur l’un des terrains favori d’ANVIL : le mid-tempo a propension écrasante, ce qui constitue finalement la meilleure définition du true heavy metal. Ce sera plus tard le cas avec Lockdown, Schockwave ou le superbe Wizard’s Hand dont la rythmique de tueur me rappelle qu’ANVIL (tout comme RAVEN) a été une évidente source d’inspiration pour les premiers groupes de thrash metal.
Au cœur de l’album se succèdent deux magnifiques brulots bien fluides : Someone To Hate et Bad Side Of Town. Sur ces morceaux, se superposent une mélodie à la voix et/ou à la guitare assez ample qui jongle avec des blanches, voire des rondes, tandis que derrière la section basse-batterie-guitare rythmique court après le diable à coup de croches, doubles ou triples, ce qui a pour effet de vous graver une jolie mélodie dans la tête tout en conservant cette impression de course effrénée. C’est aussi trompeur qu’une sangria coupée à la vodka.
ANVIL c’est aussi le rock’n’roll et j’en savoure sur cet album trois spécimens bien racés et pourtant très distincts l’un de l’autre. Tout d’abord Teabag, un instrumental incisif que l’on croirait construit autour de la prestation d’une basse bulldozer. Ensuite, il y a Don’t Look Back, un mid tempo très rock que je pourrais tout à fait imaginer dans les mains d’un Ted NUGENT, par exemple. Et enfin, le fameux Gomez, petit instrumental de clôture qui mixe allègrement, du rockabilly, du metal et des cuivres jazz pour un résultat carrément fun.
J’admets vous avoir présenté l’album dans le désordre. Sachez qu’en vrai la tracklist est très intelligente et intercale de manière astucieuse les différentes couleurs du trio : titres bourrins, metal hymnique, sangria coupée à la vodka et rock ascendant fox à poil dur.
Alors oui, sur Impact Is Imminent, ANVIL fait du ANVIL pour les fans d’ANVIL, mais il le fait très bien et qui plus est avec une production impeccable et je parie que grâce à cet album le trio réjouira sa fan base et l’étendra à de nouveaux aficionados. Pour paraphraser Doug MARCAIDA (maître d’arme dans le jury du Meilleur forgeron et familier des enclumes) : « Messieurs, votre album peut tuer ! »
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ANVIL est composé de : - Steve ‘Lips’ KUDLOW, guitare, chant ; - Robb REINER, batterie ; - Chris ROBERTSON, basse, chœurs.
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Extrait de Impact Is Imminent : - Ghost Shadow : Cliquez ici ! - Take A Lesson : Cliquez ici !
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Alors ? Vous brûlez de tout savoir du contexte dans lequel a été prononcé le paragraphe d’intro de l’album ? Pour lever le voile, Cliquez ici !
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