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Metal épique : un sommet est atteint !
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Fondé en 1997 aux Etats-Unis (puis relocalisé à Chypre), ARRAYAN PATH fait aujourd’hui figure de vétéran puisque Thus Always The Tyrants est tout de même le neuvième album studio du groupe ! Encore une fois, ce copieux album devrait permettre la convergence des amateurs de Heavy Metal traditionnel à tendance épique (pour demeurer dans la sphère hellénique, citons ACHELOUS, BLACK SOUL HORDE, SERPENT LORD, BATTLEROAR, WISHDOOM, DRAGON SKULL, SACRED BLOOD, VALIDOR, VALOR, STEEL ARCTUS, TIDAL DREAMS, DARK NIGHTMARE…) et les adeptes exigeants de Heavy Metal orchestral à la VIRGIN STEELE. Ajoutons que certaines séquences lentes et majestueuses peuvent charmer les fans de Doom Metal épique, que les imbrications de séquences combinées avec des arrangements à fortes charges dramatiques ne manqueront pas de plaire qui succombèrent il y a bien longtemps au morceau Keeper Of The Seven Keys de HELLOWEEN. Comme tout bon zélateur de MERCUFYL FATE et KING DIAMOND, vous apprécierez les rythmiques tendues, animées par de nombreux changements de rythme et de tempo, l’alternance électrisante de riffs teigneux et de solos à la fois techniques, tranchants et mélodiques (un régal assuré par Socrates LEPTOS et Christoforios GAVRIEL !). Vous aimez les mélodies fédératrices, qu’elles soient vocales ou guitaristiques, vous aimez le Speed ou le Power Metal mélodique et positif à la FREEDOM CALL ? Enfin, si vous n’aimez rien tant que le Metal propulsant des chœurs massifs à la THERION, ne soyez pas timides, approchez-vous. Pour tous et toutes, Thus Always To Tyrants vous réserve au moins une place au coin du brasier.
Ne vous méprenons quant à ces énumérations : le Heavy Metal de ARRAYAN PATH ne se réduit jamais à un patchwork d’emprunts et cet album n’existe pas suite à un empilement d’influences mal digérées. Le recul et l’expérience aidant, le groupe parvient parfaitement à synthétiser ses influences, à les intégrer à son propre projet. Là où certains des groupes cités ci-avant affectionnent les formats imposants (voire interminables), ARRAYAN PATH conserve majoritairement des durées raisonnables, entre quatre et six minutes. Cela n’empêche aucunement que la plupart des compositions multiplient les séquences et les ambiances (énorme travail du batteur Steffan DITRICH et du bassiste Miguel TRAPEZARIS pour gérer de manière millimétré chaque tournant soudain, chaque variation), fourmillent de détails au niveau des arrangements, regorgent de contrastes porteurs entre efficacité et pulsions grandioses.
Impossible de chroniquer cet album sans saluer la prestation incroyable du chanteur Nicholas LEPTOS. Capable d’adopter un phrasé nerveux, percutant et légèrement rauque, il sait surtout évoluer dans un registre clair, médium, ample et puissant, des montées aigües, périlleuses, mais tout à fait impressionnantes de maîtrise de d’expressivité. Sincèrement, on tient là un chanteur de Metal de premier ordre, il serait temps de s’en apercevoir !
Au rayon des compositions, on a déjà décrit leur agencement à base de changements d’ambiances, de rythme et de tempo, sans toutefois qu’une logique strictement progressive soit à l’œuvre. Progressives ou pas, de telles structures peuvent rapidement à la démonstration et, surtout, peuvent perdre l’auditeur. Or, dans le cas présent, ARRAYAN PATH parvient systématiquement à poser des jalons mélodiques et rythmiques, nombreux et forts, qui permettent de se repérer sans souci dans un environnement foisonnant.
Un léger bémol toutefois, concernant les arrangements épiques à tendance orchestrale. Evidemment, le groupe n’a pas eu les moyens d’avoir recours à un orchestre au grand complet. Si les chœurs – énormes et travaillés, au-delà des gueulantes viriles habituelles - se trouvent gérés avec maîtrise, certaines sonorités de claviers sonnent un peu datées, du genre synthé bien sec et maigrelet des années 80. C’est très ponctuel, mais cela dénote dans un son général pêchu, limpide, vivant.
Terminons en évoquant l’univers développé dans les textes de cet album, consacrés à la vie mouvementée du roi Evagoras 1er (environ 411-374 avant notre ère), seigneur de Salamine et de Chypre, qui eut à manœuvrer entre les puissances spartiate, athénienne et, surtout, perse. Soit un matériau historique parfait pour du Heavy Metal épique. Cet environnement conceptuel explique aisément la présence de certains motifs orientaux, toujours du meilleur effet.
Thus Always Of Tyrants s’impose comme l’album le plus ambitieux et le plus diversifié de la discographie de ARRAYAN PATH. Mais il se révèle être un album essentiel pour tout adepte des sous-genres cités en introduction ; sa maturité, la force de ses compositions, la puissance de ses arrangements, le savoir-faire de ses musiciens et de son chanteur l’impose comme un album splendide. Voilà un album total, frôlant parfois le trop-plein, sans jamais perdre de vue les impératifs de puissance et d’efficacité. Il me reste à adresser un dernier message à ARRAYAN PATH : μπράβο et ευχαριστώ !
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