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Coup de tatane dans les burnes de saint sylvestre
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C’est un fait, je souffre d’une bipolarisation du cerveau de l’oreille : aimanté d’un côté par le heavy sombre et de l’autre par le speed rageux. Bien sûr, en 2024 j’ai lâché quelques chroniques à propos d’ANTAGONISM (Lire ici.), de DEAD TREE SEEDS (Lire ici.), ou du chicano mosh de LOCOMUERTE (Lire ici.) mais je confesse avoir surtout défendu le bout de gras du stoner, du doom et du heavy psych. C’est la raison pour laquelle j’ai ressenti le besoin de clôturer l’année par un album français capable de faire contrepoids. Age Of Revelation, ce petit joyau ciselé, taillé et serti par DEADLYSINS est arrivé à point nommé pour remplir cette mission : souligner en ce trente-et-un décembre que le thrash français compte !
Qui attendait, après dix assourdissantes années de silence, un tel retour du quintet lyonnais ? La question ne se posant bien entendu que jusqu’au 31 mai, date de publication du premier single, Qhapaq Hucha (le rituel sacrificiel incas), qui préfigurait l’album de puissante manière et nous donnait un avant-goût de la haute qualité du son.
DEADLYSINS a tout compris au thrash et les morceaux défilent, tous plus étanches les uns que les autres. Je veux dire par là qu’il n’y a aucune fuite d’énergie car celle-ci est sans cesse magnifiée, relancée, canalisée. Cela part des mains droites (ou gauche, pour le Laurent gaucher) qui sont rapides et précises dans leur riffage soutenu. Cela se poursuit par le bétonnage de la basse et l’agilité de la batterie qui ne passe en double grosse caisse que lorsque c’est utile. L’ensemble est lié par un chanteur au flow bref et hargneux qui s’insère avec facilité dans le flux rythmique et pose ses attaques nerveuses avec beaucoup d’à-propos. Concernant le chant de Mathieu, j’ai eu le plaisir de retrouver cette tension, cette urgence à la limite de la folie que j’aime tant chez Tony PORTARO (WHIPLASH).
Age Of Revelation est une succession de dix titres condensés et féroces, sans ventre mou. Six morceaux font moins de 4 minutes et, parmi ceux restant, le plus long ne culmine qu’à 5’20 - ce qui reste largement suffisant pour te griller les poils des oreilles. Stylistiquement, l’influence majeure se situe incontestablement dans le répertoire de la Bay Area des années 80. Pour autant, le groupe nous livre un album dont le mixage confié à Thibault BERNARD de Convulsound Productions sonne moins sec et bien plus contemporain que ses illustres aînés. La pochette elle-même, dessinée par Marcelo de Drawn Or Die, est également très conforme au genre avec son style BD irrévérencieuse. Tout l’album oscille entre furie et frénésie, à l’exception de courts ralentissements bien sentis ici ou là, et du mid-tempo final Farewell (et encore, pas jusqu’à sa conclusion). Ce troisième album long de DEADLYSINS est pétri de sincérité et de fraîcheur. Au-delà de son effet dépilatoire, Age Of Revelation joué à fort volume débarrasse votre appartement des acariens, des coronavirus et des lentes d’ecclésiastiques. Je le vois comme un talentueux hommage au thrash metal traditionnel et tout ce que je nous souhaite est de ne pas devoir attendre dix ans jusqu’au prochain.
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DEADLYSINS est composé de : - Laurent B., guitare ; - Laurent K., guitare ; - Mathieu, chant ; - Lambert DEWARUMEZ, basse ; - Jek VENOM, batterie.
À noter que sur l’album, la batterie est assurée par Xavier CHAUTARD.
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Discographie : - 2008 : Old School - (EP 5 titres) ; - 2012 : Dementia - (LP) ; - 2014 : Anticlockwise - (LP) ; - 2024 : Age Of Revelation - (LP).
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Extraits de Age Of Revelation : - Qhapaq Hucha : Cliquez ici ! - Circle Pit Comedy Club : Cliquez ici !
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