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Contrastes et tensions à l'origine de la rumeur
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A ne pas confondre avec le combo américain homonyme de Metalcore, ce RUMOURS-ci est un sextette allemand qui livre avec The Lower We Sink, The Less We Care son premier album, tout juste précédé en 2020 du EP quatre titres Neither Innocent Nor Wavering. Une chose m’a instantanément plu à la première écoute – et aux suivantes -, c’est que ces huit titres m’évoquent quantité de références, sans cependant pouvoir se laisser emprisonner dans l’une ou l’autre. Sans non plus que le groupe ait cru malin de ventiler ses influences sur des morceaux précis, l’ensemble de l’album formant un tout incontestablement cohérent. Au-delà du plaisir viscéral propre au Rock de qualité, tentons de comprendre le pouvoir attractif de ce combo certes singulier, quoique pas vraiment révolutionnaire. Un paradoxe musical en somme…
Première dimension à souligner, cet album se trouve traversé de part en part par une énergie impérieuse, directe, typique d’une urgence impérieuse, tranchante, d’un romantisme canaille, que l’on trouva à l’œuvre, au fil de l’histoire du Rock, chez les ROLLING STONES, chez les NEW YORK DOLLS et les FLAMIN’ GROOVIES, chez Richard HELL & THE VOIDODS et TELEVISION. Un tranchant Heavy Rock que l’on rencontra également au tout début de BLUE ÖYSTER CULT. Un goût pour les guitares plurielles se répondant avec fièvre dans des exercices en solo comme chez LYNYRD SKYNYRD (The Sky Is Comin’ Down Again). Condensée et rageuse, mais toujours aussi foncièrement Rock, cette puissance nerveuse se retrouva dans le Punk, chez THE DAMNED en premier lieu.
Seconde caractéristique, la limpidité du son et la persistance d’impératifs mélodiques, même dans les passages les plus intenses et sévères. Peut-être un lointain héritage de l’élégance un brin acide de formations britanniques comme THE KINKS et THE SMALL FACES. Et ce groove tendu, de quoi est-il l’héritage ? Peut-être des débuts succulents de HUMBLE PIE.
Que peut-on trouver en commun entre tous ces groupes dispersés dans le temps et dans le champ référentiel ? Un goût pour un son limpide. Une appétence pour les riffs secs et cinglants. Un amour non démenti pour le swing du Rock’n’Roll originel et pour le métronome rythmique du Boogie essentiel. Une morgue et un mordant dans l’interprétation, tant musicale que vocal.
Est-ce tout ? Si oui, ce serait déjà pas mal, mais force est de constater que d’autres forces sont à l’œuvre, plus roides, plus sombres, plus morbides. Tant l’univers conceptuel adopté par RUMOURS que la roideur rythmique minimaliste, le chant oscillant entre existentialisme jouisseur et romantisme morbide, évoquent pêle-mêle l’attrape-tout de GENERATION X (et le premier Billy IDOL) et la roideur décharnée des SISTERS OF MERCY.
Une parfaite réussite entre chaud et froid, un équilibre mouvant entre souci de la mélodie et nervosité rythmique, entre une certaine raideur et ce swing irrésistible du Rock’n’Roll. Un jeu des contrastes que l’on retrouve dans le chant, certes clair et articulé, mais aussi agressif, porté par une urgence viscérale. Bref, un album qui ne laisse pas indifférent.
Vidéos de I Am The Midnight cliquez ici et de l’album cliquez ici
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