MUD SPENCER - Kliwon
Style : Dark / Gothic / Doom / Stoner
Support :
MP3
- Année : 2023
Provenance du disque : Reçu du groupe
4titre(s) - 46minute(s)
Site(s) Internet :
MUD SPENCER FACEBOOK
MUD SPENCER BANDCAMP
Label(s) :
Argonauta
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  (17/20)
Date de publication : 18/07/2023
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La foire aux esprits psych et stones
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Rodolphe BELLUGUE (aka Sergio GARCIA, Clark KIMBERLEY, Dick DICKINSON) est un musicien français qui réside depuis une douzaine d’années à Java. À ce qu’il paraît, l’environnement n’y est guère propice pour dénicher une bande de potes prêts à monter un groupe de rock. Qu’à cela ne tienne, jouer de la guitare et ne pas être allergique à la technologie permet aujourd’hui de créer un one-man-band. Sur son lit, parce que la chambre est la seule pièce climatisée de la maison, Rodolphe en a créé quatre : un punk, un disco-funk, un synth-space-funk et… MUD SPENCER, le projet de stoner psychédélique qui nous préoccupe aujourd’hui.
Ce projet est la continuité du duo de stoner fondé avec Eddie (batterie) - CHIEFING CLOVES - qui a sorti en 2018 un album instrumental, Left Empty. Le batteur a quitté l’île pour le Texas (adepte d'une chaleur plus sèche ?) laissant Rodolphe avec l’idée d’achever seul, sous le nom de MUD SPENCER bon nombre de morceaux restés à l’état de brouillon. L’expérience a abouti début 2022 à l’album Fuzz Soup composé de 11 titres bruts, débordant de riffs doom et stoner enregistrés debout sur la pédale de fuzz. D’une certaine manière, un titre teinté de psychédélisme tel que The Shelter ou d’extrême-orientalisme tel que Tumulus laisse présager l’évolution à venir. Mi-2022, le EP 5 titres, In Mud We Trust, me fait dresser l’oreille car la musique prendra une dimension spatiale plus importante. Ici, sur deux titres des insertions funk apportent un brin d’originalité comme l’avait fait VOSKOD, par exemple. Je crois qu’In The Mud For Love et Mudvisor, aux ambiances particulièrement soignées, donnent un indice sur la véritable pépite qui est sortie au printemps 2023 : l’album Kliwon.
Voyez-vous la très belle illustration de couverture signée Deden d’Obat Art ? Il y a un masque d’esprit malin, une jolie princesse magique, des feuilles de cannabis, dans un design indonésien subtile et élégant. Eh bien, après écoute de l’album vous savez que cette pochette est idéale. (Voir ici pour le graphiste.)
Kliwon est un jour particulier. C’est le cinquième et dernier jour de la semaine javanaise et lorsqu’une fois tous les 35 jours il se conjugue à un vendredi, la nuit qui précède est open bar pour les esprits animistes bons ou malins de l’île. C’est le temps idéal pour méditer et communiquer avec les forces spirituelles. MUD SPENCER explore avec profondeur ce mythe et sort de sa zone de confort en composant 3 longs titres introspectifs appréhendés comme des œuvres autonomes largement inspirées de la musique extrême-orientale. S’ajoute à ces 3 pépites un morceau sympa mais qui détonne : Dead On The Heavy Funk qui me rappelle de loin, dans l’esprit et en moins aseptisé, le Peter Gunn Theme adapté par ART OF NOISE (référence assez lointaine, j’en conviens).
Tout est là : l’orage, la boue et le grincement des esprits maléfiques dans la bande son au début de Suzzanna, un titre de 9 minutes très cinématique, mélange idéal entre psychédélisme et horreur sur un tempo très lent et un ostinato hypnotique. Il s’agit d’un hommage à l’actrice indonésienne Suzanna Martha Fredericka VAN OSCH surnommée la Reine des films d’horreur indonésiens qui joua notamment dans la version de 1986 de Malam Jumat Kliwon, le fameux vendredi soir kliwon qui donne son nom à l’album.
Pure délice, Ratu Kidul, démarre très doucement par un air que je croirais sorti du folklore japonais joué au koto (sorte de cithare chinoise) – en gros, la pub Obao avec des percussions indoues en plus – et nous réserve une incroyable montée en puissance sur 16 minutes, avec l’entrée progressive d’une batterie et d’une guitare en bourdon qui épaississent méchamment l’atmosphère. J’adore ! Croyez-moi, à ce moment vous comprenez que Rodolphe transcende la réalité du gars qui s’amuse tout seul sur son lit avec une guitare et une tablette. Il nous confronte vraiment à la puissance mystique de Ratu Kidul la Reine-déesse du Sud.
La troisième plage est Dead On The Heavy Funk – j’en ai déjà parlé, donc je vais directement surfer la quatrième et dernière vague : Jasmin Eater. Là encore, plus d’un quart d’heure de space-drone-psyché-baba-cool stonerisé hyper bien fait. Je m’immerge avec délice dans quelques ambiances que je croirais sorties de l’album Find The Others des ukrainiens de SHIVA THE DESTRUCTOR. La dramatique est majestueuse, le riffage doom final est écrasant, entremêlé avec du space rock qui sent fort la weed, c’est le kiff total !
Sincèrement, entre le premier album, l’EP, et cet extraordinaire Kliwon, MUD SPENCER franchi à chaque fois un pas qualitatif. Je constate qu’en s’attaquant à de longs titres, Rodolphe nous révèle un vrai talent à développer des ambiances et à créer de la tension dramatique sans que l’auditeur ne s’ennuie une seconde. Je sens que j’ai affaire à l’antithèse d’une musique mathématiquement ordonnancée, ici tout est fait au feeling et c’est la seule voie pour toucher l’âme. Bravo !
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Extrait de Kliwon :
- Ratu Kidul : Cliquez ici !
- Jasmin Eater : Cliquez ici !
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