Ancrage tricolore
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Si vous souhaitez appréhender le parcours du groupe californien WINGS OF STEEL, considérez sa formation en 2919, la livraison d’un EP éponyme, riche de cinq titres (2022). Toujours en autoproduction, Gates Of Twilight (cliquez ici délivre pas moins de dix compositions, pour une durée excédant les 50’. Concernant un groupe aussi récent, évoluant dans un registre rappelant ostensiblement notamment un moment des années 80 – entre 1983 et 1988, très approximativement -, on peut légitimement s’étonner sur la sortie d’un album live, après juste un EP et un album. Alors, WINGS OF STEEL, vivifiant avatar d’un Heavy Metal inspiré du milieu des années 80. Ostensible tentative de racler les fonds de porte-monnaie des fans originels et de réenrôler des vétérans, désespérant de réentendre les sonorités de leur jeunesse ? Cet album live démontre la volonté de tourner, de s'implanter qau-delà du périmètre initial.
Mais quelles sonorités, quel plan de jeu global ? Pas de réponse simple, pour un rendu qui se veut globalement limpide, percutant, incisif et ultra-mélodique. Chronologiquement parlant, on évoque forcément les riffs acérés et les guitares complémentaires de JUDAS PRIEST et de SAXON, bientôt rejoints à l’orée des années 80 par un jeune et fougueux groupe de l’East London, IRON MAIDEN. Dans la foulée, des dizaines de formations optèrent pour des déclinaisons sincères du Heavy Metal. Alors même qu’il était de dépassé en popularité par le Hard mélodique, qu’il s’agisse du renouveau d’AEROSMITH, de la percée américaine des Britanniques de WHITESNAKE ou de DEF LEPPARD, de l’irruption MÖTLEY CRÜE, RATT et WASP pour les plus farouches, BON JOVI et POISON pour les plus accessibles. Par ailleurs, le Heavy Metal mutait à vitesse maximale, via une accélération (le Speed Metal), très vite dépassée via des mutations rythmiques (Thrash Metal) et/ou stylistiques (les Crossover avec le Punk Hardcore, mais aussi les pulsations du Funk).
Au milieu de ce contexte passablement dépréciateur pour le Heavy Metal, il y eut des groupes qui tentèrent de proposer des formules plus intenses des modèles originaux. Pour le coup, les groupes américains abondèrent, au premier rang desquels VIRGIN STEELE, ARMORED SAINT (hélas trop vite dompté par des productions inadéquates), LIZZY BORDEN, LEATHERWOLF, HEIR APPARENT, WARLORD, CHASTAIN, OLIVER MAGNUM, SANCTUARY entre autres ; citons également pour le versant Speed Power Metal SAVAGE GRACE, OMEN, GRIFFIN, BROCAL HELM et consorts. Voilà à mon sens le bassin d’alimentation de WINGS OF STEEL, conscient ou non.
En ajoutant une touche virtuose quant aux parties de guitare solo, force est de constater que WINGS OF STEEL récupère l’héritage Heavy Metal dans toutes ses dimensions, tant rythmiques que mélodiques, tan axées sur l’efficacité que sur la mélodicité et la technicité. Comme le firent ANGtRA ou VANDEN PLAS en leur temps, le groupe californien profite d’un momentum favorable pour travailler son ancrage français, via un album live, absolument impeccable sur le plan instrumental que vocal : retouches ou pas, impossible de trancher.
Calée sur une assise rythmique à la fois musculeuse et évolutive, la guitare solo s’impose avec autorité et tranchant, avec un rendu presque clinique ; s’agit-il d’une prise directe sur la table de mixage, retravaillée en studio ? Question qu’on se pose concernant un album souvent impeccable. Le fait est que WINGS OF STEEL se présente comme un champion d’un certain Heavy Metal, à la fois nerveux, mélodique et parfois épique, avec un véritable sens de l’accroche rythmique et mélodique. On est bien d’accord pour souligner que tout est ici ultra-référencé, très millimétré, mais in fine très efficace et pertinent pour le Heavy Metal de ce second quart de siècle.
A la faveur de la captation live chirurgicale,on se doit de citer une section rythmique tranchante, quoiq’un peu sèche. Quoique parfois singulièrement mises en forme, les interventions vivaces du public ponctuent un ensemble par ailleurs très millimétré.
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