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Metal percutant et tranchant, toujours mélodique : gloire aux vétérans !!!
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FLOTSAM AND JETSAM est la preuve incarnée que l’on peut être en quelque sorte un groupe maudit et délivrer des œuvres fringantes, quarante ans après sa formation. Formé en 1984 dans l’Arizona, le combo fut signé par Metal Blade records sur la foi des deux démos parues en 1985 (cliquez ici), délivrant en guise de premier album un Doomsday For The Deceiver, faisant office de chef d’œuvre de Thrash Metal fonceur et épique, profondément nourri de l’héritage du Heavy Metal européen (JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN) quant à la complémentarité des deux guitares.
Pour son malheur, FLOTSAM AND JETSAM arriva un peu trop tard sur la scène du Thrash Metal et vit METALLICA débaucher son bassiste et parolier Jason NEWSTED pour remplacer le défunt Cliff BURTON. J’en profite pour vilipender METALLICA de n’avoir jamais exploiter les talents de compositeur et de parolier de NEWSTED, ce dernier servant au fil des ans de victime expiatoire aux deux membres fondateurs : seul Kirk HAMMETT semble avoir une personnalité suffisamment peu exigeante ou malléable pour supporter l’égo surdimensionné du boulanger (il délivre tellement de pains…) Lars ULRICH et les errances du borderline James HETFIELD (aujourd’hui réincarné en parrain Metal).
Sans désemparer aucunement, les membres restants livrèrent en 1988 un second album absolument magnifique, No Place For Disgrace, fidèle à l’effervescence et au tranchant du Thrash, sans rien renier de l’apport épique et mélodique du Heavy Metal classique. Bien que cyniquement signé par la major Elektra aux Etats-Unis (auberge de… METALLICA, ou comment contrôler la concurrence), le groupe ne perça pas et entama un long et parfois pénible cheminement discographique et artistique au fil de décennies peu favorables à ce Metal certes pur, quoique parfois taraudé par quelques expérimentations.
Mine de rien, avant d’en arriver à I Am The Weapon, la discographie affiche pas moins de quatorze albums studio (quinze si l’on comptabilise le réenregistrement de No Place For Disgrace, datant de 2014). Impressionnant, surtout en l’absence du moindre succès public probant : c’est dire l’abnégation des membres du groupe, survivants du premier album, à savoir le chanteur Eric AK KNUDSEN et le guitariste Michael GILBERT.
Bien, l’hommage à la longévité et à la persévérance est une chose acquise concernant FLOTSAM AND JETSAM. Pour autant, cela ne vaut pas quitus automatique pour ce nouvel album. Hormis le clin d’œil visuel vis-à-vis de Doomsday For The Deceiver (le retour, autrement plus réussi, du dragon triomphant), I Am The Weapon réussit à concaténer la puissance frénétique du Thrash originel, l’impact rythmique du Power Metal, les mélodies de guitare typique du Heavy Metal, sans oublier un souci d’efficacité maximal, si cher au Metal moderne.
Sans prétendre aucunement diminuer la qualité du jeu de basse – nerveux et alerte – de Bill BODILY, il faut reconnaître l’abattage énorme effectué par le batteur Ken MARY. Originellement révélé au sein de FIFTH ANGEL (cliquez ici), ce batteur a manié les baguettes aux profits de formations aussi variées que LEATHER, KNIGHT FURY, CHASTAIN, ACCEPT, IMPELLITTERI, BAD MOON RISING, ALICE COOPER, HOUSE OF LORDS… Loin de rechercher la tranquillité, notre bonhomme impose son jeu de batterie comme l’épine dorsale de l’album : c’est ultra-puissant, totalement carré, néanmoins jamais exempt de subtilités. Une grande leçon de la part d’un vétéran qui n’a pourtant plus rien à prouver !
Sur cette trame, aussi redoutablement impactante dans les tempos rapides que médium, les guitares du vétéran Michael GILBERT et de Steve CONLEY (présent depuis 2014) peuvent s’offrir un véritable festival, que ce soit en rythmique ou en solo. Certes, l’approche s’avère toujours tranchante et rêche en rythmique, le rendu vibrant et organique, autant de gages donnés aux fans de Thrash et de Power Metal. Cependant, les deux complices n’hésitent pas à injecter une dimension mélodique ultra-addictive dans leurs harmonies, dans les parties en son clair, mais plus encore dans les solos. Concis et ultra-efficaces, ceux-ci n’en demeurent pas moins techniquement maîtrisés et systématiquement porteurs d’une logique mélodique implacable, totalement en ligne avec les préceptes des guitares du Heavy Metal de la charnière des années 70 et 80.
Ce n’est pas l’effet d’une cruauté ou d’in mépris de ma part d’avoir omis de mentionner la prestation du chanteur Eric AK KNUTSON. Le miracle de sa prestation consiste en une combinaison complexe dans sa composition, mais tout à fait limpide et efficace dans son rendu global. N’ayant jamais prétendu être un acrobate vocal, le chanteur se mobilise avant tout sur son phrasé nerveux et nasal, combiné à de nombreux arrangements pertinents (chœurs, harmonies, filtres…), lequel se montre systématiquement capable de moduler des lignes vocales expressives, majoritairement virulentes, néanmoins capables de nuances hautement appréciables.
Plusieurs dimensions concourent à fiabiliser hautement I Am The Weapon. Hormis son visuel impactant, son interprétation au taquet, il reste à saluer la qualité de la production (prises de son vivaces et abrasives) et l’extrême pertinence d’un mixage qui combine une compacité rythmique avec un sens des détails, lequel permet aux mélodies d’irradier efficacement l’ensemble de l’album.
Faîtes confiance aux vétérans de FLOTSAM AND JETSAM pour vous vivifier, pour vous exciter, pour vous émouvoir, même après quatre décennies d’exercice.
Vidéo de A New Kind Of Hero cliquez ici et de Primal cliquez ici
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