Death metal augmenté et en pleine maturité vénéneuse
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En 2019, paraissait Something Wicked Marches In, premier album d’VLTIMAS. Pour rappel, ce projet repose sur les forces convergentes de David VINCENT au chant (ancien de MORBID ANGEL, TERRORIZER, GENITORTURERS), de Rune ERIKSEN, alias Blasphemer à la guitare (MAYHEM, AVA INFERI, AURA NOIR, EARTH ELECTRIC) et Flo MOUNIER à la batterie (CRYPTOPSY) ; dans le cas présent, deux acolytes épaulent le trio fondateur : le bassiste Ype TVS (DODECAHEDRON) et le guitariste João DUARTE (CORPUS CHRISTII, FILII NIGRANTIUM INFERNALIUM). Bref, selon les points de vue, du beau monde ou une belle bande de brutes… ce qui, in fine, revient au même.
Là où on aurait pu craindre un projet à court terme, voilà qu’VLTIMAS remet le couvert avec EPIC, album qui – autant tuer le suspense – assure méchamment. Avec un tel équipage, le contraire eut été étonnant. Il n’empêche, on ne peut que savourer la maîtrise dans l’exécution de tels tueurs.
A tout seigneur, tout honneur, débutons par la prestation vocale du sombre sire David VINCENT. A titre personnel-, je demeure un zélateur infatigable du Altars Of Madness (1989) de MORBID ANGEL, monument de Death Metal, tellement frénétique et blasphématoire qu’il ne peut que séduire les fans de Black Metal. Fort heureusement, du sang a coulé sous les ponts depuis et David VINCENT a gagné en maturité, en technicité. Il expose dans le cas présent des lignes vocales, certes rauques et hostiles, mais superbement modulées, étonnamment riches en modulations et même, risquons le terme, en nuances menaçantes. De fait, le bonhomme parvient à agresser de manière singulièrement articulée, ce qui le différencie des légions de vocalistes extrêmes monocordes.
Passons à la prestation de Rune alias Blasphemer. En dépit d’un passé particulièrement marquant au sein de MAYHEM, notre homme n’a eu de cesse d’étendre son champ d’expression, notamment au sein du combo Doom à tendance gothique AVA INFERI, mais aussi du projet plus ouvert au Hard 70’s EARTH ELECTRIC. Le fait est que, dans le cas présent, l’artificier excelle tout autant dans les rythmiques acérées, millimétrées et tranchantes, typiques du Thash le plus chirurgical, que dans les ambiances plus distordues, malsaines, hantées par des mélodies maladives. Du grand art.
Avide de consolider des compositions, certes concises, mais constamment animées par des variations de tempo, de rythme et d’ambiances, Flo MOUNIER assure solidement un gros volume rythmique, à la fois très puissant, voire métronomique, et riche en variations salvatrices. Terminons la revue des interprètes en saluant le jeu tendu et nerveux du bassiste Ype TVS, bien mis en valeur par le mixage.
En somme, du côté de l’interprétation, l’auditeur peut s’attendre à une prestation globale totalement maîtrisée, à cheval entre l’efficacité rythmique du Thrash, des vocaux à tendance Death et des ambiances malsaines, entre écho et distorsion, tout autant typiques d’un Black Metal maladif et, de fait, bien que de manière plus secondaire, d’un univers Rock 70’s progressif et troublé.
Parfaitement assurée par des professionnels aguerris, la prestation constitue un modèle d’équilibre entre agressivité, ambiances glauques ou glaciales, et arrangements troubles. Le tout dans des formats concis, ce qui renforce considérablement l’impact de cette convergence Black-Thrash-Death, le tout aboutissant à un rendu objectivement efficace, évocateur et maîtrisé, à défaut de pouvoir concurrencer les nombreuses formations de Black Death particulièrement affûtées et vénéneuses. EPIC ne constitue certainement pas l’opus le plus transgressif, ni même agressif, du moment. Il incarne cependant de manière vivace, et magistralement ordonnée, plusieurs traditions de l’extrémisme Metal.
En somme, attendez-vous à une version à bénéficier des talents cumulatifs de chaque genre représenté via les interprètes : faites davantage confiance à l’expressivité magistralement déployée dans le cas de figure, quitte à ce que la prise de risque stylistique se trouve marginalisée.
Vidéo de Miserere : cliquez ici
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